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RDC: journée de protestation à Kinshasa, quadrillée par la police

Reuters1 janvier 2018
JOURNÉE DE PROTESTATION À KINSHASA
Les forces de sécurité de la République démocratique du Congo (RDC) ont tué au moins sept personnes dimanche lors de manifestations contre le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila (photo), rapportent les Nations unies. /Photo prise le 23 septembre 2017/REUTERS/Eduardo Munoz

KINSHASA (Reuters) – Les forces de sécurité de la République démocratique du Congo (RDC) ont tué au moins sept personnes dimanche lors de manifestations contre le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila, rapportent les Nations unies.

Trois personnes ont perdu la vie dans la capitale, Kinshasa, a déclaré le porte-parole de la police nationale, Pierrot Mwanamputu. Un quatrième décès a été signalé dans la ville de Kananga par des associations de défense des droits de l’homme.

Mais selon la porte-parole de la mission de maintien de la paix de l’Onu, Florence Marchal, les forces de l’ordre ont tué au total sept personnes à Kinshasa.

D’après les informations recueillies par l’Onu, 123 personnes ont en outre été arrêtées à Kinshasa et dans le reste du pays, parmi lesquelles plusieurs prêtres. Il y a également eu des dizaines de blessés, dont certains gravement atteints.

La police a confirmé avoir procédé à des interpellations de manifestants qui avaient bloqué des rues et incendié des piles de pneus, sans en préciser le nombre.

La police et l’armée ont multiplié les contrôles dimanche dans Kinshasa et tiré des cartouches de gaz lacrymogène contre des opposants rassemblés devant une église.

Cette journée de mobilisation était organisée par des organisations catholiques. En RDC, 40% de la population est catholique et l’Eglise jouit d’une forte crédibilité.

RASSEMBLEMENTS INTERDITS

La hiérarchie ne soutenait toutefois pas officiellement l’appel à manifester, lancé par des mouvements laïcs.

Ces derniers réclament que le chef de l’Etat s’engage à ne pas modifier la Constitution et à ne pas briguer un troisième mandat. Les organisateurs de la contestation demandent aussi la libération de prisonniers politiques.

Le gouvernement a interdit tout rassemblement de plus de cinq personnes et dans toute la capitale, policiers et militaires fouillaient les véhicules et vérifiaient les identités de leurs passagers.

Les autorités congolaises avaient ordonné la veille aux opérateurs de télécommunications de couper l’accès à internet et aux services de SMS dans tout le pays.

Devant la cathédrale Notre-Dame-du-Congo, dans le quartier de Lingwala, où le chef de l’opposition Félix Tshisekedi assistait à la messe, des dizaines de membres des forces de sécurité sont intervenus pour bloquer une centaine d’opposants qui s’apprêtaient à entamer une marche.

A la paroisse Saint-Michel, dans le quartier de Bandalungwa, les forces de sécurité ont tiré des cartouches de gaz lacrymogène dans l’enceinte de l’église, a déclaré à Reuters le dirigeant de l’opposition Vital Kamerhe, qui était présent à la messe. L’intervention des forces de l’ordre a provoqué des scènes de panique, a-t-il ajouté.

Dans une autre église du quartier populaire de Barumbu, des policiers ont eu recours à du gaz lacrymogène et des grenades assourdissantes pour disperser 300 fidèles brandissant des Bibles et chantant des chants religieux.

Majorité et opposition ont conclu le 31 décembre 2016 un accord autorisant Joseph Kabila à rester au pouvoir après l’expiration de son second et dernier mandat tout en l’obligeant à organiser d’ici la fin 2017 une élection pour lui désigner un successeur. Mais ce scrutin a été repoussé par la commission électorale au 23 décembre 2018.

(Aaron Ross, Jean-Stéphane Brosse, Henri-Pierre André et Gilles Trequesser pour le service français)

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