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Meurtres de Christophe et Célia Orsaz en Ariège : la théorie des « amants diaboliques »

Posted On 13 Juin 2018
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Trois jours après l’interpellation de quatre personnes – trois hommes et une femme – dans le cadre de l’affaire des « Disparus de Mirepoix », le scénario qui a conduit à la mort de Christophe et Célia Orsaz, fin novembre 2017, se précise.

Ce mardi, nous révélions qu’au cours des interrogatoires conduits par les gendarmes de la SR de Toulouse, l’un des quatre suspects avait passé des aveux sur le meurtre du jardinier ariégeois et de sa fille, et conduit les enquêteurs aux endroits distincts où six mois plus tard, reposaient encore les corps des victimes.

Grâce aux informations recueillies par La Dépêche du Midi et aux détails livrés ce mercredi par Pierre-Yves Couilleau, procureur de la République de Toulouse, les circonstances dans lesquelles Christophe et Célia Orsaz ont été tués commencent à se dessiner.

Au moment des faits, Marie-José Montesinos et Jean-Paul Vidal sont amants, alors que quelques mois plus tôt, la relation orageuse entre l’infirmière et Christophe Orsaz s’est interrompue. Marie-José Montesinos que l’on présente comme une « femme dominatrice », n’aurait pas supporté cette rupture, comme le suggéreraient les échanges de courriels retrouvés par les enquêteurs dans l’ordinateur de la victime.

L’infirmière qui fréquente des sites libertins et de rencontres, fait la connaissance de Jean-Paul Vidal, 47 ans, mécanicien à Bélesta. L’homme est fasciné par cette femme de dix ans son aînée qui aurait pu jouer de son physique et de sa force de persuasion pour manipuler son nouveau compagnon.

Les gendarmes sont intervenus mardi 12 juin dans un hameau de Bélesta./ Photo DDM, Athina Juge

Marie-José avait l’habitude de se montrer très généreuse

Elle lui aurait parlé de son aventure avec Christophe Orsaz, le présentant comme un homme violent et dangereux qui pourrait attenter à ses jours. Elle aurait évoqué aussi une dette d’argent, 10 000€ que lui devrait le jardinier. Rien ne semble confirmer ce qui paraît s’apparenter à des mensonges et des arrangements avec la vérité…

Avec la plupart de ses conquêtes, Marie-José avait l’habitude de se montrer très généreuse : invitations au restaurant, cadeaux, dépannages financiers parfois. Des dépenses qui pouvaient constituer un investissement sur l’avenir : passés le coup de foudre, la passion des débuts, et que survenaient les premières disputes avec ses amants, l’infirmière rappelait ses largesses et reprenait parfois l’ascendant sur les hommes qui se sentaient redevables.

Sur Jean-Paul Vidal, son emprise est, semble-t-il, totale. Selon nos informations, Marie-José Montesinos aurait rédigé de fausses lettres de menaces attribuées à Christophe Orsaz qu’elle aurait montrées au mécanicien pour le convaincre de la protéger et d’agir. Et c’est ainsi que le couple de l’époque aurait échafaudé le guet-apens dans lequel seraient tombés Christophe Orsaz et sa fille le 30 novembre 2017.

Ce jour-là, le jardinier qui a été contacté quelque temps plus tôt par les suspects qui s’étaient faits passer pour des clients, pense se rendre à un rendez-vous professionnel à Bélesta, au hameau de Picaussel. Sa fille qu’il doit conduire à Pamiers, où elle doit prendre le train pour Toulouse, l’accompagne.

Voulaient-ils le tuer ou « lui donner une leçon » ?

Sur place, Célia reste dans la voiture en regardant son père s’éloigner vers les ruines du hameau où l’attendent Jean-Paul et Marie-José. Ont-ils prévu de le tuer, où veulent-ils seulement « lui donner une leçon » ?

Sur cette question, les aveux obtenus auprès des deux principaux suspects par les enquêteurs divergent. Jean-Paul Vidal qui aurait craqué le premier aurait indiqué aux gendarmes avoir agi « pour sauver Marie-José ». Tapis dans l’une des maisons de Picaussel, les deux agresseurs présumés sont en tout cas venus armés, fusil de chasse et barres de fer. Dès le mois d’octobre 2017, ils pourraient être venus en repérage ici, et avoir mesuré la trappe de la fosse septique dans laquelle ils avaient peut-être déjà envisagé de dissimuler le corps de leur victime.

Quand apparaît Christophe Orsaz, le malheureux est accueilli par une volée de coups qui auraient été portés par les deux amants. Le jardinier serait toutefois parvenu à fuir, poursuivi par Jean-Paul Vidal et Marie-José Montesinos.

Ouverture de la fosse septique dans laquelle le corps de Christophe Orsaz avait été caché./ Photo DDM, Angel Cavicchiolo

Achevé sous les yeux de sa fille

Le couple aurait alors achevé l’homme, probablement sous les yeux de sa fille qui, hurlant, se serait enfermée dans la voiture. Découvrant la présence de ce témoin gênant, le mécanicien serait parvenu à entrer dans le véhicule, aurait ficelé et bandé les yeux de la jeune fille et l’aurait transportée jusqu’à Espezel, dans l’Aude, suivi par Marie-José Montesinos.

Arrivé à Espezel où la voiture de Christophe Orsaz a été retrouvée incendiée, le mécanicien aurait abattu Célia d’un coup de fusil dans la tête. Les deux principaux suspects qui bénéficient toujours, à ce stade des investigations, de la présomption d’innocence, devaient être présentés ce mercredi après-midi devant les juges, en vue d’une probable incarcération dans les prisons de Seysses ou Foix.

Les chefs d’inculpation retenus sont « assassinat et meurtre commis en concomitance avec un autre crime ». La préméditation n’est donc pas retenue pour la mort de la jeune Célia. On ignore le rôle joué par les deux autres personnes interpellées dimanche soir, en même temps que Jean-Paul Vidal et Marie-José Montesinos.

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