C’est le premier PV de toute ma vie ! Je n’y croyais pas. Quand trois policiers se sont approchés de moi, j’ai pensé à un contrôle d’identité. Après tout, j’étais à Paris, en plein état d’urgence. Ils m’ont demandé si je savais pourquoi ils m’arrêtaient. J’ai dit non. Ils m’ont répondu pour avoir jeté mon mégot par terre et que j’allais être verbalisée. J’étais surprise mais, après tout, je me suis dit : c’est le jeu. J’ai ramassé le mégot et je l’ai jeté dans une poubelle. Je pensais avoir une amende de 15 ou 20 €. Quand ils m’ont annoncé 68 €… ».

Même montant

Marie-Apolline* ne s’en est pas remise ! Cette étudiante nancéienne était il y a quelques jours à Paris pour rechercher un appartement pour la poursuite de ses études. « L’agent immobilier était en retard. J’ai allumé et fumé une cigarette. Et voilà… Des mégots, il y en avait déjà au moins quinze par terre… J’ai le sentiment d’avoir été piégée. Les policiers attendaient que je finisse ma cigarette ! ».

Pour ou contre ce principe ? À chacun sa position. N’empêche : le montant de l’amende, Marie-Apolline aurait pu le connaître. C’est le même à Nancy. La Ville y poursuit d’ailleurs sa campagne de communication sur la propreté qui s’est notamment traduite par une campagne d’affichage plutôt humoristique. Avec dessin à l’appui, les slogans sont du genre : « Raymonde Bronze : pour avoir laissé crotter son chien, 68 € d’amende encourue », « Simon Limondice, pour avoir mis ses déchets à côté du bac, 150 € d’amende encourue », Jack Laflac, pour avoir uriné dans un coin, 68 € d’amende encourue », etc.

Dans cette série, il y a donc « Nicro Crabouille, pour avoir jeté son mégot rue Saint-Jean, 68 € d’amende encourue ».

La sécurité

Les PV ont-ils pour autant suivi à Nancy ou en est-on resté au stade de la sensibilisation, pour ne pas dire de la dissuasion ? Et bien pour l’instant, c’est zéro verbalisation pour un mégot jeté au sol. Le geste est subreptice, pas toujours facile à voir. Mais la menace de l’amende plane, même si on admet à demi-mot en mairie qu’il y a d’autres priorités comme la sécurité. D’ailleurs, la police municipale a notamment dressé une série de contraventions (une trentaine) pour ceux qui confondent un coin de rue, un bout de mur et autre arbuste avec un urinoir ! Les noctambules et autres piétons à la vessie trop pleine n’ont qu’à bien se tenir. Au même titre que les propriétaires de crottes de chiens dont plusieurs ont été la cible de PV.

* L’identité a été changée.

Ghislain UTARD