c’était le 2 avril dernier à Metz, au petit matin. Il était 6h50, l’heure à laquelle les derniers fêtards quittent les discothèques et rentrent se coucher. Ce jour-là, les planètes s’alignent pour que rien ne se passe comme prévu et que sept individus se retrouvent sur la place de la République au même instant : un couple qui rejoint les lieux pour prendre un taxi, leur ami et quatre jeunes assez éméchés. Les choses dégénèrent très vite.

« On était bourrés, c’est vrai, et on cherchait des filles. On a vu ce couple ; je me suis approché du gars et je lui ai dit que sa nana, il pouvait se la garder, qu’elle était moche ou un truc comme ça. C’est con, je sais, mais c’était juste une bagarre d’alcoolos. Eux aussi avaient picolé ! », a expliqué l’un d’eux à la présidente du tribunal correctionnel de Metz, vendredi.

C’est lui qui a asséné le premier coup de poing au compagnon excédé qui venait de le repousser en posant ses deux mains sur son torse. Puis tout s’est emballé. Boxeur depuis peu, le jeune Messin ne fait quasi qu’une bouchée de son adversaire qui tombe à terre. Coups de pied et de poing pleuvent lorsque Madame parvient à se saisir d’une ceinture qu’un des agresseurs porte autour du cou. Vendredi, son avocate a expliqué : « Son homme se faisait tabasser au sol, elle a fait ce qu’elle a pu avec cette ceinture pour le défendre. » C’était sans compter sur un autre jeune qui lui fera une « balayette » pour lui faire perdre l’équilibre. Au sol, elle aussi va prendre des coups. Le couple doit son salut à l’ami qui les accompagnait. Resté à l’écart des échauffourées, c’est lui qui donnera l’alerte en actionnant une borne reliée aux services de la police municipale.

Série noire

Cinq et trois jours d’interruption totale de travail mais aussi deux certificats médicaux noircis d’une ribambelle d’ecchymoses, ont exaspéré les juges. Il y a quelques semaines en effet, six autres jeunes adultes, auteurs d’agressions nocturnes similaires dans l’hypercentre messin, ont été condamnés à de lourdes peines. Depuis janvier, les policiers ont eu à déplorer plusieurs plaintes de clients de boîte ou de bar ayant été agressés. Le contexte n’était pas favorable.

Le trio composé d’un étudiant, d’un intérimaire et d’un chômeur, âgés de 19, 26 et 27 ans, a écopé de quatre à six mois de prison ferme. Le mineur impliqué a été mis hors de cause. Le montant des indemnisations des victimes, fortement choquées et présentes vendredi au tribunal, sera fixé lors d’une prochaine audience.

Saada SEBAOUI