Deux ans désormais que la police municipale de Limoges est armée. « Depuis l’assassinat de la policière municipale Clarissa Jean-Philippe à Montrouge, par le terroriste Coulibaly, qui a conduit le maire à prendre cette décision »rappelle Cyril Sarlin, directeur de la sécurité.
Aujourd’hui, une cinquantaine de policiers municipaux sont armés d’un revolver 38 (reçus de la police nationale, désormais équipés de pistolets SIG Sauer), en plus d’un tonfa, d’une matraque télescopique et d’une bombe aérosol. Et ça change tout. « Bien sûr que cela nous apporte plus d’assurance, vu que nos missions sont désormais étendues à des interventions. Et cela impose plus le respect », témoignait le chef Denis Delaunay, lors de notre reportage dans les coulisses de la police municipale, en février dernier.
Une arme… de dissuasion
« Désormais, nous avons des missions de surveillance et d’intervention, de jour comme de nuit, justement parce que nous sommes armés. Nous pouvons intervenir sur toute situation, des violences conjugales, des regroupements violents, ou comme en cette période la sécurisation des commerces face aux vols à main armée », renchérit Cyril Sarlin, qui insiste sur le caractère « dissuasif » de cette arme visible. C’est aussi « une forme de reconnaissance des municipaux, qui sont ainsi pleinement la troisième force de sécurité », assure leur patron.
Un chiffre
6000 : Le nombre d’interventions de la police municipale cette année à Limoges, dont 80 % dans le centre-ville. Avec pour l’heure près de 200 interpellations.
Cette nouvelle capacité d’action s’est logiquement accompagnée d’une évolution de la formation de ces policiers. « En plus de leur formation à l’école de police, ils suivent 15 jours de formation préalable à l’armement, qui doit leur permettre d’obtenir un agrément, avant d’être autorisé à porter un revolver. Et nous avons deux moniteurs spécialement formés pour assurer ensuite les entraînements au tir » (lire ci-dessous), détaille le directeur de la sécurité. « Nos agents ont aussi, ce qui est assez rare, un suivi médical et psychologique, car ils sont désormais, de par leurs interventions, confrontés à des situations dangereuses et stressantes. »
En deux ans, les policiers municipaux de Limoges n’ont pas tiré un seul coup de feu, hormis dans les cibles du centre de tir de Beaune-les-Mines. Rassurant. Car cela doit rester « l’ultime recours »
« Nos agents ont un suivi médical et psychologique », souligne Cyril Sarlin, directeur de la sécurité à la Ville de Limoges.
Entraînement et procédure en cas d’usage
« Légitime défense », « état de nécessité », « autorité légitime », les policiers municipaux doivent connaître précisément le cadre d’emploi de la force, a fortiori de leurs armes à feu. Des principes rabâchés à l’entraînement, deux fois par mois, lors des séances de techniques de police et d’intervention. Mais aussi lors des quatre journées annuelles de formation au tir, à Beaune-les-Mines.« C’est le maximum prévu par la loi », cadre le directeur de la sécurité de la ville de Limoges.
Que se passe-t-il, le jour où un policier municipal fait usage de son arme sur quelqu’un?? « La première chose évidemment, si la situation le permet, est que le policier doit apporter les premiers secours à l’individu blessé. Très rapidement, des renforts seront sur place, notamment la police nationale. Celle-ci va prendre l’arme du policier municipal, puis procéder à son audition, ainsi que celle de tous les témoins éventuels, récupérer des images de vidéosurveillance… Cette procédure doit établir les circonstances dans lesquelles le policier a fait usage de son arme, pour répondre à la question : était-il en état de légitime défense?? Si oui, et après un suivi psychologique, le policier peut reprendre son service sur le terrain. Si ce n’est pas le cas, la procédure judiciaire suivra son cours, avec une éventuelle mise en examen, comme pour tout citoyen », explique Cyril Sarlin.
Julien Bigay