Suivez nous sur nos autres médias :
SNPM Syndicat National des policiers Municipaux

Bessières : le procès des pilleurs de coffres

Posted On 01 Oct 2018
By :
Comment: Off

Le commando des égoutiers de Bessières, près de Toulouse, est jugé ce lundi à Bordeaux, quatre ans après l’attaque spectaculaire du Crédit Agricole où les malfrats avaient raflé 2,5 M d’€ en creusant un tunnel.

 

Onze personnes de 28 à 63 ans sont jugées, ce lundi 1er octobre durant deux semaines, devant le tribunal correctionnel de Bordeaux, pour leur participation ou leurs liens avec l’attaque spectaculaire de l’agence bancaire du Crédit agricole de Bessières, au nord de Toulouse, entre le 15 et le 18 mars 2014. Le commando notamment poursuivi pour «association de malfaiteurs» et «vol en réunion», était passé par les égouts de la ville en creusant un tunnel de 30 mètres de long pour parvenir à la salle des coffres de la banque. Cent dix coffres ont été fracturés et le contenu raflé pour un préjudice total estimé à 2,5 M d’euros. Un butin essentiellement constitué de bijoux, d’espèces et de documents personnels et administratifs.

Au cœur de ce commando des égoutiers de Bessières inspiré du légendaire «casse du siècle» opéré par Spaggiari, à Nice, en 1976, on retrouve un noyau dur constitué de trois hommes : Pascal Teso, 48 ans, considéré comme le «cerveau» de cette expédition, Wlodizimiers Janczyszyn, dit «Vlad» le Polonais, 37 ans et un ex-légionnaire croate, Zoran Panic, 58 ans. Autour de ce trio, figurent également des «seconds couteaux» qui ont fait le guet à l’extérieur du tunnel ou donné un coup de main technique. D’autres prévenus en lien avec cette équipe seront également jugés pour des projets bien avancés comme l’attaque d’une banque à Reims, d’un dépôt de la Brinks à Toulouse et d’un projet de vols d’arme dans une caserne de gendarmerie, à Toulouse.

Une partie de l’équipe est également poursuivie pour la destruction par explosif de deux centraux téléphoniques, à Bessières et Villemur-sur-Tarn, quelques heures avant l’attaque de la salle des coffres. Ces neutralisations avaient bloqué les systèmes d’alarme des commerces et de la banque, privant de téléphone et d’internet 15 000 habitants du secteur. Elles étaient destinées à faire croire à une attaque d’un groupuscule viticole, pour brouiller les pistes. Tous les prévenus nient leur participation à ces destructions. Au moins quatre d’entre eux encourent jusqu’à 10 ans de prison (20 ans si la récidive est retenue). Cette affaire hors du commun avait été instruite par les magistrats de la juridiction interrégionale spécialisée de Bordeaux (Jirs), d’où la tenue de ce procès dans cette même ville. Mais une incertitude plane sur la tenue des audiences. Une majorité d’avocats de la défense, dont Mes Edouard Martial, Pierre Le Bonjour et Apollinaire Legros-Gimbert, déjà engagés sur des audiences criminelles, devraient solliciter un renvoi. Décision ce matin.


2,5 M d’euros sur la «route du paradis»

Une plaque de rue apposée à une cloison du tunnel menant à la salle des coffres de la banque : «Route du Paradis». Comme un clin d’œil ironique à l’équipe de Spaggiari qui avait réalisé le «casse du siècle», à Nice en 1976, en creusant un tunnel pour accéder aux coffres de la Société générale, les égoutiers de Bessières, au nord de Toulouse, ne manquent pas d’humour. Le 18 mars 2014, les responsables de l’agence du Crédit Agricole de Bessières et les gendarmes découvrent, stupéfaits, cette plaque, référence au film «Les égouts du paradis», inspiré de l’affaire Spaggiari, mais surtout un ouvrage souterrain de 30 mètres de long (0,60 m de large et 0,80 m de haut) menant tout droit aux coffres-forts. Un casse hors norme. Sans violence, ni goutte de sang. Une affaire de véritables professionnelles, étudiée, pensée et méticuleusement préparée dans ses moindres détails. Butin estimé : 2,5 m d’euros en pillant 110 coffres-forts, dont 52 étaient loués par des particuliers. Un ouvrage parfaitement étayé avec des madriers, système d’aération, évacuation des gravats et renforcement des cloisons. De la belle ouvrage comme on dit dans le métier !

Un membre du commando avait loué un coffre

Un tunnel creusé sur le réseau sous-terrain des eaux pluviales. Le commando s’est infiltré par les égouts de la ville dont une bouche est située à près de 300 mètres de la banque, sur le site d’une ancienne gare. C’est précisément ici que Pascal Teso, l’un des onze prévenus et considéré comme le «cerveau» du casse, a passé toute son enfance. Les égouts, comme les rues de la ville de Bessières, n’ont plus de secret pour ce grutier, fan de Spaggiari, qui a reconnu très vite son implication dans la réalisation de l’ouvrage. «Spontanément, il a reconnu sa participation aux faits. Il a reconnu avoir eu l’idée de creuser le tunnel mais ne l’a pas fait seul», précise son avocat toulousain, Me Piere Le Bonjour.

Selon l’enquête des gendarmes de la section de recherches de Toulouse, le commando aurait creusé durant deux mois, la nuit, avec, deux équipes qui se relaient. Sur place, les enquêteurs et les groupes spécialisés dont quatre spéléologues de la gendarmerie découvrent une partie du matériel technique abandonné sur place et des bouteilles d’oxygène préalablement volées. Depuis le tunnel, la salle des coffres est percée à l’aide d’un perforateur également retrouvé sur les lieux. Une fois le butin en poche, il est réparti à part à peu près égales. Teso aurait empoché 100 000 € quelques jours après le casse. Une somme à laquelle il fait ajouter 50 000 € retrouvés dans son propre coffre-fort au moment de l’attaque. Il dépose d’ailleurs plainte à la gendarmerie pour le vol de ces 50 000 ! Le profil de ce spécialiste du bâtiment intrigue déjà les enquêteurs. Ils seront confortés dans leurs intuitions par les suites de l’enquête. Les résultats sur l’exploitation de la téléphonie ont permis de situer une partie de l’équipe non loin de la banque, le week-end du 15 au 18 mars 2014.

A propos de l'Auteur