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Règlements de compte dans le quartier de la Reynerie à Toulouse : quatre mises en examen

Trois suspects lyonnais devraient aussi être déférés à Toulouse. Une dizaine d’assassinats, sur fond de trafic de stupéfiants, ont eu lieu depuis 2011 dans ce quartier.

LE MONDE | 11.02.2018 à 04h12 • Mis à jour le 11.02.2018 à 12h50 | Par Philippe Gagnebet (Toulouse, correspondance)

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Quatre Toulousains ont été mis en examen et placés en détention provisoire, samedi 10 février, pour « assassinat en bande organisée » et « meurtre avec préméditation ». Trois suspects lyonnais, interpellés mardi, devraient être déférés à Toulouse, également en vue d’une mise en examen. Le procureur de la République de Toulouse veut rester prudent sur ce « dossier très sensible » : une série d’une dizaine d’assassinats, sur fond de trafic de stupéfiants, qui empoisonnent depuis quelques années la vie du quartier populaire de La Reynerie.

La série a débuté en 2011, avec la mort de Samir Chorfi, 23 ans, criblé de neuf balles de Glock. « Simple différend de mariage », avaient défendu ses proches à l’époque. Dette de 10 000 euros sur fond de trafic de drogue, avaient rétorqué les enquêteurs.

Les assassinats, éventuellement liés à des trafics de drogue qui ont pignon sur rue – on parle de 500 000 euros mensuels de chiffre d’affaires dans certains « tripodes », ces barres de logement emblématiques du quartier –, ont connu un coup d’accélérateur en 2015. Le 31 août, Sofiane Boudra, 20 ans, est poignardé par deux hommes, qui s’enfuient. Abdelhakim Derqaoui, 32 ans, est quant à lui abattu de neuf balles de 9 mm, le 1er mars 2016. Le 23 avril 2017, Amine Bouanina se trouve dans un restaurant de kebabs, toujours à La Reynerie, quand il reçoit cinq balles dans le thorax. Il est âgé de 23 ans et la police s’oriente alors vers la thèse d’une erreur de cible.

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Tueur au « niqab »

L’une des dernières exécutions en date, la plus « originale », est celle de Djamel Tahri, 27 ans. Le 3 juillet 2017 en début de soirée, et en plein cœur du quartier de La Reynerie, il s’effondre sous les balles d’une kalachnikov extraite d’une poussette, brandie par un homme vêtu d’un niqab. Celui-ci s’enfuit avec son faux mari habillé en djellaba sur un scooter. Trente balles ont été tirées, faisant six blessés parmi les passants, dont l’un est encore paralysé aujourd’hui. Djamel Tahri, officiellement serveur dans une pizzeria, est le cadet d’une fratrie accusée d’avoir la mainmise sur tout le trafic de son bâtiment.

Le 6 août à minuit, et à quelques rues de là, Redouane Bouzegou, 29 ans, est abattu par quatre individus encagoulés munis eux aussi d’une kalachnikov. Son frère cadet, Yassir, 27 ans, et un autre homme sont blessés. Yassir Bouzegou a été déjà condamné à de la prison ferme pour divers vols aggravés et il est soupçonné d’être mêlé à plusieurs autres tueries récentes.

Parmi les suspects mis en examen, figure W., 25 ans. Il avait été acquitté le 2 février 2015 par la cour d’assises de Toulouse pour une tentative d’assassinat en 2012, dans le quartier voisin de Bagatelle. Son frère fait partie des victimes de cette série de règlements de compte, et il connaît très bien la famille Tarhi, des voisins et rivaux sur le marché des stups. Les enquêteurs le soupçonnent d’être le tueur au « niqab ».

« On nous explique que son frère aurait été abattu par Djamel Tahri pour une histoire de cœur et de jalousie, et que par la suite se serait enclenchée une espèce de logique de vengeances folles, commentait dans la soirée de vendredi son avocat, Pierre Le Bonjour. Cela semble ridicule, il n’y a aucun mobile. Surtout, la police n’a trouvé ni armes, ni stupéfiants, ni argent lors des perquisitions. »

Les effectifs de police vont augmenter

L’instruction sera longue pour démêler les rivalités entre ces familles, et leurs motifs réels. Après la mort de Djamel Tahri et de Redouane Bouzegou, le trafic a repris de plus belle dans le quartier.

Ces arrestations interviennent alors que le gouvernement a annoncé jeudi 8 février l’éligibilité du Grand Mirail (plus de 30 000 habitants, dans lequel se trouve La Reynerie) à la future présence de la police de sécurité du quotidien (PSQ). Un renfort de choix pour les effectifs actuels et pour la police municipale, dont les effectifs vont doubler d’ici à 2020 – de 150 à 300 policiers municipaux, dont certains motorisés. Celle-ci a pris en charge la gestion de la fourrière et a récupéré le visionnage des caméras de vidéosurveillance.

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Pour le maire (Les Républicains) de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, « dès septembre, mairie et préfecture vont pouvoir travailler avec plus de cohérence. Au Mirail, les choses évoluent très mal depuis trois ans, nous sommes dans une situation d’urgence ».

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