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Metz 1 600 caméras de vidéosurveillance avec recours à l’intelligence artificielle : le marché public lancé

Posted On 28 Juil 2022
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François Grosdidier avait promis, lors de la campagne, l’installation de 1 000 caméras. L’appel à marchés publics a été lancé. La Ville de Metz cherche une entreprise pour un contrat d’installation de 1 600 caméras de vidéoprotection, incluant une possibilité de « recours à l’intelligence artificielle ».
Par Textes : Lisa LAGRANGE Hier à 20:00 – Temps de lecture : 3 min


 
Au centre de supervision urbaine de Metz, ici en février 2020, huit opérateurs assermentés assurent une veille 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.  Photo d’archives RL /Maury GOLINI

François Grosdidier en avait fait un de ses principaux arguments de campagne : installer 1 000 caméras de vidéosurveillance à Metz. Soit un bon de commande de 852 outils, puisque la ville comptait, en février 2020, 148 caméras.

Il l’avait aussi clairement indiqué, dans nos colonnes : « Dans une ville neuf fois plus peuplée que Woippy, quatre fois plus étendue que Nancy, le millier de caméras, c’est le minimum minimorum pour pouvoir piloter les équipages et être efficace.  »

La Ville vient de lancer un marché public pour l’ « extension du système de vidéoprotection ». Les entreprises ont jusqu’au 9 août pour se faire connaître afin d’installer, non pas 1 000 mais 1 600 caméras à terme, incluant une possibilité de « recours à l’intelligence artificielle dans le fonctionnement du système et dans ses évolutions ».

Pour François Grosdidier et ses équipes -dont Hervé Niel, adjoint à la sécurité et ancien directeur départemental de la sécurité publique (DDSP) de la Moselle- l’explication est immuable : la multiplication du nombre de caméras et la création d’un maillage complet du territoire doit permettre de guider, à distance, les agents de police lors des interventions. Et ainsi éviter les poursuites et rodéos urbains ou localiser des individus en fuite. Il n’est pas « question de flicage, mais de renforcer la sécurité et la lutte contre les incivilités du quotidien ».

Aujourd’hui, huit opérateurs assermentés (pour être habilités à la vidéo verbalisation notamment) assurent une veille devant les écrans 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, depuis les locaux de la police municipale de Chambières.

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Un centre de supervision urbain métropolitain

Ces 1 600 caméras seront installées exclusivement à Metz. Un prochain appel à projet sera lancé pour la création d’un centre de supervision urbain mutualisé à l’échelle de la métropole, voté il y a un an. « Installer des caméras ne suffit pas, il faut des agents pour analyser les images. Les petites communes n’en ont pas les moyens. Nous allons leur proposer d’envoyer leurs images vers ce centre mutualisé », avait proposé en séance, François Grosdidier, président de la métropole.

Une vingtaine de communes de la métropole dispose d’un système autonome. Les élus du Rassemblement national ont approuvé le projet qui « augmente la sécurité dans les petites communes », mais qui ne doit « pas justifier la diminution du nombre d’agents sur le terrain ».Pour rappel, le prix moyen d’une caméra revient à 10 000 € pour la collectivité puisqu’à la technique, il faut ajouter les travaux d’urbanisme et de raccordement à la fibre optique.

Des opérateurs assermentés contrôlent les images des caméras de surveillance, au centre de supervision urbaine de Metz.   Photo d’archives RL /Maury GOLINI

Metz, ville la plus surveillée de France ?

Ce palmarès avait été mis en avant par Le Canard Enchaîné , lors de la campagne municipale , après l’annonce par François Grosdidier de son projet à 1 000 caméras. Selon l’hebdomadaire, Metz deviendra la ville la plus surveillée de France (en nombre de caméras par habitant).

Aujourd’hui, Nice est la ville qui compte le plus de caméras avec 3 300 objectifs. Soit une pour 103 habitants. Si Metz passe à 1600, elle compte une caméra pour 75 âmes. Juste devant Woippy avec une caméra pour 90 habitants.

Lors d’un conseil métropolitain, l’opposition de gauche, par la voix de Danièle Bori s’était élevée contre ce chiffre. En décembre 2021, une étude menée par un universitaire, commandée par la gendarmerie, mettait en doute l’efficacité des caméras pour la résolution des enquêtes. « Quelle est la stratégie, sinon l’installation de vidéosurveillance qui profitera au secteur économique de la sécurité ? », estimait-elle. L’antenne messine de la Ligue des droits de l’Homme se dit également vigilante.

Cédric Gouth, maire de Woippy, estime, lui, qu’« au départ, personne ne voulait de caméras à Woippy. Entre 2005 et 2019, le nombre d’actes de délinquance est passé de 1 200 à moins de 400 ».

Sur les réseaux sociaux, Denis Marchetti (Unis pour Metz) s’étonne aujourd’hui de cet appel à marché public. « Quand y a-t-il eu un débat public pour passer à 1 600 caméras ? Et surtout quand y a-t-il eu un débat public pour recourir à l’intelligence artificielle en la matière ? »

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