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Marseille : sortir Kalliste des griffes des réseaux

Les bâtiments H et B, voués à la démolition depuis 2009, sont devenus des zones de trafics en tout genre. Photo M.G.Les bâtiments H et B, voués à la démolition depuis 2009, sont devenus des zones de trafics en tout genre. Photo M.G.L’utilisation de l’article, la reproduction, la diffusion est interdite – LMRS – (c) Copyright Journal La Marseillaise

Parmi les copropriétés les plus dégradées à Marseille, le parc Kalliste est aux prises avec les marchands de sommeil, la drogue et la prostitution. Depuis 2009, la société d’économie mixte de la Ville, Marseille-Habitat, a laissé la sauvegarde de la cité en plan.

Dans cette copropriété du 15e, aux confins de Marseille, juchée sur les pans de la colline qui surplombe l’hôpital Nord, les habitants souffrent en silence. « L’habitude d’être ignorés des pouvoirs publics et l’omerta », ose résumer une associative qui tient à garder l’anonymat. Des routes défoncées, un éclairage défaillant, des parkings parsemés de véhicules cramés, des espaces « verts  » terreux et jonchés de détritus, des conteneurs poubelles fondus, des façades d’immeubles décrépies aux coursives extérieures prêtes à faire la bascule, des caves aux entrées noircies par les traces d’incendies, des couloirs inondés, des fenêtres cassées, d’autres murées…

Plus haut, devant le centre Léo-Lagrange une voiture est plantée sur un muret, le châssis à cheval et deux roues dans le vide. « Elle n’était pas là hier… c’est pour nous ça, jauge un agent de la police municipale, si on intervient, ils balancent la bagnole et ça bloque la route ». C’est que la tension monte depuis plus d’un mois dans la copropriété.

Point névralgique de la copropriété : le bâtiment H. Cette barre de 11 étages insalubres est prévue, comme la B, à la démolition depuis 2009 où Marseille Habitat est chargé du plan de sauvegarde. Mais des cinq blocs, seul le H40 est totalement vidé. Et tout est tombé de Charybde en Sylla. Cinq propriétaires sont encore dans leur logement. La SEM propose leur rachat à 15 000 euros, une fois les 10 000 d’arriérés de charges du syndic déduites.

« Une escroquerie » pour ces récalcitrants à qui la SEM a fait « des propositions de relogement inacceptables, dans des taudis ou des T2 pour 5 ». Pour autant, la situation est insupportable. Et elle s’est encore dégradée depuis qu’un réseau de marchands de sommeil s’est emparé du vide. « Ils racolent les Nigérians à Saint-Charles. Une centaine peut-être. Ils leur louent les apparts vides », expliquent les jeunes dealers des blocs H, qui sentent la tranquillité de leur business vaciller.

Des percées dans les cloisons

 


Mardi, après une réunion de crise en préfecture, la Ville de Marseille a finalement réagit à la situation catastrophique de la copropriété Kalliste. « Le maire a décidé de prendre un arrêté Borloo imminent en fait un arrêté d’insécurité lié au parties communes d’immeubles collectifs » indique Arlette Fructus, adjointe au maire en charge du logement, de la politique de la Ville et de la Rénovation Urbaine. Après une réunion lundi avec le préfet, le maire de secteur, les services de l’habitat et de la sécurité de la Ville, décision a été prise de déclencher cette procédure d’urgence auprès du tribunal administratif qui a nommé un expert.


 

Les squats, payants ou non, sont raccordés sur les branchements des colonnes. Mais Enedis coupe l’alimentation quand tout est vidé pour éviter les incendies quand les gaines électriques dénudées et en surcharge s’enflamment. C’est ce qui s’est passé à Noël et le 12 janvier dernier, privant les habitants officiels de chauffage et d’eau durant 20 jours. Du coup, les loueurs de squat ont fait des percées dans les cloisons en étage et passent les fils d’un bloc à l’autre. « On passe du H40 au H41 et du H41 au H42 par les murs ».Suite à deux coups de surchauffe ce week-end, des altercations violentes, la sénatrice et maire honoraire du 8e secteur est montée au créneau, interpellant le ministre de l’Intérieur. Samia Ghali fustige les projets en cours depuis 20 ans qui se fracassent contre la réalité elle fait état « de réseaux organisés de drogue, marchands de sommeil et prostitution », l’invitant à venir sur place juger d’une situation qui exige en effet d’accélérer les travaux, mais aussi « que l’État devienne propriétaire ».

L’incurie de Marseille Habitat, qui table sur le découragement des derniers résidents, le justifierait.

Myriam Guillaume

Source:: Marseille : sortir Kalliste des griffes des réseaux

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