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MAGHREB Opération maillot de bain: des Algériennes « s’organisent » pour se baigner

Posted On 19 Juil 2017
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Elles sont des milliers, et sont bien décidées à se baigner dans la tenue qu’elles souhaitent porter: en Algérie, si …

 

Photo d'archives AFPPhoto d’archives AFP

Elles sont des milliers, et sont bien décidées à se baigner dans la tenue qu’elles souhaitent porter: en Algérie, si la loi ne l’interdit pas, la pression sociale peut pousser les filles et les femmes à renoncer à se baigner en maillot de bain.

Opération « maillot de bain »

Ainsi, fin juin, selon Rue89, au lendemain de la fin du ramadan, une jeune femme se rend à la plage en famille. Elle est la seule femme. Et n’ose pas se dévêtir, par crainte d’être pointée du doigt… Mais cette décision, la sienne, l’énerve.

De retour chez elle, la jeune femme crée un groupe féministe secret sur Facebook (il faut avoir été validé par d’autres membres pour en faire partie) et lance « l’opération maillot de bain », à Annaba, en Algérie.

La page Facebook ainsi créée invite les habitantes de la ville côtière à enfiler leur maillot de bain à la plage, afin de lutter contre les discours moralisateurs qui les écrasent.

Se baigner ensemble pour faire bloc

Au départ, seuls quelques membres de sa famille la rejoignent. Mais très vite, en quelques jours, des centaines de femmes suivent le mouvement.

Lors du premier rendez-vous « secret », le 5 juillet sur la plage de Seraidi, à 6 kilomètres du centre-ville, une quarantaine de femmes sont là.

Trois jours après, lors d’une deuxième rencontre, environ 200 femmes participent. Cinq fois plus.

Pas faire du bruit, encore moins du buzz

« Le but n’est pas de faire du bruit et encore moins de faire le buzz, mais de changer la société profondément et en douceur. Ceci ne pourra se faire qu’en habituant des milliers de voyeurs à ce qu’ils considèrent encore comme étant interdit. Nous ne voulons pas changer leur vision des choses, mais simplement leur inculquer la tolérance et l’acceptation de l’autre », a expliqué la jeune femme au « Provincial » algérien.

« On a le droit de mettre ce qu’on veut »

Malgré tout, le groupe compte désormais plus de 3200 femmes.

« On a le droit de mettre ce qu’on veut, d’aller où on veut, quand on veut. Nous ne sommes pas bonnes qu’à rester à la maison, notre avis ne compte pas pour du beurre », lance l’une d’elle.

Le bikini, trop « occidental »

Outre l’appréhension personnelle de sa créatrice, le groupe répond à un climat dont les femmes algériennes se sentent victimes: des insultes, des brimades voire des menaces venues des hommes, qu’elles sont bien décidées à dénoncer.

Ainsi, pendant le ramadan, sur les réseaux sociaux, des milliers d’hommes se sont encouragés les uns les autres à publier des photos de femmes qui se baignaient en maillot de bain – parce que cette tenue serait, selon eux, « représentative de l’Occident » et « contraire aux normes islamiques ». Nombre de clichés de femmes, pris à leur insu, ont ainsi été publiés.

« Allez vous rhabiller! »

Et bien souvent, ils ont été accompagnés de commentaires souvent irrespectueux, tels que « Où sont vos pères ?! », « Allez vous rhabiller », « Filles faciles »… Voilà pour les plus « gentils ».

Un acte qui a souvent été perçu par les femmes comme un moyen de se « rincer l’œil » de la part des hommes: « Ces hommes frustrés ne nous interdiront pas d’aller à la plage », clame l’une des membres du groupe.

Une liberté revendiquée… et fragile

Mais la liberté revendiquée des 3200 femmes d’Annaba n’est pas encore acquise, selon leurs « opposants »: ainsi, une « contre-campagne » a été lancée, intitulée « Je me baigne avec mon hidjab, je laisse la nudité aux animaux. » Une campagne relayée par des hommes… mais aussi par de nombreuses femmes, plutôt adeptes de la baignade « habillée ».

En attendant, le mouvement parti d’Annaba pourrait rejoindre Béjaïa. À l’été 2016, des opérations similaires avaient eu lieu dans deux grandes villes, la capitale Alger et Oran.

En robe et en jupe dans les villes!

Et à Annaba, la lutte n’est pas terminée, au contraire: « Nous avons construit une communauté soudée, nous avons décidé de nous battre pour imposer nos robes et nos jupes dans les rues de la ville, pendant toutes les saisons de l’année », assure la fondatrice du groupe.

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