Et dire que tout aurait dû bien finir… Le 18 octobre dernier, un équipage de la police municipale de Valentigney repère une voiture en stationnement gênant sur un passage piéton. Les agents stoppent, descendent et s’apprêtent à verbaliser lorsqu’une fenêtre s’ouvre. « On arrive », prévient un interlocuteur. Les fonctionnaires décident de faire preuve d’indulgence et renoncent à verbaliser.

Tout aurait dû s’arrêter là. C’était sans compter sur cet homme en furie qui déboule dans la rue en injuriant : « Bande de bâtards. Fils de p… » Devant ce dérapage, les policiers reviennent sur leurs bonnes intentions initiales et verbalisent. Ce qui fait grimper un peu plus dans les tours le conducteur de cette 308. Il saute dans sa voiture et prend en chasse le véhicule siglé, le dépasse et s’arrête devant pour reprendre de plus belle son chapelet d’insultes.

« C’est une manière de parler aux policiers municipaux ? De leur dire vous me cassez les c… ? », attaque la présidente du tribunal, Cécile Rouvière. Chahir Boudfa répond qu’il poursuivait les policiers pour… « m’excuser ». Ce n’est pas exactement l’impression ressentie par le trio en uniforme… Toujours est-il que l’affaire prend de l’ampleur et que devant la menace affichée, les municipaux appellent en renfort la police nationale. C’est qu’un nouvel épisode a encore fait monter la tension.

Le père en sang, traîné par la voiture sur 5 mètres…

Le père de l’automobiliste, sortant d’un bureau de tabac, intervient alors pour calmer les ardeurs du fiston de 32 ans. Celui-ci est dans un tel état d’excitation qu’il ne se rend pas compte qu’en refermant une portière, il a coincé la veste de son père. Et comme il redémarre en trombe, il provoque sa chute et le traîne, selon des témoins, sur 5 mètres. De furieux il devient hystérique. « Sur le coup, j’ai cru que c’était un policier qui avait fait tomber mon père. Je l’ai vu en sang », explique le trentenaire qui assène alors un coup de coude à la tempe d’un policier municipal.

À la barre, le prévenu reconnaît la rébellion mais réfute avoir porté des coups. « Je me débattais juste… Je m’emporte un peu vite pour rien », euphémise-t-il. « La BAC [N.D.L.R. : la brigade anticriminalité] a refusé d’intervenir suite au problème avec le père », précise le procureur pour donner une idée de la tension qui régnait.

Interpellé trois semaines plus tard, l’auteur présumé a été placé en garde à vue et jugé en comparution immédiate. Le représentant du ministère public a requis huit mois de prison ferme contre un prévenu au casier judiciaire fort de dix condamnations, constatant une « intolérance totale à la frustration ».

Me Bonnot, l’avocate de la défense, parle de problématique psychique. « Mon client agit, réagit et réfléchit après. » Le tribunal en a tiré les conséquences, allant au-delà des réquisitions en prononçant une peine d’un an de prison ferme pour cet enchaînement de dérapages incontrôlés.

Demain lundi, le même Chahir Boudfa est de nouveau convoqué devant le tribunal pour de nouveaux déboires. Avec la police nationale, cette fois.