Des arrestations ? « On n’est pas au courant », répond ce vendeur de bretzels et de hamburgers ardennais. Il a fait plutôt doux, hier, au premier jour du marché de Noël de Reims. Puis une forte pluie a perturbé le début de soirée. La météo y était davantage commentée que l’interpellation, les deux jours précédents, de six personnes. L’information a circulé que cela pourrait être lié à un projet d’attentat. Le procureur de la République Matthieu Bourrette a réagi en estimant « particulièrement hasardeux de parler de menace terroriste sur Reims en l’état des investigations ».

De fait, la section antiterroriste du parquet de Paris n’a pas été saisie, même si elle a été régulièrement informée. D’emblée, il s’avère aussi que ces arrestations n’ont rien à voir avec les trois autres effectuées lundi et mardi à Reims, Saint-Dizier et Revin (Ardennes) dans le cadre de l’enquête sur les attentats de janvier 2015 à Paris. De source proche de l’enquête, l’hypothèse d’un braquage de chalets de Noël est à l’origine de cet autre coup de filet. Une arme longue aurait par ailleurs été trouvée. Il y a une semaine, des renseignements ont conduit le parquet de Reims à confier au SPRJ une enquête préliminaire « pour des faits de nature criminelle sous la qualification juridique de droit commun ». Originaires de Reims, de l’Aube et des Ardennes, les personnes arrêtées ont été placées en garde à vue. Elles seraient déjà connues des services de police pour des délits de droit commun.

« Ah ! », s’exclame ce Rémois en train d’admirer des miniatures en bois. Il ne savait pas, se dit choqué, mais sans manifester spécialement d’inquiétude. « De toute façon, on est en sécurité nulle part », commente-t-il. «On ne s’attend pas à ce genre de choses », réagit, attristée, une vendeuse de petits luminaires. Mais elle ne s’inquiète pas plus que ça. « C’est très sécurisé ici ».

Face à l’entrée principale de la cathédrale Notre-Dame, au bout du parvis, sept rangées de barrières sont là pour faire serpenter les visiteurs, permettre la fouille des sacs et les palpations.

Caméras aux entrées

A l’instar de toutes les grandes manifestations publiques en France, le marché de Noël de Reims a intégré la notion de menace comme celle de périmètre de sécurité prévu par la loi. Depuis 2016, à la demande des services de l’Etat, il a quitté la grande place d’Erlon pour se concentrer autour de la cathédrale Notre-Dame et des rues adjacentes. Le nombre de chalets est resté identique d’une année sur l’autre, 145. Mais c’est plus facile à sécuriser. Des caméras de surveillance équipent les cinq entrées, les contrôles sont quotidiens. L’an dernier, il a accueilli 1,5 million de visiteurs. Deux millions sont attendus cette année. Du 23 décembre au 7 janvier, certains d’entre eux pourront même boire du champagne à bord de la grande roue.

Catherine DAUDENHAN