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Marseille : sous emprise, les jeunes Nigérianes étaient prostituées

Posted On 18 Fév 2018
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Par Laurent d’Ancona18 février 2018 à 8:59

Une vingtaine de prostituées d’origine africaine ont été entendues par les policiers et mises en relation avec une association d’aide aux victimes.

PHOTO ARCHIVES CYRIL HIÉLY

Elles ont accompli un véritable chemin de croix, risqué et éprouvant, au départ de leur Nigeria natal pour atterrir, via une escale en Libye, puis un franchissement de la frontière franco-italienne, sous les lampadaires du centre-ville de Marseille. Des ombres de nuit figées sur des trottoirs glauques.

Recrutées en Afrique par des puissants gangs locaux usant d’une main de fer et faisant miroiter à leurs proies le mirage d’une vie meilleure, ces femmes de 18 à 30 ans étaient dans un premier temps aidées à gagner illégalement la France, en suivant les traces des réfugié(e)s. Avant d’être fermement prises en main, à leur arrivée, par des souteneurs nigérians déjà installés dans la cité phocéenne.

Mardi dernier, après une année d’investigations déclenchées à la suite d’un tuyau de la Police aux frontières (PAF) – puis menées par la PJ, l’Office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH) et le GIR – 14 proxénètes nigérians ont finalement été interpellés, au petit matin.

Douze arrestations à Marseille et deux à Nice. Un coup de filet qui a mobilisé 50 fonctionnaires et permis la saisie de 13 000 euros en liquide et d’un carnet de comptes. Dans le lot des suspects, on trouve six femmes baptisées des « mamas ». Ces « mères maquerelles » chargées d’encadrer la vingtaine de prostituées qui racolaient à proximité de la gare Saint-Charles à Marseille et dans les quartiers Nord. Autre prise importante, le présumé « banquier » de l’opération. L’homme tenait un salon de coiffure en ville et transférait l’argent glané par ces esclaves des temps modernes en direction du Nigeria. « Le démantèlement de cette filière nigériane, très bien organisée et structurée, est quasiment inédit à Marseille. En général, ces affaires de traite des êtres humains venus d’Afrique se font plus souvent dans d’autres villes de France, à l’instar de Lyon ou Paris « , a relevé hier après-midi Éric Arella, le patron de la Police Judiciaire marseillaise. « Certaines de ces femmes étaient achetées 500 euros en Libye », a souligné de son côté Jean-Marc Droguet, le responsable de OCRTEH. Qui a rappelé que ce pays est le nouveau passage utilisé par les réseaux de prostitution nigérians.

« Il faut savoir que ces femmes sont tenues par leur proxénète avec des rites vaudous. Ça leur permet d’avoir un ascendant très fort« , indique encore Thierry Assanelli, directeur de la PAF. La plupart d’entre elles, en effet, sont soumises avant leur départ à la cérémonie dite du « Juju ». En présence de leur famille, un « prêtre » prélève cheveux, poils pubiens, salive et sang qu’il mélange ensuite à de la terre. Cet acte constitue la preuve d’un engagement moral et religieux, et valide leur devoir d’obéissance envers les passeurs qui vont les amener en Europe. Ainsi se font-elles berner… « pour trouver un travail ». Et pour cela, elles contractent de lourdes dettes, évaluées entre 3 000 et 5 000 euros, à rembourser aux trafiquants sur place. Le piège s’est refermé…

À l’issue de leur garde à vue, les mis en cause devaient être présentés, hier soir, à un magistrat en vue de leur probable placement en détention. Entendues par les policiers, les 20 jeunes prostituées ont été mises en relation avec une association d’aide aux victimes.

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