En 2015, les Messins ont découvert avec surprise et amertume la contravention à 135 euros mise en place par décret sous la présidence Hollande. Soudain et comme tous les Français, ils se sont vu soumis à un durcissement de la loi sur le stationnement dit « très gênant ». À savoir, parquer son véhicule sur un passage clouté, dans un couloir de bus, en travers d’une piste cyclable, devant une bouche d’incendie, sur un emplacement pour handicapé…

En somme, depuis deux ans, il vous en coûte ni plus ni moins que 100 euros de plus si vous enfreignez la loi. Salé. De quoi vous faire réfléchir à deux fois avant de jeter votre voiture au bas de votre immeuble ou de garder vos bonnes vieilles habitudes de la stocker devant votre porte de garage plutôt que dans votre garage.

Dernier avertissement

Évidemment, cette augmentation, qui est, en fait, un élargissement à toutes les infractions de la contravention pour stationnement sans autorisation sur une place GIC (grand invalide civil), a fait crisser les automobilistes, même les plus sages. Car, 135 €, c’est presque 10 % d’un Smic, un chariot de courses, un budget.

En mairie de Metz, on est conscient que le montant ait pu faire s’époumoner le citoyen. C’est pour cette raison que l’adjoint à la sécurité, Sébastien Koenig, a demandé pour quelque temps encore à la police municipale de faire preuve de discernement et d’ajuster la sanction.

Et pour être complet et éviter l’effet couperet, en ce mois de janvier, une nouvelle campagne de sensibilisation a été mise en place dans certains secteurs de la ville.

En attendant les papillons

Les agents verbalisateurs y ont pour consigne de coller un flyer sur les pare-brise plutôt qu’un papillon. « La police municipale n’est pas là pour matraquer, explique l’élu. On ne peut pas à proprement parler de tolérance. Nous avons simplement préféré passer par une nouvelle séquence d’information là où il nous est apparu possible de corriger les comportements sans avoir à les sanctionner lourdement, immédiatement. Et ça semble fonctionner. »

Si vous en avez été destinataire, l’avertissement vaut pour tout le mois de janvier. Ensuite, les irréductibles qui n’auront pas compris le message seront mis à l’amende.

Tolérance zéro

Il va de soi que cette application momentanée et raisonnée de la loi ne vaut que pour des endroits précis où « il n’y a pas de mise en danger réel et manifeste de la vie d’autrui », indique Sébastien Koenig.

Comprendre qu’un stationnement vraiment « très gênant » le reste et ne souffrira, lui, d’aucune mansuétude. « Pour moi, il est inacceptable de se garer sur un passage piéton, une place GIC ou d’encombrer un trottoir en obligeant un piéton, une poussette ou, pire, un fauteuil roulant à descendre sur la route », prévient Sébastien Koenig. La police municipale, en ce cas, a pour ordre de demeurer inflexible, quels que soient le jour de la semaine et l’heure de la journée. Et elle a été appelée à se montrer particulièrement vigilante sur les arrêts sauvages autour des établissements scolaires et des garderies.

De « gênant » à « très gênant »

Pour le stationnement « gênant », qui concerne les automobilistes mal garés, mais n’importunant pas les cyclistes et les piétons, l’amende s’élève toujours à 35 euros. « Cette catégorie représente la grande majorité des infractions relevées », observe l’officier Bruno Szalamacha. Le lieutenant de la police messine précise aussi qu’en cas de non-paiement de son PV dans les temps, de fortes majorations s’appliquent qui peuvent atteindre 375 € pour une prune initiale à 135 €.

En revanche, si vous payez à réception de votre notification, votre amende ne sera que de 90 €. Ne pas l’oublier sur l’étagère, entre les quittances de gaz et d’électricité, donc.

500

En 2017, 500 procès-verbaux pour stationnement sur les GIC (places pour grands invalides civils) ont été dressés à Metz ; 4 105 l’ont été pour un stationnement sur un trottoir

(à noter qu’en sont exclus les cyclomoteurs dont l’amende a été maintenue à 35 €), 259 pour s’être calé sur une piste cyclable, 19 pour avoir planté sa voiture devant une bouche d’incendie, 38 dans un couloir de bus et 548 sur un passage protégé. Tout cet argent ne retombe pas dans la poche des Messins. Il est censé servir à améliorer les infrastructures routières et les transports en commun. Ce magot est versé dans une caisse commune, nationale, puis réparti sur le territoire. Du moins, en théorie. Car, en pratique, il sert surtout à payer la dette du pays. En 2016, une enquête de nos confrères d’ AutoPlus révélait, en effet, que sur le pactole d’1,85 milliard d’euros attendus en 2017 des contraventions, 438,5 millions d’euros sont allés au remboursement de la dette. Soit 23,7 % des PV.

« Pour moi, il est inacceptable de se garer sur un passage piéton, une place GIC ou d’encombrer un trottoir »

Thierry FEDRIGO.