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SNPM Syndicat National des policiers Municipaux

Les policiers municipaux, des agents très courtisés

Posted On 23 Juin 2020
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Plus que jamais, les policiers municipaux sont demandés. Confrontées à une forte concurrence, les villes rivalisent d’initiatives afin d’inciter les policiers à opter pour leur territoire.
Chiffres-clés
  • 23 000 policiers municipaux sont aujourd’hui recensés en France. On en comptait 18 000 en 2014.
Les collectivités se les arrachent. Depuis les attentats de 2015, les policiers municipaux (PM) sont une denrée rare et, pour les séduire, les collectivités déroulent le tapis rouge. Régime indemnitaire attractif, armement, projet de service… Les mairies multiplient les offres alléchantes et se livrent une concurrence parfois féroce. « Les policiers municipaux sont devenus des mercenaires qui se vendent au plus offrant, résume un cadre de la police municipal. Non seulement les villes ont du mal à recruter, mais elles ont aussi du mal à fidéliser. »
En six ans, les effectifs ont bondi de 18 000agents en 2014, à plus de 23 000 aujourd’hui. Et ce n’est pas près de s’arrêter au regard des promesses de campagne des maires et de l’effet du confinement qui a rendu la municipale encore plus visible. Or, paradoxalement, le concours de gardien-brigadier compte de moins en moins de candidats… En moyenne, chaque année, 1 200 nouveaux agents sont formés pour 4 000 à 5 000 postes vacants. Largement insuffisant.
Tout se sait !
Face à la pénurie, les collectivités font monter les enchères. « Il faut être concurrentiel », reconnaît Olivier Klein, maire (PS) réélu de Clichy-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis. Comme nombre de ses confrères franciliens, il a dû se résoudre à augmenter primes et indemnités. Car tout se sait dans le petit monde de la PM. La cité balnéaire de LaGrande-Motte (265agents, 27PM, 8 800hab., Hérault), outre ses plages et son soleil, est ainsi réputée « généreuse ». Et pour cause : « Indemnités et primes élevées, 13e mois intégré au salaire et heures sup’, résume le patron de la PM, Jean-Michel Weiss. On a aucun mal à recruter. »
Des traitements très variés
Pour des agents dont le salaire de base avoisine les 1 400 euros net en province, les heures supplémentaires sont un plus non négligeable. « A Valenciennes [970agents, 40PM, 43 300hab., Nord], même si nous proposons un niveau de primes correct pour la région, nous mettons en avant, lors des entretiens d’embauche, les heures supplémentaires qui permettent d’arrondir les fins de mois », confirme Stéphane Latawiec, le chef de la police. Mais encore faut-il que l’activité s’y prête et que la ville en ait les moyens.
Comme chaque collectivité peut mener sa propre politique, les traitements varient de 300 à 400euros net par mois d’une commune à l’autre. « Aujourd’hui, en Ile-de-France, où la situation est tendue, un policier municipal se rémunère, primes et indemnités compris, minimum 2 000 euros net, note Dominique Bailly, maire réélu [DVD] de Vaujours [180agents, 14 PM avec Coubron, 7 100 hab., Seine-Saint-Denis] et président de la commission sécurité au sein de l’association des maires d’Ile-de-France. Typiquement, dans une ville de 7 000 habitants comme la mienne, on ne peut pas suivre. »
Dès 2014, Dominique Bailly a décidé de mutualiser ses forces avec sa voisine, Coubron (99 agents, 4 800 hab.), pour créer une police intercommunale. « Ensemble, on a pu installer un centre de surveillance urbaine [CSU], créer une cellule d’aide aux victimes, s’équiper de motos… Proposer des missions et un cadre de travail de qualité. » Eaubonne (500 agents, 25 100 hab., Val-d’Oise) mise, elle aussi, sur l’environnement de travail. « Ce qui fait l’attrait d’un poste, c’est le salaire, mais pas seulement », martèle Grégoire Dublineau, le maire [LR] sortant.
L’édile, arrivé deuxième au premier tour, qui entend porter les effectifs de sa PM de 12 à 20 agents, a ainsi choisi d’armer sa PM de pistolets semi-automatiques. « En Ile-de-France, c’est un préalable à l’embauche, commente Fabien Golfier, secrétaire national de la FA-FPT. Les policiers veulent être armés pour se protéger. » Le maire a aussi investi dans l’équipement radio et informatique, développé la vidéosurveillance et va déménager le poste de police dans des locaux rénovés en centre-ville.
« Nous avons un vrai projet de service. C’est une source de motivation. » Recruter est un tout. Rémunération, conditions de travail, diversité des postes, possibilités d’évolution, tenue, armement… Tout joue. La création en 2019 d’une brigade de nuit à Valenciennes a renforcé l’attractivité de la PM. La mise en place d’une brigade motorisée à Coubron et à Vaujours est un argument de vente. La Grande-Motte, elle, met en avant sa brigade nautique et son partenariat avec la gendarmerie nationale et les CRS. Chacun loue ses attraits.
La mer et le soleil
Toutes les villes ne jouent pas dans la même cour. Marseille (11 662 agents, 863 300 hab.), dont la PM est la première de France avec ses 450 policiers, a tout pour plaire : une délinquance élevée, un armement et des équipements dernier cri, un comité d’action sociale (CAS) dynamique, sans oublier la mer et le soleil ! « Je reçois quatre à cinq CV par semaine. Marseille attire », affirme Marc Labouz, patron de la PM. A l’inverse, dans le Var, Flayosc (60 agents, 4 PM, 4 300 hab.) n’a guère que son travail de police de proximité et sa qualité de vie à vendre. « On a le salaire de base et la prime police. Pas d’heures sup’.
Pas de CAS. Pas de Chèques-vacances. Pas de Tickets-restaurants. Cela fait un an que je cherche deux policiers pour anticiper des départs en retraite. » Face à ces difficultés de recrutement, des collectivités optent pour la mutation, non sans mal. « Pour être prêts, ils doivent partir neuf mois en formation initiale appliquée [FIA] au CNFPT, rappelle Stéphane Latawiec. Et comme la FIA est saturée de demandes… A Valenciennes, j’ai deux agents qui attendent depuis dix mois. Il va leur falloir deux ans pour être opérationnels ! »
Focus
Le levier des primes et indemnités
Les salaires étant calqués sur une grille d’indice, les communes n’ont guère d’autre levier financier que les primes et indemnités. Elles peuvent jouer sur la prime de police, appelée « indemnité spéciale mensuelle de fonctions » (ISMF), ou l’indemnité d’administration et de technicité (IAT). L’ISMF est spécifique au cadre d’emplois et oscille de 0 à 20 %. « A zéro, on ne recrute pas. Résultat, nombre de villes sont à 18-20 % », note Fabien Golfier, secrétaire national de la FA-FPT. Le barème de l’IAT varie, lui, de 0 à8. « Dans les régions en tension, il est à 8 presque partout ! » poursuit-il. Si la rémunération est un levier, elle ne suffit pas à faire la différence.
Focus
Pas d’autres choix que d’offrir le maximum
[Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) 500 agents 8 PM • 29 300 hab.] Recruter des policiers municipaux est devenu très difficile en Ile-de-France. De plus en plus de villes se dotent de police municipale alors que le nombre de candidats au concours diminue. « J’ai mis un an à recruter mes huit agents ! déplore Olivier Klein, le maire [PS] de Clichy-sous-Bois, réélu. Pour être attractifs, nous n’avons pas eu d’autres choix que d’offrir le maximum en termes de primes et d’indemnités. C’est ce que font tous les maires. On s’est aligné. » Le 9-3, de par son activité délictueuse, peut séduire de jeunes policiers, mais il peut aussi faire figure de repoussoir… « Dès le départ, nous avons décidé de doter nos agents d’armes à feu.
C’était impératif. Les policiers veulent se sentir protégés. Nous les avons équipés de caméras-piéton qui leur permettent de filmer leur intervention et ainsi de prévenir, autant que possible, les incidents », poursuit l’édile. La ville a signé une convention avec le commissariat de Clichy-Montfermeil afin de formaliser leur partenariat. « Nos PM sont considérés comme des acteurs à part entière de la sécurité », se félicite Olivier Klein.
Contact : mairie, 01.43.88.96.04.
Focus
Un projet de police 24 heures sur 24 qui a su séduire les candidats
[Dunkerque (Nord) 1 632 agents • 87 PM • 87 400 hab.] En six ans, la PM de Dunkerque a doublé ses effectifs, passant de 42 policiers en 2014 à 84 en 2020. Elle a donc dû recruter massivement. « Le monde de la police territoriale est un petit monde…
Très vite, les gens du microcosme ont perçu un projet ambitieux, avec des composantes proximité (îlotage), intervention et, la nouveauté en 2019, brigade de nuit. Nous avons aussi une brigade canine et un centre de surveillance urbaine. La diversité des postes proposés est un facteur d’attractivité. Nous avons reçu de nombreuses candidatures », explique François Corbier, le directeur général des services (DGS). Dunkerque est plutôt bien positionnée en termes de primes et d’indemnités par rapport à ses voisines des Hauts-de-France.
« Mais la rémunération à elle seule ne suffit plus pour attirer des candidats de qualité. C’est notre projet de police 24 heures sur 24 qui a séduit », estime François Corbier. La PM a également doté ses agents d’armes létales. « C’est l’une des clés du recrutement. Les policiers veulent être armés », affirme le DGS. Les agents sont très attentifs à la qualité des équipements : voitures, VTT, matériel informatique, etc.
« Lors des entretiens d’embauche, nous avons aussi mis en avant le volet formation et insisté sur le partenariat avec la police nationale, poursuit François Corbier. Pour recruter des agents de qualité, une police municipale doit porter un projet cohérent et attractif, et se doter des moyens ad hoc pour le mettre en place. »

https://www.lagazettedescommunes.com/684078/les-policiers-municipaux-des-agents-tres-courtises/

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