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Au tribunal pour avoir refusé de servir une femme voilée : la buraliste d’Albi condamnée

Posted On 29 Juin 2018
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La buraliste Marie Pinier lors de l'audience du 24 mai/ Photo DDM Marie-Pierre Volle
La buraliste Marie Pinier lors de l’audience du 24 mai/ Photo DDM Marie-Pierre Volle

Le procureur avait requis 3 mois de prison et 3000 euros d’amende à l’encontre de Marie Pinier, la buraliste albigeoise qui avait refusé de délivrer des colis à quatre reprises à des femmes voilées, sous prétexte qu’avec leur voile elle ne pouvait les identifier par rapport à leur carte d’identité. Le tribunal correctionnel d’Albi a rendu son jugement ce jeudi après-midi, et a finalement condamné la commerçante à une amende de 1000 € ainsi qu’un peu moins de 10000 euros de frais et de dommages et intérêts pour les plaignantes et les associations (Licra, Mrap, collectif contre l’islamophobie) qui s’étaient portées parties civiles.

Agée de 60 ans, reconnaissable par ses cheveux violets, Marie Pinier soutenait avoir agi pour raisons de sécurité. « Le problème s’est posé avec une religieuse qui a refusé de retirer son voile. Capuches, bérets, lunettes de soleil, casques de moto, la règle est la même pour tout le monde. J’ai toujours appliqué la loi, ça n’a rien à voir avec du racisme, on sert tout le monde à partir du moment où on peut voir leur visage. C’est vrai, j’ai toujours peur qu’il arrive quelque chose dans mon magasin » expliquait-elle lors de l’audience du 24 mai dernier.

Pas raciste, pour son avocat

Son avocat, le ténor du barreau toulousain Me Cohen, n’avait pas ménagé sa peine pour défendre sa cliente : « Elle refuse de délivrer des colis aux personnes qui ne sont pas identifiables, les règles édictées dans son magasin n’ont rien de racistes ».

C’est pourtant l’impression qu’ont eu les plaignantes, qui se sont heurtées au refus de la buraliste le 3 octobre 2015, le 6 décembre 2016, le 18 décembre 2017 et le 13 avril 2018, de leur délivrer un colis ou d’accepter un dépot, dans son tabac-presse qui fait également office de point-relais.

L’une des plaignantes, vêtue de son jilbeb/ Photo DDM, Marie-Pierre Volle

Discrimination pour l’avocat des parties civiles

De la discrimination, selon les avocats des parties civiles, du Mrap et de la Licra, rejoints par le procureur Alain Berthomieu, qui le 24 mai avait livré un réquisitoire sévère :  « Le couvre-chef ne dissimule pas le visage, il ne représente pas un danger. Mme Pinier créée sa propre loi dans le royaume de son commerce. Tout ça, ce sont des prétextes, ces quatre victimes ont la même religion, elle les a humiliées. Le fanatisme religieux se nourrit de ce genre de comportement ».

Les quatre femmes à l’origine des plaintes ne portaient pas de Burqa, mais un jilbeb, une longue robe et une capuche qui couvrent corps et cheveux, mais laisse apparaître le visage, les pieds et les mains.

Cet après-midi, après l’annonce du jugement, l’avocat du Mrap et de la Licra Me Philippe Pressecq n’a pas caché sa satisfaction: « Je suis très satisfait de cette décision qui est d’une part fondée en droit, et d autre part utile socialement car elle est un signe fort, un avertissement donné à cette frange intolérante de notre population. »

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