Les caïds des routes exaspèrent les habitants. Le Pays de Montbéliard n’échappe pas au phénomène grandissant des rodéos urbains. Face à leur multiplication, la loi avait été renforcée en août dernier. Les auteurs encourent 1 an de prison, 15 000 € d’amende, 2 ans et 20 000 € avec des circonstances aggravantes (la réunion, par exemple) et 3 ans et 45 000 € si le pilote était sous l’emprise de l’alcool ou de stupéfiants. « Le texte prévoit aussi le délit d’incitation au rodéo et la confiscation obligatoire des véhicules ayant servi pour ces infractions », relève le commissaire central, Nicolas Grayer. Mais l’arsenal juridique ne suffit pas.

Les pilotes viennent au contact

La provocation semble être le credo de ces fous du volant ou du guidon qui, désormais, se déplacent en masse. Les défis sont lancés sur les réseaux sociaux. Objectifs : réunir un maximum de pilotes, faire un maximum de bruit, « une symphonie » dans le jargon, prendre tous les risques, narguer les autorités.

Exemple éloquent le 12 mai dernier. Vers 18 h 15, une trentaine d’engins, la plupart non homologuée pour circuler sur le macadam, déboulent devant le commissariat dans un vrombissement infernal. L’envie d’en découdre est claire. La plupart des motards, conducteurs de quad ne sont pas casqués et multiplient les acrobaties. Certains ont le visage caché par des bandanas.

« On a conscience que c’est un problème majeur »

À la vue des policiers, les doigts d’honneur sont légion. Le cortège s’oriente vers la Petite-Hollande où les policiers sont acculés, agressés. Un épais pavé a traversé le pare-brise d’une voiture siglée. Un motard fonce dans un autre véhicule, décrochant son rétroviseur. Un fait parmi tant d’autres mais qui, par son ampleur, justifie l’ouverture d’une enquête préliminaire d’envergure : « C’était la première menée dans le cadre de cette nouvelle loi », indique le patron des policiers.

Elle portera ses fruits. Sept auteurs présumés identifiés (dont des propriétaires d’engins), quatre deux-roues saisis. « On a conscience que les rodéos sont un problème majeur. Nous avons remis en place des opérations pour lutter contre ce phénomène avec l’appui de la brigade motorisée, des motards CRS et en y associant la police municipale et les bailleurs sociaux ».

Ainsi, les 5 et 9 juin, trois quartiers étaient sous surveillance, la Petite-Hollande (Montbéliard), les Champs-Montants (Audincourt) et les Buis (Valentigney) car il est désormais établi que les habitants désœuvrés des quartiers – anciens frères ennemis- s’allient pour jouer les cow-boys sur les routes.

Des infractions ont été constatées et deux motos de cross saisies. Les contrôles de ce type vont être menés tambour battant jusqu’à la fin de l’été. Objectifs : mettre un coup d’arrêt au gymkhana de ces chauffards dont les délires et prises de risques insensées – toutes les acrobaties sont filmées- polluent les réseaux sociaux.

Aude LAMBERT