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Nouveau récit du meurtre de Cintia : Jean-Baptiste Rambla ou les démons du «Pull-over rouge»

Posted On 11 Déc 2017
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Cintia Lunimbu avait 21 ans et venait de s'installer dans son appartement./ Photo DR
Cintia Lunimbu avait 21 ans et venait de s’installer dans son appartement./ Photo DR

Pour la première fois, Jean-Baptiste Rambla, accusé du meurtre de Cintia, égorgée chez elle à Toulouse en juillet 2017, s’est expliqué devant la juge d’instruction. Il a livré un nouveau récit du crime, hanté par l’affaire Ranucci.

Cinq mois après le meurtre sanglant de Cintia Lunimbu, 21 ans, égorgée chez elle, quartier Arnaud-Bernard à Toulouse, Jean-Baptiste Rambla, 49 ans, auteur présumé du crime, poursuit sa longue introspection derrière les barreaux de la maison d’arrêt de Seysses.

Sorti de l’isolement depuis fin novembre, il a réservé ses nouvelles explications à la juge d’instruction, Ethel Blans, qui pour la première fois a procédé à son interrogatoire, mercredi 6 décembre, au TGI de Toulouse. «On a le sentiment qu’il est résolu à avancer sur la compréhension de ses actes. Il se voit comme un monstre et veut comprendre le mal qu’il a fait», expliquent ses avocats, Mes Frédéric David et Aurélie Joly.

Rambla évoque une agression

Ce matin du 21 juillet 2017, Rambla veut se rendre chez un ami quartier des Minimes à Toulouse. Peu de temps avant, dans la nuit, il aurait été victime d’une agression au taser, par un couple, quartier Empalot où il réside. Son ami n’étant pas à son domicile, il repart en direction d’Arnaud-Bernard. Selon sa nouvelle version, il se serait arrêté jardin d’Embarthe, un lieu de détente, mais aussi un site souvent fréquenté par les dealers du coin. Après une prise de cocaïne, il aurait repéré une «silhouette» au dernier étage de l’immeuble surplombant le jardin. Une forme humaine lui rappelant la femme qui l’aurait agressé avec son compagnon à Empalot. Il monte au quatrième étage et frappe à deux portes sur le palier. Seule la porte de droite s’ouvre sur le visage lumineux de Cintia. Elle est frappée au visage et égorgée. Son meurtrier maquille la scène en cambriolage et se débarrasse des affaires personnelles de la victime. Son corps est retrouvé le 27 juillet par les pompiers alors que les proches de Cintia avaient donné l’alerte n’ayant plus de ses nouvelles.

La famille de Cintia convaincue de la «préméditation»

Pourquoi un tel déchaînement de violence ? A-t-il inventé ce scénario pour échapper à la préméditation ?

Rambla prétend toujours ne pas connaître Cintia, une jeune femme sans histoire, et affirme ne pas l’avoir suivie. Il ne s’explique pas sur le mobile du crime. Jusqu’ici, les versions de Jean-Baptiste Rambla sont restées très floues, renforçant la colère de la famille de la victime qui, elle, évoque un «assassinat», «un acte prémédité», selon le père de Cintia, défendu par Me Pibouleau.

Rambla a déboulé au domicile de Cintia avec un cutter et des gants à usage unique dans son sac. «Il l’a suivie et l’avait repérée auparavant», insiste le père de la victime, convaincu que le crime de sa fille a été «préparé».

Pour la partie civile, cette nouvelle version est «absurde». «Il se dit que le hasard comme seul explication du crime n’est pas crédible. Alors il se raccroche à autre chose, à ce scénario inventé avec une histoire d’agression dont il se dit victime pour cacher une autre réalité, celle d’un acte prémédité», poursuit Me Marie-Hélène Pibouleau.

Récidive

Rambla avait été condamné à 18 ans de réclusion criminelle pour le meurtre en 2005 de son employeuse à Marseille. En février 2015, il bénéficie d’une libération conditionnelle. Pour motiver sa décision, le juge s’est appuyé notamment sur une expertise psychiatrique considérant nuls les risques de récidive. Un homme dont le passé est marqué au fer rouge par l’affaire de l’enlèvement de sa sœur auquel il avait assisté en 1974… Le début de l’affaire Ranucci (lire ci-contre). «Ce passé l’a traumatisé à vie. Il en veut à toutes ces personnes convaincues de l’innocence de Christian Ranucci», affirment les conseils de Rambla, Mes David et Joly.


L’affaire Ranucci, un détonateur

Hanté par l’enlèvement et le meurtre de sa sœur Marie-Dolorès, en 1974 à Marseille, et pour lesquels Christian Ranucci a été guillotiné en 1976, Jean-Baptiste Rambla (photo), témoin des faits alors qu’il était âgé de 6 ans, n’a de cesse d’évoquer cet épisode tragique de sa vie. Un drame de l’enfance qui semble agir comme un puissant détonateur. Une affaire dont le retentissement médiatique avait atteint des sommets avec la parution du livre choc de Gilles Perrault, «Le pull-over rouge», dans lequel l’écrivain est convaincu de l’innocence de Ranucci. Au cours de l’enquête sur l’enlèvement de sa sœur, Jean-Baptiste Rambla avait été interrogé en tant que témoin par les policiers. Il n’avait pas reconnu formellement Christian Ranucci. L’enquête s’était très vite orientée vers cet homme finalement condamné à la peine de mort.

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