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Une des plus grandes énigmes judiciaires du XXesiècle finissant est en passe d’être résolue en Belgique.

Entre 1982 et 1985, les tueurs du Brabant – province où ils commirent la plupart de leurs méfaits – enchaînèrent les braquages avec, pour objectif, non pas d’amasser un butin significatif, mais de laisser le plus grand nombre de victimes sur le carreau. Vingt-huit personnes au moins y laissèrent la vie.

Depuis la fin des tueries, toutes les hypothèses, jusqu’aux plus complotistes, ont circulé sur l’identité des tueurs. Les pistes du grand banditisme, de l’extrême droite (un grand classique en pareil cas), des États-Unis et de l’OTAN (afin de renforcer le pouvoir de l’organisation en période de guerre froide), de la gendarmerie ont toutes été explorées.

C’est, finalement, cette dernière qui retient aujourd’hui toute l’attention des enquêteurs. Sur son lit de mort, celui qui était surnommé « le géant » de la bande a reconnu, devant son frère, être impliqué dans les bains de sang.

Christiaan B. était membre du groupe Diane, unité spéciale d’intervention de la gendarmerie (sorte de GIGN belge), jusqu’à sa suspension après un accident de tir – l’homme prétend que son arme avait été sabotée.

Rapidement après les premières tueries, le fondateur du groupe d’élite de la maréchaussée avait reconnu la patte de ses hommes. Il avait exigé une enquête… bouclée deux jours plus tard.

Une question se pose aujourd’hui sur les motifs des tueurs : s’agit-il d’un groupe de gendarmes frustrés réunis autour de Christiaan B. ou bien d’une stratégie délibérée au sein de la gendarmerie qui formait, au temps de sa toute-puissance, un État dans l’État et qui craignait de se voir restructurée ? Il faudra attendre l’affaire Dutroux et la mise en lumière des dysfonctionnements dus à la guerre des polices pour que les forces de sécurité fussent réorganisées.

Le flou entourant les tueurs du Brabant a ravivé tous les fantasmes circulant à leur sujet depuis trois décennies en Belgique, où vous trouverez toujours « quelqu’un qui sait ». Et, sans sombrer dans le complotisme à notre tour, il est étonnant d’apprendre que le nom de Christiaan B., qui a travaillé jusqu’en 2010 au sein de la police locale d’Alost, est évoqué depuis une vingtaine d’années.

Dans son « 20 Heures » de jeudi, dans un réflexe pavlovien, France 2 ajoutait que les gendarmes aujourd’hui suspectés étaient liés à l’extrême droite. À ce stade, pourtant, rien n’indique que les tueurs puissent avoir été motivés par des considérations idéologiques.

Un peu par hasard, la Belgique est donc sur le point de connaître l’identité des tueurs du Brabant, issue à laquelle plus personne ne s’attendait vraiment. La page des sanglantes années 80 – qui virent aussi les Cellules communistes combattantes commettre des attentats – est en passe d’être tournée.