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Marseille : désinstallation en catimini à la Plaine

Autrefois peuplée de tables et chaises  accueillant passants et enfants, la place est désormais déserte. Photo: v.pAutrefois peuplée de tables et chaises accueillant passants et enfants, la place est désormais déserte. Photo: v.p L’utilisation de l’article, la reproduction, la diffusion est interdite – LMRS – (c) Copyright Journal La Marseillaise

La police municipale, accompagnée d’agents d’une entreprise de sous-traitants, a entrepris lundi, à 5h du matin, la destruction des tables de La Plaine. Détruits, a priori, pour donner plus d’espace aux forains, la place était déserte mardi soir. Les habitants dénoncent une tentative de semer la zizanie entre eux et les forains.

 

A la Plaine, c’est un vrai voyage en…Absurdie ! Et pour cause, lundi, et pas plus tôt que à 5h du matin, des agents de la police municipale se rendent au parc, situé au centre de la place Jean-Jaurès. Ils accompagnent une petite dizaine de d’agents d’une entreprise mandatée par la Soléam. Ils entreprennent alors la démolition des tables de la Plaine.

Construites, déposées et ancrées au sol par les habitants du quartier depuis presque deux ans, elles avaient vu le jour afin de protester contre le projet de réaménagement de la place par la mairie et la société Soléam. La raison ? La place connaît des travaux afin de rénover le système de canalisation des eaux. Problème : le chantier empiète sur les places des forains.


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Sur 8 professionnels concernés, 3 ne parviennent pas à trouver de place. Les forains demandent donc à la mairie de s’installer sur la place du parc, alors occupée en partie par les tables de la Plaine. Le pire, « c’est que les tables ne les gênaient pas, ils étaient prêts à s’installer » raconte Paul, membre de l’Assemblée de la Plaine, une structure citoyenne qui regroupe les habitants du quartier. Ils se heurtent au refus de la Soléam qui ne saurait prendre des mesures « parce qu’il s’agissait de mobilier privé dans un espace public ».

Ça aurait pu être la fin de l’histoire. Au final, les forains sont parvenus à se serrer, surtout que « certains craignaient que les clients ne viennent pas », souligne Bruno, un autre membre de l’Assemblée de la Plaine.

Lundi matin, les habitants du quartier découvrent ainsi une place déserte. « Ça nous a fait un coup au coeur » lâche encore Bruno. Surtout que ces tables, « c’était tout un symbole, c’était une manière de dire « voilà depuis des années la mairie a laissé cette place à l’abandon volontairement. Nous n’acceptons pas ça et voulons la rendre vivable et agréable ». »

Un cadeau empoisonné

Dans un communiqué de presse, et le jour même, la Soléam annonce une désinstallation du mobilier urbain « afin d’accueillir les exposants les jours de marché. » Une idée qu’ils défendent comme « soumise par les forains eux-mêmes. » Sauf que personne n’a été mis au courant, parmi les habitants du quartier, avant de se retrouver devant le fait accompli.

Ce qui aurait pu être accueilli avec plaisir a l’étrange goût d’un cadeau empoisonné. Plein d’ironie grinçante, Claudine salue le côté « très manoeuvrier de la mairie. Une responsable des emplacements sur les marchés, est venue dire aux forains que ce chantier-là des canalisations d’eau allait durer trois semaines et sur le communiqué de la Soléam, on parle de 4 mois. » La mairie n’a pas souhaité commenter.

Cette manoeuvre aurait pour objectif de « semer la zizanie entre les forains et les habitants, ajoute-t-il. Reconstruire les tables risquerait de confronter ceux qui les construisent et les forains qui auraient besoin de cet espace-là. » Surtout qu’ils partagent un sentiment de « ras-le-bol. Ils communiquent quand ça les arrange », soutient Georges, forain depuis plus de 30 ans.

Heureusement, l’ambiance reste chaleureuse avec les forains qui en majorité regrettent le manque d’information. « Cette technique, ça ne marche pas, parce que les forains, on les connaît bien et ils ne sont pas dupes. » Il ne s’agit pour Paul que d’une « énième infantilisation dans nos relations. La mairie, c’est les profs et nous c’est la maternelle.  »

Valentin Pacaud

Source:: Marseille : désinstallation en catimini à la Plaine

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