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Meurthe-et-Moselle Homécourt : le maire visé par une plainte pour détournement de fonds

Posted On 28 Mai 2024
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Jean Toniolo, maire d’Homécourt, est visé par une plainte pour détournement de fonds, ainsi que pour faux et usage de faux.  Photo Archives Frédéric Lecocq
Jean Toniolo, maire d’Homécourt, est visé par une plainte pour détournement de fonds, ainsi que pour faux et usage de faux.  Photo Archives Frédéric Lecocq

Jean Toniolo, le maire d’Homécourt (pays de Briey, en Meurthe-et-Moselle), est visé par une plainte pour détournement de fonds, ainsi que pour faux et usage de faux. Les plaignants dénoncent l’utilisation des deniers de la Ville pour couvrir des dépenses personnelles. Le montant du préjudice s’élèverait à 37 000 €.

La plainte émane d’élus de l’opposition, mais aussi d’une poignée d’anciens membres de la majorité. Tous réunis aujourd’hui sous la bannière « Homécourt citoyenne et transparente ». Ils sont ainsi 14 représentants du conseil municipal à avoir déposé, comme un seul homme, une plainte à l’encontre de Jean Toniolo.

Les accusations ne sont pas anodines : le nouveau groupe d’opposition dénonce du détournement de fonds publics, ainsi que du faux et usage de faux. Selon eux, Jean Toniolo, 57 ans et maire depuis 2020, aurait profité de ses fonctions pour se faire rembourser des dépenses personnelles. Les frais de représentation ainsi que l’utilisation de la carte bancaire de la municipalité (pour régler les fêtes et cérémonies, les animations sociales ou sportives de la commune, ou encore les frais de restauration et/ou d’hébergement des agents communaux) auraient permis de dissimuler ces dépenses privées.

« Plus de 37 000 € de préjudice » selon les plaignants

En conseil municipal, Jean Toniolo a toujours expliqué que ces frais de déplacement ou de restauration étaient liés à des rencontres avec des élus locaux ou régionaux. Les plaignants affirment aujourd’hui que ces dépenses, au contraire, se sont faites dans un cadre privé, en vacances ou lors d’escapades dans l’une ou l’autre région de France.

Anciens bras droits du maire et opposants avancent ainsi des notes de restaurant et des nuitées à Bordeaux, Lyon, sans oublier Paris. Et certaines factures seraient plutôt élevées : les élus frondeurs listent 430 € (pour deux personnes) dans un gastronomique à Strasbourg, 540 € dans un Novotel mais aussi 610 € dans un Pullmann (pour trois nuits). Il y aurait aussi un voyage en avion pour deux personnes à 175 €. En tout et pour tout, l’ensemble de ces dépenses s’élèverait sur quatre ans à 37 000 €.

Une Peugeot 208 électrique

Le groupe de plaignants enfonce le clou en arguant que Jean Toniolo, ex-secrétaire socialiste du secteur de Briey, a fait acheter pour le compte de la commune un véhicule de service, une Peugeot E-208, « pour le détourner à des fins personnelles ». D’après le collectif, « l’usage de ce véhicule n’a fait l’objet d’aucune délibération au sein du conseil municipal, alors que son utilisation est pourtant l’exclusivité du maire ». C’est ce qu’avancent en tout cas les intéressés dans leur plainte, transmise voilà quelques jours à la procureure de la République de Val de Briey.

« Il n’y a rien de politique là-dedans, affirme l’une des voix dudit groupe, sollicitée par nos soins. On a simplement constaté des anomalies qui se sont accumulées au fil des années. Cette plainte a pour but d’avoir des explications. Notre seul intérêt, c’est la transparence. »

Contactés également, Mes Olivier Hurault et Aurore Mikolian, du cabinet Iochum-Guiso-Hulrault qui représente les plaignants, soulignent : « Dans le cadre de ses fonctions, un maire dispose de la possibilité de faire financer des activités en lien avec son mandat. Mais manifestement ici, des dépenses apparaissent comme non justifiées. » Le prochain conseil municipal s’annonce électrique…

Jean Toniolo : « Une vendetta politique »

«Sidéré. En colère. Dégoûté.» Une poignée de mots qui résument l’état d’esprit de Jean Toniolo. «Je n’étais même pas au courant de cette plainte. Mais dès que j’en serai officiellement informé, j’attaquerai en diffamation», annonce-t-il d’emblée. Pour le maire homécourtois, 57 ans, «dont trente-cinq au service de la commune», il s’agit «d’une vendetta politique. Mes ex-alliés de la majorité n’ont pas aimé que je leur retire leurs délégations après le non-vote du budget lors du dernier conseil municipal. Franchement, quel élu de la majorité voterait contre le budget? Je n’avais jamais vu ça. D’où le retrait de ces délégations. Je m’attendais à des prochains mois compliqués, mais pas à une telle action vile et basse.»

«Tout est contrôlé, examiné»

Pour Jean Toniolo, ex-socialiste, les accusations sont «bien sûr sans fondement. Dans le cadre de mes fonctions, je suis amené à rencontrer les autres élus et les acteurs institutionnels ainsi qu’économiques du territoire. D’où ces frais de représentation et de déplacements, également en dehors du territoire car il m’arrive aussi de suivre des formations. Je me rends aussi chaque année au congrès des maires à Paris. Pour ces frais de représentation, je dispose d’une enveloppe annuelle de 2500 €. Et les autres frais sont approuvés en conseil municipal. Tout comme a été voté l’achat de cette E-208, une voiture mutualisée même si je m’en sers à 90 % dans le cadre de mes fonctions de maire mais aussi de vice-président de l’intercommunalité (Orne Lorraine Confluence) chargé du développement économique».

L’élu souligne: «Pendant quatre ans, tout est validé en conseil municipal et soudainement, ces dépenses seraient devenues irrégulières. De toute façon, c’est impossible de tricher car le Trésor public vérifie tout.» C’est ce que dit aussi Me Frédéric Richard-Maupillier, l’avocat de Jean Toniolo: «On parle quand même de comptabilité publique. C’est-à-dire que tout est listé, détaillé, tracé.»

Aux côtés de son avocat «mais aussi des autres élus qui (lui) sont restés fidèles», l’édile va «(se) battre. On ne me poussera pas à la démission».

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