Police de sécurité du quotidien. Vraie fausse annonce à Saint-Brieuc ?
Saint-Brieuc, prête à accueillir la toute nouvelle police de sécurité du quotidien ? Le maire de Saint-Brieuc a surpris tout le monde en l’annonçant, la semaine dernière. À commencer par la police nationale, qui n’était pas au courant…
L’histoire démarre la semaine dernière, lors d’une signature de convention entre la police municipale et la police nationale, à Saint-Brieuc. Le maire de la Ville, Marie-Claire Diouron, fait savoir devant la presse qu’elle entend candidater pour accueillir la nouvelle police de sécurité du quotidien : un retour de la police de proximité concocté par l’actuel gouvernement. Sauf qu’à la direction départementale de la sécurité publique de Saint-Brieuc, l’annonce a surpris tout le monde.
Les policiers n’ont pas été sollicités sur le sujet. Ce qui a conduit les représentants du syndicat Alliance, réunis hier à Saint-Brieuc, avec leur responsable régional, mais aussi le délégué pour la Zone de défense Ouest, à s’interroger sans ambages. « On a appris qu’on était candidats pour cette police du quotidien, mais on aimerait d’abord savoir ce que c’est », s’interroge Pascal Boulin, secrétaire général départemental du syndicat CFE-CGC. « Est-ce que c’est une coquille vide ? Est-ce qu’on va changer le nom d’une brigade existante pour lui faire faire à peu près la même chose ? Ou est-ce qu’on reçoit des effectifs pour ces nouvelles missions ? »
Couteau suisse
Dans la tête des policiers, cette crainte : qu’il s’agisse juste de déshabiller localement le Groupe de sécurité et de proximité, le GSP, pour le rebadger autrement. Un groupe en tenue qui représente un peu le « couteau suisse » de la police briochine, explique Loïc Urvoix, du syndicat Alliance. Le GSP fait de la voie publique, de l’enquête judiciaire éventuellement, mais ils sont aussi formés et armés pour intervenir en cas de tuerie de masse. « S’ils doivent changer de mission, cela pose un certain nombre de problèmes… » Mais au-delà des questions pratiques qui taraudent les policiers, l’affaire leur semble révéler encore une fois une méconnaissance, voire une distance, entre les décideurs politiques et la réalité de leur métier.
La concertation n’a pas eu lieu
« On a surtout envie de savoir s’il y a un concept, un véritable projet avec cette police », poursuit Loïc Urvoix. « Mais on ne fera rien de bien si on n’interroge pas toute la chaîne judiciaire, jusqu’à la réponse pénale. En attendant, personne ne sait d’où vient l’annonce et comment tout cela va se financer, vu qu’il n’y a plus d’argent dans les caisses, sans compter que les conditions de travail se sont déjà dégradées avec les récentes réformes horaires ».
Côté préfecture des Côtes d’Armor, on confirmait, ce mardi au soir, qu’aucune procédure officielle n’était pour l’heure engagée. « La réunion de concertation sur ce sujet, avec les élus, n’a pas encore eu lieu », expliquait une source proche du dossier. Certes, le ministère de l’Intérieur a prévu de retenir quelques villes pilotes. Mais le dossier briochin n’est pas encore ficelé.
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