Elle témoigne anonymement. Mais sa voix est celle d’un grand nombre d’habitants du Plateau de Haye. « On a atteint un pic d’insécurité. Je connais des personnes qui habitent ici depuis près de 40 ans. Toutes assurent que la situation ne s’était jamais autant détériorée ». La faute « aux deals devant les portes des immeubles », déclare Frédéric Richard, le directeur de l’Office métropolitain de l’habitat. L’adjoint à la sécurité de la ville de Nancy, Gilbert Thiel, le confirme. « Sans faire dans la surenchère, la situation est complexe. Le Haut-Dul (surnom du Haut-du-Lièvre rebaptisé désormais Plateau-de-Haye), c’est le supermarché des produits stupéfiants et il y a des occupations agressives dans les entrées des immeubles ».

Malgré les investissements engagés par la ville, la métropole et l’État pour ouvrir et décloisonner le quartier, la question de la sécurité reste « préoccupante » selon l’ensemble des acteurs de terrain. Lors de ses vœux, Laurent Hénart, le maire de Nancy, a assuré le tout nouveau préfet de Meurthe-et-Moselle, Eric Freysselinard, du soutien de ses services et notamment ceux de la police municipale pour juguler cette violence quotidienne qui détériore considérablement la tranquillité et le cadre de vie des habitants du quartier. Pas une semaine ne se passe en effet, sans des caillassages, des voitures en feu, des agressions. Dans notre édition du 25 janvier, un syndicat de police évoquait « une situation extrêmement tendue sur le quartier » notamment lors de récentes interpellations.

« Il faut éviter une fracture avec le reste de la ville »

Pour Gilbert Thiel, « il faut reconquérir le terrain pour éviter que naisse une fracture avec le reste de la ville ». Dans son esprit, la police municipale a évidemment son rôle à jouer. « Sa mission ne se limite pas au centre et aux festivités », dit-il. Depuis les attentats de 2015, il avait pourtant été demandé aux policiers municipaux d’éviter le Plateau-de-Haye pour ne pas provoquer de tensions. La police municipale y était malgré tout présente, ne serait-ce que pour sécuriser les commerces à certaines heures de la journée. Gilbert Thiel annonce qu’elle va se renforcer. « Une présence quotidienne, visible et armée ». Mais elle n’aura une réelle efficacité que si l’ensemble des acteurs s’impliquent. Gilbert Thiel pense aux services de l’État. Arrivé en septembre, le nouveau procureur de la République, François Pérain, a remis en place le Groupe local de traitement de la délinquance. Ce GLTD est un outil précieux de partage d’informations entre les acteurs : de la police nationale aux bailleurs, en passant par l’Éducation nationale, la ville, les associations.

Une présence policière accrue est aussi le souhait de la ville qui candidate à l’obtention d’une police de sécurité du quotidien pour le quartier.

Alexandre POPLAVSKY