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Nantes. Après les tirs de Kalachnikov, la Ville en alerte

Posted On 27 Juil 2017
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  • Après plusieurs mois d'accalmie, le quartier Malakoff a été le théâtre de tirs de Kalachnikov, vendredi soir. Une vingtaine de douilles ont été retrouvées (Dimanche Ouest-France d'hier).
    Après plusieurs mois d’accalmie, le quartier Malakoff a été le théâtre de tirs de Kalachnikov, vendredi soir. Une vingtaine de douilles ont été retrouvées (Dimanche Ouest-France d’hier). | Archives Jérôme Fouquet

Christophe Jaunet et Isabelle Labarre

Des coups de feu en rafale ont résonné à Malakoff, vendredi soir. Après l’élucidation de plusieurs affaires, la municipalité et les habitants s’inquiètent « d’un nouvel engrenage ».

« Quand on vous annonce des tirs de Kalachnikov, ça glace le sang ! » Cette arme est connotée terrorisme. David Martineau, l’élu du quartier Malakoff, était sur place, vendredi soir, peu après les coups de feu en rafale, rue d’Irlande. Pas question de banaliser les faits, mais pas question non plus de dramatiser avant de savoir précisément ce qui s’est passé.

« Pas de victimes, pas de traces de sang, pas de témoins directs, pas d’explications ! On condamne ces agissements. C’est une situation qui nous alerte, admet David Martineau. D’autant plus que nous étions, depuis plusieurs mois, dans une phase positive après des saisies de drogue, des élucidations et des interpellations. » Après de multiples épisodes de coups de feu en 2015 et 2016, le quartier était plus tranquille, depuis le début de l’année.

« La crainte que ça recommence »

David Martineau rappelle que des moyens de police scientifique, l’utilisation ponctuelle de la vidéosurveillance, « notamment avec des caméras mobiles mises à disposition par la ville », et « des témoignages sous X d’habitants », ont permis, depuis un an, de faire avancer des enquêtes de police judiciaire. « Ces tirs de vendredi peuvent être un fait isolé, mais on s’inquiète aussi du risque d’un nouvel engrenage qui mettrait à plat tout le travail entrepris. J’ai bien senti, ce week-end, chez des habitants, cette crainte que ça recommence. » David Martineau se dit « attristé et vigilant, mais pas fataliste ». Il assure que la Ville « ne baissera pas les bras. Il y a quelques années, nous avions cinq ou six points durs de trafic de drogue, à Malakoff. Il en reste un aujourd’hui. On sait que c’est un travail de longue haleine, mais on va le poursuivre. »

Devant ces événements choquants, l’élu de quartier redit que, si besoin, « des psychologues de l’association Le Pas sont à disposition des habitants, en passant la maison des Haubans ». Il informe que « Malakoff sera dans les premiers lieux prioritaires pour la vidéoprotection » et promet « une couverture large du quartier ». La Métropole envisage d’installer 200 caméras dans l’agglomération, en 2018.L’appel d’offres vient d’être lancé pour la création d’un centre de supervision urbaine. Cette vidéoprotection sera à l’ordre du jour du conseil métropolitain d’octobre.

« Nantes, c’est compliqué »

« Au quotidien pour nous, c’est rock’n’roll: la violence se durcit, les armes circulent facilement, des personnes sont prêtes à tout pour un portable. Nantes, c’est devenu compliqué.» Parole de policier après cette série de violences graves, à Nantes, depuis jeudi : un coup de couteau mortel dans le tramway, jeudi soir ; des tirs en rafale de Kalachnikov, vendredi ; une nouvelle agression au couteau, samedi, au Hangar à bananes.

Après la mort d’un jeune homme de 22 ans dans le tram (Ouest-France de samedi), la rame où a eu lieu ce qui ressemble à un règlement de comptes a été passée au peigne fin de la police scientifique. Comme les images de vidéosurveillance. Quatre personnes sont toujours recherchées. L’autopsie a établi que la victime était décédée d’une section de la jugulaire, « après un seul coup de couteau très violent », selon un proche de l’affaire.

Eux aussi sont recherchés : les agresseurs d’un étudiant venu faire la fête, vendredi, au Hangar à bananes. Vers 5 h, ce jeune homme originaire du Finistère, habitant Orvault, a été abordé par un petit groupe lui demandant une cigarette. Puis deux. Puis son briquet et son téléphone. Devant son refus, ses interlocuteurs ont montré les poings et l’ont mis au sol. Ses amis l’ont récupéré, titubant, blessé au dos par un coup de couteau. Toujours au CHU, la victime a déposé plainte, dimanche.

Après cette série d’agressions, des policiers s’interrogent une nouvelle fois sur leurs effectifs. « Notre circonscription est très vaste et les thématiques sont multiples: l’ultra-alcoolisation, les armes, les quartiers… répète, las, Arnaud Bernard, du syndicat Alliance. Nous ne sommes pas assez pour faire face à tout ça. Une agression dans le tram? Si la BSTC (1) met six agents à patrouiller sur une soirée, c’est bien le maximum ! »

« Crainte de la fuite »

« Oui, on subit cette présence accrue des armes, mais ce n’est pas une particularité nantaise, redit Jean-Christophe Bertrand. Cela touche aussi des villes de plus petite taille. »Depuis octobre, le directeur départemental de la sécurité publique pouvait compter sur le renfort de CRS. Durant l’été, ces effectifs ont rejoint La Baule. « Nécessaire pour sécuriser la station balnéaire dont la population est décuplée, alors que Nantes se vide. »

L’enquête sur les tirs à Malakoff s’annonce compliquée. Comme souvent dans ces affaires, les témoins ne se bousculent pas pour parler. Témoigner sous X ? « C’est très marginal. Les gens ont toujours la crainte que ça pourrait malgré tout fuiter. »

(1) Brigade de sécurisation des transports en commun.

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