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Les défis de Gérard Collomb, le « pragmatique » devenu premier flic de France

Terrorisme, sécurité, malaise des policiers… A l’Intérieur, Gérard Collomb va devoir affronter des chantiers importants, dont il a esquissé les bases dès mercredi.

« Il vaut mieux avoir le Collomb à l’Intérieur qu’à l’extérieur ». Depuis mercredi après-midi et l’annonce du nouveau gouvernement, ce bon mot dont la paternité n’est pas clairement établie, a pris tout son sens. Gérard Collomb s’est installé place Beauvau pour diriger l’un des ministères les plus exposés de l’équipe d’Édouard Philippe. Sécurité, terrorisme, à peine nommé, le futur ex-maire de Lyon a dressé la liste de ses futurs chantiers à coups de visites symboliques, au commissariat de Trappes ou sur les Champs-Élysées, pour rendre hommage au policier assassiné.

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Ce soutien indéfectible d’Emmanuel Macron, qui a rejoint En Marche! dès l’été 2016, n’a pas été nommé à la tête du ministère de l’Intérieur par hasard. Élu à Lyon depuis 2001, l’ex-socialiste de 69 ans n’a jamais pu se défaire d’une image d’édile plutôt sécuritaire, « mais assumée », assure à L’Express son adjoint à la sécurité, Jean-Yves Sécheresse.

« Il est pragmatique et a toujours eu tendance à ne pas sous-estimer ces questions là », ajoute l’élu qui le connaît depuis 30 ans. Et chez les Collomb, la sécurité est une affaire de famille, puisque son fils, Thomas, lieutenant de formation, a un temps travaillé pour la Brigade de répression du banditisme (BRB) à Lyon, avant de rejoindre la police judiciaire, puis la sécurité de l’Euro 2016.

« C’est quelqu’un qui aime bien les policiers et les magistrats »

Gérard Collomb a mis en avant, dès son premier mandat, la nécessité de « tranquillité publique » et d’un programme de « tolérance zéro » à l’égard de la délinquance. Il s’est aussi illustré en développant largement les caméras de surveillance dans sa métropole -plus de 500 à ce jour-, ce qui lui a valu d’hériter en 2002 du prix « Big Brother », décerné par une ONG pour la défense des libertés individuelles.

L’ex-maire a également renforcé sa police municipale, aujourd’hui la 3e plus importante de France. « Collomb, c’est quelqu’un qui aime bien les policiers et les magistrats. Dès son arrivée, il a fait venir un commissaire divisionnaire dans son cabinet, pour qu’il lui donne un point de vue technique », affirme son adjoint.

« Améliorer la sécurité de nos concitoyens »

Il l’a annoncé lors du discours de passation de pouvoir mercredi, Gérard Collomb veut « améliorer la sécurité de nos concitoyens ». Réduire la délinquance et l’insécurité, lutter contre la récidive, améliorer les relations entre la police et les citoyens, enrayer les violences policières… Autant dire que la tâche est herculéenne.

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« Lorsque que l’on est une personne âgée et que l’on rentre chez soi le soir, on ne doit pas avoir d’appréhension », a aussi lancé le premier flic de France, mercredi. Une manière d’évoquer l’un de ses chantiers prioritaires: la création d’une future « police de proximité« , déjà présente dans le programme d’Emmanuel Macron. Le nouveau locataire de Beauvau souhaite mettre sur pied « un modèle de police renouvelé, proche du terrain et présent partout sur le territoire ».

Résorber le malaise des policiers

Au sein de la police, il existe un autre chantier, tout aussi conséquent: résorber le malaise et la colère des policiers. La récente mort de Xavier Jugelé, sur les Champs-Élysées et l’agression de leurs collègues, notamment à Viry-Châtillon en octobre 2016, a laissé une profession dans le doute.

Lors de son premier discours, Gérard Collomb leur a tendu la main, affirmant avoir conscience du « manque de moyens » et voulant « mettre l’accent sur les conditions de travail de nos fonctionnaires ». « Il va surtout falloir qu’il réforme nos cycles de travail », commente auprès de L’Express Yves Lefebvre, le secrétaire général d’Unité SGP Police.

Le syndicaliste, qui estime que le ministre a « beaucoup de points positifs », espère qu’il s’occupera aussi de « réformer la légitime défense et le Renseignement et de cesser la politique du chiffre ». Céline Berthon, du Syndicat Commissaires Police Nationale (SCPN) espère de son côté que Gérard Collomb, dont elle salue le côté « élu de terrain », pourra « clarifier la mission de la police vis-à-vis de la population dans les quartiers difficiles et reconstruire les conditions de confiance. »

Accentuer la lutte contre le terrorisme

Il l’a bien compris, en prenant le poste, Gérard Collomb devra aussi accentuer la lutte contre le terrorisme. En décembre 2015, l’emblématique Fête des Lumières à Lyon, avait dû être annulée pour des raisons de sécurité, à peine un mois après les attentats de Paris. « Collomb était très touché par ce qui s’était passé, se souvient son adjoint, mais il n’a jamais négocié sur les questions de sécurité, l’annulation était dans cette lignée ».

« Nous savons tous aujourd’hui que l’Europe et en particulier la France sont la cible des terroristes », a déclaré mercredi le ministre de l’Intérieur. Il a aussi dit vouloir « éviter qu’un certain nombre de jeunes nés en France puissent demain tomber dans la radicalisation et sous l’emprise de Daech« .

Gérard Collomb devra esquisser les bases de ce qu’Emmanuel Macron a appelé dans son programme la « task-force anti-Daech », une « cellule spéciale du renseignement » de 50 à 100 agents. Autres mesures avancées par le président dans son programme: la gestion des retours de djihadistes français et la création de centres fermés, dédiés à la déradicalisation.

Gérer l’état d’urgence

Dans cette lignée, il devra également prendre une décision concernant l’état d’urgence, déjà prolongé à cinq reprises et qui prend fin le 15 juillet. L’inscrire dans la loi, ou y mettre fin? Après Bernard Cazeneuve, Bruno Le Roux et Mathias Fekl, il est le quatrième ministre de l’Intérieur à officier dans ces circonstances.

A Lyon, Gérard Collomb avait finalement décidé d’armer ses agents municipaux, alors qu’il s’y était opposé avant l’instauration de l’état d’urgence. « C’est quelqu’un de pragmatique, certes, mais qui change souvent d’avis », raille Etienne Tête, un ancien proche, aujourd’hui conseiller municipal EELV et persuadé que « l’excès d’armes n’apaisera pas le pays ». Son adjoint à la sécurité, lui, le voit déjà officier « dans la lignée de Bernard Cazeneuve« .

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