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Violences au Mirail : les raisons d’un embrasement

Posted On 18 Avr 2018
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Pourquoi ce soudain embrasement depuis dimanche soir dans le quartier du Grand Mirail à Toulouse ? Plusieurs motifs sont évoqués, notamment par les protagonistes sur les réseaux sociaux.

L’annonce de la mort, ce week-end, de Jaouad S., 27 ans, un détenu de la maison d’arrêt de Seysses placé à l’isolement aurait mis le feu aux poudres. Certains messages sur Snapchat l’évoquent, au milieu d’un flot d’injures, en appelant à l’émeute. «Ils ont pris un frère. Il a tapé à la porte de la salle d’attente, ils l’ont démonté jusqu’à l’étouffer. C’est inimaginable.» Ces messages demandent aux habitants des quartiers de se réunir à la Reynerie : «Venez tous, on va faire une dinguerie. Venez chargés de mortiers les gars.»

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Le détenu a été retrouvé mort dans sa cellule samedi soir. Le médecin légiste ainsi qu’un membre du parquet ont constaté que sa mort par asphyxie pourrait être due à un suicide par pendaison. Une thèse à laquelle ne croient pas les membres de la famille de Jaouad S., ni certains détenus de la maison d’arrêt de Seysses qui propagent, depuis, vers l’extérieur, la rumeur d’une altercation avec un surveillant pénitentiaire qui aurait mal tourné. Dans cette affaire, une enquête est ouverte pour «recherche des causes de la mort».

Jaouad, simple prétexte ?

Mais la mort de Jaouad S., originaire des Izards, un autre quartier difficile de Toulouse, n’est-elle pas uniquement un prétexte ? Ces émeutes ne traduisent-elles pas un mal-être plus profond ancré depuis des mois au sein de la Reynerie. Le contrôle d’une femme porteuse d’un voile intégral, dimanche soir vers 17 h 30, et qui avait refusé de découvrir son visage, avait abouti au placement en garde à vue de cette dernière pour rébellion. Un élément supplémentaire ? Hier après-midi, au cours d’une réunion publique, des habitants du quartier pointaient du doigt des contrôles accrus et «de plus en plus musclés» ces derniers mois, évoquant l’interpellation d’un jeune homme sous les yeux de sa mère sur un parking. Arrestation suivie de la rébellion de la maman et de jets de lacrymo.

Lutte contre les trafics

La Reynerie a été marquée par deux règlements de comptes mortels très violents coup sur coup, aux mois de juillet et d’août dernier, autour de la place Abbal, centre des émeutes de ces derniers jours. Le Parquet comme les forces de police exercent une pression sans relâche dans ce secteur en matière de lutte contre les trafics de produits stupéfiants. Des trafics qu’ils parviennent à déstabiliser en interpellant chaque jour dealers et guetteurs mais aussi en réalisant de grosses prises de drogue, comme au mois d’octobre où des dizaines de kilos de cannabis avaient été saisies et quatorze personnes interpellées.

De quoi attiser les tensions entre une minorité d’émeutiers, dont beaucoup sont instrumentalisés, et les forces de l’ordre qui veulent reconquérir le territoire.

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