Il y avait de la satisfaction, des remerciements réciproques – beaucoup – et une pointe de fierté à l’idée d’avoir pesé dans cette décision nationale… Congratulations générales, ce lundi, lors du point presse consacré à l’annonce de renforts policiers à Planoise.

Dans le cadre de la future police de sécurité du quotidien (PSQ) présentée vendredi par le gouvernement, « 15 à 25 effectifs supplémentaires seront dédiés au quartier de Planoise », a rappelé Raphaël Bartolt, préfet du Doubs. Ce mouvement s’accompagne de l’ouverture – annoncée pour avril – d’un commissariat de secteur au 6, avenue du Parc. Aux côtés de points chauds de la région parisienne, de Lyon, Marseille, Toulouse, Montpellier ou Lille, Besançon est – avec Pau – la seule « ville moyenne » à appartenir à la toute la première vague, dotée de ces nouveaux policiers dès septembre.

 « Planoise n’est pas le pire quartier du pays, mais c’est vrai qu’il y a des problèmes »

« Ceci est le résultat d’un travail d’équipe entamé depuis plusieurs mois. La sécurité est la préoccupation première des Français, donc des Bisontins. Planoise n’est pas le pire quartier du pays, mais c’est vrai qu’il y a des problèmes. Il n’y a pas de zone de non-droit dans notre ville, nous serons toujours intraitables sur ce point. Cette police de sécurité du quotidien est la plus grande réforme en la matière de ce vingt dernières années, on va tout revoir de la cave au grenier », expose Jean-Louis Fousseret, maire de Besançon.

Cette PSQ, qui se veut plus « visible », plus « partenariale », plus « connectée » au terrain et aux innovations technologiques, et qui promet (enfin) une simplification pénale majeure, se traduira « par un texte de loi déposé au printemps prochain », ajoute le préfet du Doubs.

« De la présence, oui, mais toujours dans un but policier »

Nicolas Diamandides est le coordinateur du conseil citoyen de Planoise. Il représentait ce lundi les yeux et les oreilles des 20.000 habitants du quartier. « La police est invisible, ou uniquement lors de grosses opérations. Le fait de les voir rassurerait les gens. C’était une demande forte des habitants », glisse-t-il en aparté.

« On est très efficace sur les interpellations, le répressif », rebondit le commissaire Benoît Desfert, patron de la police du département, « mais ce qui sera demandé aux policiers déployés sur Planoise se concentrera sur des missions de visibilité, de contact avec le voisinage, de recueil de renseignements… De la présence, oui, mais toujours dans un but policier. C’est du ’’plus’’ et on continuera le travail fait par ailleurs ». Un travail de sape visant notamment le trafic de drogue, solidement implanté dans les caves et les cages d’escalier de Planoise, et contre lequel le récent groupe local de traitement de la délinquance (GLTD) lutte au quotidien.

Ultime précision concrète : le futur commissariat de secteur bénéficiera d’un point d’accueil physique pour le public, avec de possibles dépôts de plainte, même si les procédures seront centralisées au commissariat de la Gare d’Eau. À Planoise, « on veut des policiers dehors, dans la rue », conclut Benoît Desferet.

Quel rôle pour la police municipale ?

Le ministère de l’Intérieur entend développer la coordination entre polices nationale et municipale, qui fait déjà l’objet, à Besançon, d’un partenariat avancé. Pour autant, les revendications des syndicats de la police municipale bisontine restent vives, et l’annonce de renforts à Planoise ne les éteint aucunement.

Le maire refuse de doter ses agents d’arme létale, ce qui reste un point de crispation. « C’est son droit, mais qu’il ne nous demande pas d’assurer des missions où on aurait besoin de l’être ! », réagit Daniel Rozzi pour le SNPM, qui a du mal à accepter « de devoir retourner dans les cages et les caves de Planoise pour faire face aux dealers qui eux, sont armés ». Même agacement du côté de Jacques Desoche (CFTC) : « Claironner que l’on va partir en’’reconquête républicaine’’, c’est formellement reconnaître que nombre de quartiers de France ont été perdus. Et c’est bien le cas de Planoise. En armant ses policiers municipaux à la hauteur des risques croissant, M. Fousseret démontrera que la vie et la sécurité de ses agents ne se négocient pas. »