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Elle avait traîné sa chienne en voiture sur 25 km : la propriétaire quitte le tribunal sous escorte

Posted On 29 Juin 2018
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Menacée à la sortie de son procès, la prévenue a dû être protégée par la police./ Photo DDM, Manu Massip
Menacée à la sortie de son procès, la prévenue a dû être protégée par la police./ Photo DDM, Manu Massip

Quatre mois après la découverte du cadavre de Nikita dans le Tarn, une chienne traînée 25 km derrière une auto entre Grisolles et Montauban, le procès de sa propriétaire s’est tenu dans un climat extrêmement tendu. Les réquisitions du ministère public à 500 € d’amende, ont mis vent debout les associations et militants de défense animale venus nombreux assister à l’audience ce matin. Menacée, insultée, la prévenue a dû être escortée par la police pour quitter le palais de justice.

« Cette affaire a suscité beaucoup d’émotion, j’invite tout le monde à conserver le calme durant les débats ». Face à une salle d’audience inhabituellement pleine pour un vendredi matin, les mots de la présidente Sylvie Jeansous donnent un peu plus d’intensité à ce dossier. Depuis la révélation des faits dans nos colonnes, (attention, la photo peut choquer), le parquet de Montauban a reçu « une pétition » et « moult courriers l’enjoignant à la plus grande sévérité ». C’est dans ce contexte tendu que la prévenue avance seule face à la barre du tribunal correctionnel, son ex-compagnon s’est fait porter pâle.

Le cadavre du chien abandonné

Débardeur vert, tatouage dans le dos, Eva, une petite femme de 45 ans, ne met pas longtemps à fondre en larme en écoutant la juge rappeler les faits. Ce 18 février à Grisolles, le couple et un ami décident de gagner Montauban pour aller fêter l’anniversaire de ce dernier. « J’avais confié ma chienne avec sa laisse à Jérôme (son ex-compagnon) », déclare Eva. Avant de quitter les lieux, l’un des occupants du véhicule sort pour bouger une autre auto gênant le passage. « Personne ne s’est souciée de savoir si la chienne était sortie ? », l’interroge la juge. « Je pensais qu’elle était à l’arrière avec mon compagnon là où je l’attache à chaque fois ». Un ami qui pense, lui, que le pinscher de deux ans est à l’avant. « Au final, aucun de vous ne s’aperçoit que Nikita est à l’extérieur.

C’est un automobiliste à un tricolore de Montauban qui vous signale un animal traînant par sa laisse derrière votre véhicule », l’interrompt S. Jeansous revenant aussi sur l’épisode de l’abandon du cadavre dans le Tarn, peu après. Le corps est découvert le lendemain par un randonneur. « Pourquoi avoir menti quand le vétérinaire vous a joint ? », poursuit la présidente indiquant que la quadra n’a pas déclaré l’incident avec le véhicule. « Il était jaloux (son ex) d’elle (Nikita) », assure Eva qui tente alors de faire porter le chapeau à son ex-compagnon. « Sauf que ce n’est pas cela qui s’est passé », la retoque la juge. « Quand il a vu, j’étais en état de choc, lui n’a eu aucune empathie ». « Enfin cette histoire, c’est un mensonge ! », « C’est ma chienne, je lui ai fait confiance », s’enfonce la prévenue en pleurs expliquant pourquoi elle a décidé d’abandonner le cadavre de Nikita dans le Tarn.

« Je voulais qu’elle retrouve la nature… Elle était pucée, je l’habillais quand il faisait froid, elle me manque beaucoup. Je savais que l’on me retrouverait ». Et de conclure : « J’ai conservé ses cendres, elle est toujours avec moi ».

Des explications peu convaincantes

Des explications qui n’ont guère convaincu les avocats des nombreuses associations de défense animale s’étant constituées partie civile de la fondation Brigitte Bardot à la SPA. « Elle a voulu dissimuler les faits en jetant l’animal dans le fleuve et poursuit sa soirée en allant boire des verres », soutient Me Estelle Terrien, du barreau de Mont-de-Marsan réclamant 2 000 € de dommage moral et la requalification des faits en acte de cruauté. « Cette chienne a vécu un calvaire », plaide Me Caroline Cherel interrompue dans l’énoncé de ses multiples demandes de dommages et de frais d’avocats par son confrère à la défense. « C’est bon ! Ce n’est pas sérieux, on ne peut pas demander cela », s’époumone Me Pierre Alfort. « Je suis en défaillance de mots pour décrire le martyre de ce chien », s’exclame Me Grillon, les photos de l’animal mort à la main.

L’avocat de l’association Stéphane Lamart ne s’explique pas comment la conductrice n’a pas vu dans son rétroviseur gauche son chien traîné sur la route. « Ce n’est pas un angle mort ! », tonne-t-il avant de demander, lui-aussi, quelques 4 000 € de dommage moral. Après les réquisitions à 500 € d’amende pour Eva et 100 € pour son son ex-compagnon, Me Alfort ne peut que louer le ministère public qui ne reconnaît pas l’acte de cruauté dans cette affaire, juste un « malheureux concours de circonstances ». « C’est un accident, oui. C’est vrai que le fait d’aller après au resto est limite et désagréable dans ce dossier mais ce n’est pas cela que l’on juge », plaide l’avocat toulousain indiquant que sa cliente à des problèmes psychiatriques, et a absorbé des antidépresseurs avec de l’alcool. « Cela explique, sans doute, qu’elle n’ait pas vu son chien ».

Une prévenue sous escorte

Le verdict a été mis en délibéré au 31 août. Entourée d’une dizaine de policiers, Eva doit attendre sur les marches du palais de justice que les militants de la cause animale très énervée par ces réquisitions, se calment pour pouvoir quitter les lieux.

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