Des cercles dessinés sur la chaussée, rue du Gibet à Montigny-lès-Metz, matérialisent l’endroit où ont été récupérées des douilles de cartouches de fusil par les forces de l’ordre. Ces stigmates attestent encore, dimanche au matin, de la soirée de tension qui a plongé les riverains dans la stupeur, samedi.

Au Café de l’Étoile, en fin de matinée dominicale, les clients, tous témoins de ce qui s’apparente à un pétage de plombs du voisin du bar, évoquent un épisode d’une rare violence autour de ce sexagénaire décrit « comme plutôt calme et correct ». Samedi soir, il a provoqué une véritable scène de panique après avoir tiré sur des policiers en pleine rue. Vers midi dimanche, il était de retour à son appartement, encadré par les forces de l’ordre qui devaient y procéder à une perquisition.

Retour sur une soirée qui a viré au cauchemar.

 Giovanni, patron du café, a recueilli la compagne terrorisée. Photo RL /Maury GOLINI Photo HD Giovanni, patron du café, a recueilli la compagne terrorisée. Photo RL /Maury GOLINI

Samedi peu après 21 h 30

Une dizaine de clients se trouve dans le bar de Giovanni, rue du Gibet, lorsque la voisine surgit, terrorisée. « Elle crie que son compagnon veut la tuer avec un fusil », raconte le gérant du café. « Elle a des douilles dans les mains. J’ai tout de suite composé le 17 et une patrouille de police est arrivée » Les agents de la brigade de surveillance du territoire, arrivés de Metz, apprennent de la victime que son compagnon, resté dans leur appartement, au second étage de l’immeuble contigu, détient des armes et veut mettre fin à ses jours.

Puis « les policiers sont sortis », raconte David, « et les tirs ont tout de suite commencé. » Le forcené, posté à une fenêtre de son logement, arrose les policiers, qui, heureusement indemnes, se remettent à couvert le long des façades. « On nous a demandé de baisser les volets », se souvient Giovanni.

 Les cercles verts matérialisent les endroits où ont été retrouvées les douilles des balles tirées. Photo RL /Maury GOLINI Photo HD Les cercles verts matérialisent les endroits où ont été retrouvées les douilles des balles tirées. Photo RL /Maury GOLINI

Échec des échanges verbaux

Les renforts se déploient sur les lieux, des patrouilles arrivent d’Hagondange et de Thionville. Un cordon de sécurité est installé. La tension monte de plusieurs crans alors que le sexagénaire retranché vient de faire la démonstration de sa détermination. Le Raid est informé et se met en route depuis Nancy. Entre-temps, des pourparlers sont tentés avec le tireur, en vain.

Un client du bar raconte avoir senti que la situation prenait une nouvelle tournure lorsque « un policier s’est posté en face. Il visait avec son arme, des collègues levaient des lampes torches vers la fenêtre… » À près de 22 h, un fonctionnaire de police décide de riposter et touche le forcené à l’épaule. Désarçonné, choqué par l’impact, l’homme opte pour la reddition sur-le-champ. Les forces de l’ordre n’ont plus qu’à aller le chercher. L’intervention du Raid ne sera donc finalement pas nécessaire.

« Le sexagénaire a été soigné dans la soirée et son état est devenu compatible avec une garde à vue », explique Nicolas Hoarau. Le commissaire de police a salué le sang-froid de ses hommes, leur efficacité. Le Montignien s’expose désormais à des poursuites pour tentative de meurtre sur des policiers.