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Quads, feux de poubelles… des habitants de quartiers dans l’Eure n’en peuvent plus

Des quads passent régulièrement dans un quartier de Louviers (Eure). Des poubelles sont souvent incendiées. Les habitants en ont marre et tirent la sonnette d’alarme.

Publié le 3 Juil 17 à 10:45 / Modifié le 3 Juil 17 à 10:17 Voir les commentaires
La Londe la nuit, à Louviers (Eure) une cité pas si tranquille… (©Patrick Auffret/La Dépêche de Louviers)

Les habitants de Maison Rouge, à Louviers dans l’Eure n’en peuvent plus de ces conducteurs qui font des roues arrières sur leur motocross. Non seulement ils mettent en danger la sécurité des habitants, mais le bruit qu’ils font est insoutenable pour leurs voisins. Ces conducteurs qui circulent régulièrement sans casque et à vive allure dans le quartier sont dans l’illégalité : il est interdit de conduire de véhicules non-immatriculés sur la voie publique.

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Les habitants de Maison Rouge ont souvent le sentiment que les forces de l’ordre n’interviennent pas.

Pas question de pourchasser les motocross, ce serait bien trop dangereux, explique le commandant Corblin de la police nationale, on risquerait un trouble encore plus important.

Pas évident non plus de confisquer les véhicules : les policiers l’ont déjà fait, ils avaient été les chercher dans les caves ou les parkings, mais désormais les conducteurs les cachent carrément dans leur appartement !

Heureusement, les policiers ont d’autres méthodes. « On peut verbaliser après-coup. » Ils s’appuient notamment sur les caméras qui quadrillent le quartier. Les agents de la police municipale ont adressé un rapport à la police nationale. Les conducteurs sont convoqués au commissariat et renvoyés devant le tribunal de police.

3 000 euros d’amende

Plusieurs suspects ont été identifiés. Presque tous habitent le quartier.

Ce ne sont pas que des mineurs. Mais aussi des adultes qui travaillent, et peuvent payer des amendes, précise le commandant.

L’un d’entre eux, un jeune homme de 27 ans qui habite Maison Rouge, a été entendu : il sera convoqué devant le tribunal de police le 27 novembre 2017.

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Il devra répondre de quatre infractions : conduite d’un véhicule sans plaque, sans casque, en sens interdit et sur un trottoir. Quatre infractions qui, additionnées, pourraient lui valoir jusqu’à 3 000 euros d’amendes. Quatre autres procédures sont en cours. Des convocations seront prochainement adressées.

« Il n’y a pas de solutions miracles » reconnaît le commandant, « il faut le temps de l’enquête ». « Mais nous n’aurons aucune indulgence », se fâche le maire de Louviers. « Nous sommes aux côtés des habitants. C’est une minorité qui pollue la vie d’un quartier. »

Incendies à Maupassant : un suspect condamné

À Maupassant, un quartier considéré  comme défavorisé, les habitants se plaignent d’une dizaine de jeunes. Des gamins désœuvrés, entre 17 et 19 ans, qui passent leurs nuits dehors à s’alcooliser. Ils mettent le feu aux poubelles, parfois même à des voitures. « Ils sont bien identifiés », souligne le commandant.

L’histoire se répète : souvent, leurs propres parents ont eu affaire à la police. Un certain nombre de ces jeunes avait été interpellé l’année dernière. Les feux de poubelles se sont calmés, puis ils ont repris de plus belle en mai 2017.

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Des caméras de surveillance

Cette fois, ce sont des habitants du quartier qui ont renseigné la police. Trois suspects ont été placés en garde à vue. L’un d’eux a reconnu quatre incendies : un au jardin de Bigard, trois autres à Maupassant. Il vient d’être condamné à quatre mois de prison avec sursis et cinq ans de mise à l’épreuve. Deux autres procédures judiciaires sont en cours.

Six caméras de vidéosurveillance vont être installées à Maupassant d’ici la fin de l’année pour un montant de 54 000 euros. Des caméras ont également été installées sous la Halle. Leurs images seront déportées vers le poste de police nationale et à bord du véhicule de la police municipale. « La sécurité et la tranquillité des Lovériens sont une priorité de l’équipe municipale » , martèle le maire.

Gwenola Lorsignol

Témoignages. La Londe, défouloir lovérien ?
Petit ensemble de dix cages d’escalier et de quatre immeubles construits il y a 40 ans, les collectifs La Londe, avec leur grande cour centrale sablonneuse, semblent bien tranquilles en journée. Il règne ici un calme qui cache en fait une activité de ruche lorsque la fin de journée arrive.
Excentrés et dépourvus de caméras, les immeubles, répondant au nom de musiciens connus comme Ravel ou Berlioz, sont depuis plusieurs semaines, voire plusieurs années, devenus un lieu de rencontre nocturne pour les jeunes de la ville.
« Tous les soirs il y a des rassemblements », confirme une riveraine. Sur leurs quads ou leurs motos, ils imposent leur loi à un voisinage qui n’ose rien dire, par peur des représailles. D’autant que le passage (ou la fuite) est ici facilité par des entrées à double porte, une côté rue, l’autre côté cour. Mais pour les riverains, il n’y aurait pas de problème criant.
De fait, petits trafics en tous genres, (drogues douces, vol, recel…) seraient ici florissants, d’autant que les forces de l’ordre circulent peu. « Les gens ne nous appellent pas, souligne le commandant Corblin, du commissariat de Val-de-Reuil. Donc il n’y a pas d’intervention. Mais La Londe n’est pas une zone de non-droit. »
De non-droit sûrement pas, même si certains riverains le pensent, mais d’incivilités sans doute quand même. Règlements de compte entre (petites) bandes venues de l’extérieur aussi. Et si en journée cette résidence apparaît bien tranquille, les dégradations constatées dans certaines cages d’escalier, notamment dans l’immeuble Ravel, au 17, laissent à penser qu’il se trame quand même parfois des choses pas très claires. Mi-juin, un coup de feu aurait même été tiré dans un pare-brise, et des vitres auraient été brisées par des battes de base-ball… Sans qu’aucune plainte ne soit pour autant déposée. « Si on ne dit rien ça va, mais il faut baisser la tête, » confirme un habitant.
Carreaux cassés, systèmes de ventilation démontés, sonnettes arrachées voire brûlées, l’incivilité est « galopante » selon un habitant de la cité. « Mais ce n’est pas pire qu’à Maison-Rouge ou qu’à Maupassant où il y a régulièrement des feux de poubelles », souligne un autre. « Les jeunes viennent pisser, voire plus, dans le local à poubelle, » déplore un riverain.
Selon nos informations, 22 caméras devraient être installées avant la fin de l’année.
Patrick Auffret

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