Gilles d’Ettore, maire d’Agde, s’oppose vigoureusement à l’installation d’un Quick halal dans sa commune : voir une enseigne nationale réservée à des pratiques de l’islam ne correspond pas à l’idée qu’il se fait de la France une et indivisible. Fortement soutenu par ses administrés, il dit recevoir tous les jours des messages de félicitations.

Vous êtes le maire d’Agde. Un Quick hallal a voulu s’installer dans votre commune.
Pour quelle raison, vous êtes-vous opposé à cette installation ?

Nous avions déjà un Quick qui devait être transformé en Burger King qui a racheté l’enseigne Quick au niveau national. J’avais reçu un dossier en ce sens.
Par la suite, le processus s’est arrêté. J’ai appris à ce moment-là que la société ne voulait pas faire d’investissement sur Agde pour transformer ce restaurant rapide en Burger King.
Elle préférait transformer le Quick existant en Quick hallal pour effectuer des économies puisque cela nécessite forcément beaucoup moins d’investissement.
Lorsque j’ai appris cette nouvelle, mon sang, mon sang de Français j’ai envie de dire, n’a fait qu’un tour. Pour moi, c’est une atteinte lourde à l’unité de notre pays.
L’idée que je me fais de la France n’est pas de voir une enseigne nationale réservée uniquement à des pratiquants de la religion musulmane. J’ai fait savoir aux dirigeants nationaux mon opposition frontale à cette transformation. Il est hors de question qu’en entrée de ville en plus une enseigne comme celle-ci soit réservée de manière sectaire à une certaine clientèle et non plus ouvert à l’ensemble de la population.
Je rappelle que dans l’article 1 de la constitution, la France est une et indivisible. Pour moi, cet émiettement et le fait, de surfer sur une religion n’est pas du tout opportun. De surcroît, il s’agit de l’islam qui pose quand même quelques soucis en ce moment dans notre pays, c’est le moins que l’on puisse dire.

On pourrait vous rétorquer que tout le monde peut manger hallal.

Ils m’ont évidemment dit cela. Mais tout le monde n’a pas envie de manger hallal. Le fait de sacrifier des animaux selon le rituel hallal a un rapport direct avec la religion de l’islam. Cet acte est fait en présence d’un imam. Je suis bien placé pour le savoir pour avoir travaillé pendant dix ans sur la montée de l’islam dans les banlieues à Lyon, je sais exactement comment cela se passe.
De plus, une taxe est perçue à l’occasion de l’abattage des animaux qui vont servir ensuite à faire des steaks pour les Quicks hallal. Cet argent serait ensuite reversé à la mosquée de Lyon puisque c’est elle qui estampillerait cette viande hallal pour le Quick d’Agde.
Il est hors de question que les consommateurs locaux financent une mosquée, quelle qu’elle soit. Le principe de laïcité est totalement bafoué dans cette transformation.

Avez-vous des problèmes avec une certaine forme de fondamentalisme religieux dans votre commune ?

Absolument pas. Notre commune est une commune qui ne fait jamais parler d’elle à la différence de Lunel par exemple. On n’a absolument pas de problème lié à l’islam et je n’ai pas envie qu’on en ait.
On sait très bien que ce type de transformation va forcément attirer une clientèle extérieure à la commune et qui risque de poser des problèmes.
Je suis en opposition frontale dans ce dossier dans la mesure où la France a davantage besoin de montrer un visage d’unité et de laïcité plutôt que de sectarisme ou de division au vu de l’ambiance dans laquelle nous sommes aujourd’hui.
Vouloir faire de l’argent sur le dos d’une religion quelle qu’elle soit est totalement décalé et je dirais même irresponsable au regard de la situation que connaît notre pays.

Est-ce compliqué pour un maire de lutter contre ce communautarisme ?

Je suis très soutenu par la population. Je suis très strict sur les principes de laïcité. Dans les écoles publiques, il n’y a pas de régime particulier concernant les religions. Dans les espaces publics, il n’y a pas de temps réservés à telle ou telle population.Tout le monde doit avoir librement accès à tous les espaces publics et à toutes les enseignes nationales.
Si on commence à mettre le petit doigt là-dedans, c’est la porte ouverte à toutes les dérives possibles et imaginables.