Au pied des immeuble, les guetteurs crient au passage de la voiture de police. La scène se répète tous les jours dans les quartiers de la Rocade et Bel Air à Longjumeau. Depuis plusieurs années, les habitants des 894 logements de ces quartiers subissent la présence de groupes de dealers. Selon la police, ce trafic rapporterait 15.000 euros par jour.
« On a deux points de trafic qui sont implantés sur la Rocade et Bel Air. On a résine de cannabis, herbe et cocaïne. On peut avoir entre 12 et 20 guetteurs qui assurent la surveillance des points de guet pour éviter les interventions de la police nationale », explique le chef de service de la police municipale.
100.000 euros de dégradations par an
Les dealers considèrent le secteur comme leur territoire et effectuent les transactions le plus souvent dans les halls d’immeubles, véritablement réquisitionnés. Une situation insupportable pour les habitants qui subissent régulièrement des menaces et craignent les représailles.
« On subit leurs dégradations, ils mettent tout en panne. Les lampadaires électriques tout neufs, ils les cassent, les digicodes également sont complètement défoncés », témoigne anonymement un habitant.
Dans le quartier, chaque intervention de réparation doit être sécurisée par la police. Le bailleur consacre près de 100.000 euros par an pour réparer les dégradations.
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« Tout le monde a la peur au ventre, les femmes, les enfants qui rentrent. Tout ça se passe de midi à minuit ou 1 heure du matin. Dès qu’une voiture de police est dans le quartier, ce sont des cris. Vous ne dormez pas avant minuit », poursuit-il.
Des enfants jouent au guetteurs
Les écoles à proximité subissent aussi les trafics de drogue, qui ont intégré les codes des dealers. « Dans les cours d’école vous commencez à voir les enfants jouer aux guetteurs, voire certains enfants qui commencent à alerter quand la police passe. On se rend bien compte qu’il y a une influence néfaste », ajoute le chef de service de la police municipale.
La maire de la ville Sandrine Gelot a écrit au Premier ministre Edouard Philippe pour l’interpeller sur la situation. « Ce quartier est gangréné par un trafic de drogue majeur où les dealers se sont appropriés les lieux, allant jusqu’à fouiller les habitants qui rentrent simplement chez eux », lui écrit-elle dans sa lettre que nous avons pu consulter.
« On a fait de notre priorité la sécurité alors que c’est une compétence de l’Etat. J’ai énormément augmenté mes effectifs de police municipale, en termes de prévention, en termes de médiation sur les quartiers. On a beaucoup travaillé aussi avec la police nationale pour coordonner nos actions mais à un moment, ces moyens-là doivent venir de l’Etat », demande Sandrine Gelot.
Elle souhaite aussi que le bailleur fasse faire intervenir des sociétés de sécurité pour rassurer les habitants.