Les deux tiers des hommes, qui naviguent en ce moment vers Saint-Martin, rentraient tout juste de leur dernière opération extérieure dans la bande sahélo-saharienne (Barkhane). Ils ont appris les ravages causés par l’ouragan Irma sur cette île le 6 septembre. Ils se sont tous portés volontaires, au cas où. Leur hiérarchie avait déjà anticipé l’appel du gouvernement dès le lendemain. « Nous avons immédiatement prévu le personnel et le matériel nécessaires pour nous y rendre », se rappelle le commandant Gaëtan * , chef du Bureau opérations et instruction (BOI).

Un régiment « couteau suisse »

« L’ordre des pouvoirs publics est arrivé le 8 septembre. Nous avons tout mis sur pied en moins de 24 heures. » Les 65 volontaires et les 40 engins qu’ils véhiculaient ont mis deux jours pour rallier Toulon et le BPC Tonnerre depuis les régiments du génie de Besançon, Mourmelon (51) et Canjuers (83). Le navire de guerre a appareillé le mardi 12 septembre avec son chargement humain et matériel. Les renforts devraient arriver à Saint-Martin le 23 septembre, si tout se passe bien.

Leur mission s’étendra sur plusieurs semaines, voire quelques mois. « Il faut rétablir toutes les infrastructures de l’île, détruite à 95 % », précise le colonel Christophe Bizien, chef de corps du 19eRG. « Notre savoir-faire est indispensable pour déblayer les axes, rétablir les pistes endommagées et reconstruire les bâtiments vitaux pour la population. Notre régiment, polyvalent, est le ‘’couteau suisse’’ de l’armée de terre. Nous disposons de tous les corps de métiers essentiels à cette mission. »

La compagnie d’appui au déploiement lourd, composée de bulldozers, tractopelles et autres engins de terrassement, s’occupera du tracé des pistes et du déblaiement des ruines. La compagnie d’appui au déploiement opérationnel, avec ses artisans combattants, se chargera du montage des « édifices verticaux » et de toutes les commodités élémentaires, comme l’électricité ou l’eau. Le chef du détachement, parti directement en avion le 14 septembre, attend ses hommes sur l’île. « Il planifie les priorités avec le commandement local », souligne le commandant Gaëtan *.

Sept spécialistes en reconnaissance terrain

« Nos hommes, dirigés par trois chefs d’équipe, se déploieront selon les consignes données sur place. Il est encore trop tôt pour savoir par quoi ils commenceront. Parmi eux se trouvent sept spécialistes. Ils feront des reconnaissances techniques dès qu’ils débarqueront et détermineront la nature et le volume des travaux à effectuer. »

Pour l’heure, les 65 intervenants remplissent diverses tâches à bord du BPC Tonnerre, en compagnie de la quarantaine d’hommes du 17e régiment du génie parachutiste de Montauban (82). Ils savent ce qui les attend et se préparent sereinement.

* En raison de l’état d’urgence, les noms de famille ne sont pas divulgués.

Leur mission s’étendra sur plusieurs semaines, voire quelques mois.

Paul-Henri PIOTROWSKY