Suivez nous sur nos autres médias :
SNPM Syndicat National des policiers Municipaux

Le bilan du choc entre un bus et un train à Millas s’alourdit à 5 morts

Posted On 15 Déc 2017
By :
Comment: Off

Ce vendredi, la France est toujours sous le choc après le terrible drame survenu jeudi peu après 16 heures dans le petit village de Millas situé à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Perpignan, et qui a fait cinq morts après le décès d’un blessé grave. Pour une raison encore inconnue, un bus scolaire qui transportait 23 passagers (22 collégiens et la conductrice de 48 ans) a été percuté par un TER alors qu’il se trouvait sur un passage à niveau. Sous la violence du choc le bus a été littéralement coupé en deux. Il appartenait à la société de transport toulousaine A.Faur (lire plus bas). Les 22 personnes présentes dans le train sont toutes indemnes.

L’identification des morts et des blessés effectuée dans la nuit

Le bilan est donc très lourd : 5 enfants ont été tués et 15 élèves de 11 à 17 ans ont été blessés selon le dernier bilan. Les blessés en urgence absolue ont été héliportés vers les hôpitaux de Perpignan, Montpellier et Toulouse tout comme la conductrice du bus, elle aussi très grièvement blessée dans l’accident. Les autres blessés ont été pris en charge par les secours. 3 passagers du TER ont été blessés.

Ce vendredi matin, la préfecture a affirmé que l’identification des victimes, qui a été longue et difficile, est terminée. « L’identification des victimes et l’information des familles a été faite dans la nuit de manière exhaustive », a ajouté une responsable de la préfecture des Pyrénées-Orientales. Le procureur de Perpignan Jean-Jacques Fagni, en compagnie du préfet des Pyrénées-Orientales Philippe Vignes, avait évoqué jeudi soir la difficulté du processus d' »identification de ces jeunes victimes, compte tenu de l’état dramatique de certaines d’entre elles ». , Très éprouvés, ils avaient évoqué une « véritable scène de guerre » sur les lieux du drame.

Le ministre de l’Education Nationale sur place

Le ministre de l’Education Nationale Jean-Michel Blanquer s’est rendu au collège Christian Bourquin de Millas dans la matinée. « Il est très important de se regrouper, que les enfants puissent parler » a dit le ministre. « Les enfants ont des réactions diverses, ils ont pu être ensemble, être dans les classes, ou au CDI, ils ont pu parler et c’est cela qui doit se passer ». Le ministre de l’Education Nationale ajoute : « Tout le monde est évidemment très choqué, toutes les façons de réagir sont dignes et doivent être comprises ; tout le monde doit se serrer les coudes ».

Jean-Michel Blanquer a indiqué que plusieurs dizaines de psychologues scolaires de l’académie de Montpellier et des médecins scolaires de toute la région étaient mobilisés et le resteront dans les semaines qui viennent.

Un coordinateur interministériel arrivera sur place dès ce samedi pour coordonner l’action des services de l’Etat.

Cellule psychologique au collège de Millas

Au lendemain du drame, le collège de Millas, où sont scolarisées les victimes de l’accident a ouvert ses portes « dès 7 heures », pour une journée de deuil afin de libérer la parole des élèves et des enseignants. « Nous allons accueillir les élèves qui se présenteront. C’est le lieu des élèves. Je crois qu’ils ont besoin de se retrouver, d’être avec leurs professeurs », a dit l’inspecteur d’académie Michel Rouquette. Les enseignants ont été secoués par le drame. Jordi Sales, professeur de catalan et d’espagnol, a ainsi dit : « J’arrive bouleversé. On ne sait pas quels élèves ont été touchés ». « Ça va toucher tout le monde. C’est pas que les élèves, toute la communauté éducative va être touchée. Je ne sais même pas comment je vais m’y prendre. J’essaie de tenir le coup et on verra bien », a-t-il ajouté.

« Nous avons étoffé notre cellule de crise pour que nous puissions avoir beaucoup d’adultes qui accueillent chaque enseignant et tous les élèves », a informé la rectrice de région Armande Le Pellec Muller.

Dès jeudi soir, le plan NOVI (nombreuses victimes) a été activé par la préfecture des Pyrénées-Orientales pour répartir les victimes vers les différents hôpitaux et cliniques en fonction de la gravité de leurs blessures. Des moyens lourds ont été engagés sur les lieux de l’accident : une centaine de sapeurs-pompiers, de nombreux médecins urgentistes, 10 véhicules de secours aux personnes, 1 poste médical avancé, 2 hélicoptères de la sécurité civile et 2 hélicoptères du SAMU. 15 unités de gendarmerie ont également été déployées sur place.

Les circonstances du drame restent floues, trois enquêtes ouvertes

Le bus ramenait des élèves du collège Christian-Bourquin de Millas vers leur village de Saint-Féliu-d’Amont. Les circonstances du drame restent encore très floues. Elles devront être déterminées par les trois enquêtes qui ont été ouvertes: une enquête de flagrance pour les infractions d’homicide et blessures involontaires confiée au groupement de la gendarmerie des Pyrénées-Orientales, une autre du bureau d’enquête sur les accidents de transport terrestre (BEA-TT) et enfin l’enquête interne, diligentée par la SNCF.

Le préfet des Pyrénées-Orientales a indiqué que les témoignages recueillis jeudi soir sont contradictoires : certains témoins affirment en effet que le bus s’est engagé sur le passage à niveau alors que les barrières étaient levées, d’autres racontent au contraire qu’il aurait « forcé » le passage.

« Ce passage à niveau n’était pas dans la liste de ceux signalés comme dangereux »

Ce vendredi matin, la ministre des Transports a appelé à la « prudence » sur les circonstances du drame et notamment sur la fermeture ou non des barrières du passage à niveau au moment de l’accident. « Ne commentons pas la position des barrières », a déclaré la ministre des Transports. « C’est le temps maintenant de l’enquête juridique et administrative », a-t-elle déclaré. « On doit la vérité aux familles » et « on (leur) doit de tirer toutes les leçons de ce drame », a-t-elle dit. « Je vous confirme que ce passage à niveau n’était absolument pas dans la liste des passages à niveau signalés comme dangereux » et qui vont être supprimés, a-t-elle précisé.

La ministre des Transports a déclaré que « toutes les innovations » étaient étudiées pour apporter plus de sécurité aux passages à niveau. « On teste la détection d’obstacles (sur la voie) qui pourrait arrêter le train », a dit Mme Borne. Elle a évoqué aussi la présence de radars qui « appellent à la vigilance » les automobilistes parvenant à un passage à niveau. « Dans 98% des cas » les accidents sur les passage à niveau sont liés au comportement des automobilistes, « c’est pourquoi on a une campagne de sensibilisation pour dire aux gens de faire attention (…) de respecter la signalisation », a-t-elle ajouté.

Selon le lieutenant-colonel Duffau de la gendarmerie des Pyrénées-Orientales, ce passage à niveau n’est pas réputé accidentogène. Il ne figurait pas sur la liste des lieux sensibles de croisement route/rail établie par la SNCF. Au niveau du passage à niveau, le train circulait à environ 80 km/h, une vitesse normale selon la SNCF.

Une information confirmée par Carole Delga, la présidente de région Occitanie. « Le passage à niveau dispose d’une bonne visibilité, il est automatique et lumineux. Il semblerait qu’il soit bien entretenu, qu’il n’y avait pas de signalement de vétusté ou de défaillance », a-t-elle expliqué en se disant « abasourdie »par ce drame. « Ce drame va marquer pour longtemps les Pyrénées-Orientales et toute l’Occitanie », a-t-elle conclu.

L’entreprise ferroviaire a également indiqué que ce passage à niveau « était muni de demi-barrières et d’une signalisation lumineuse automatique, selon les normes de sécurité en vigueur. »

L’accident s’est produit à ce passage à niveau./ Capture Google

Une riveraine s’interroge sur le fonctionnement du passage à niveau

La maman d’un élève de 5e du collège, qui habite non loin de la voie ferrée, livre un témoignage intéréssant dans l’Indépendant : « On prend régulièrement ce passage à niveau pour aller au collège. Mon mari le prend tous les jours pour aller au travail. Nous habitons non loin de la voie ferrée. Or, cela fait deux jours que le train sonne à longueur de journée quand il passe à cet endroit pour signaler sa présence. On trouvait bizarre que le train sonne si régulièrement et on n’avait pas l’habitude de l’entendre sonner ».

Cette maman, Ludivine Helynck, se pose des questions sur le fonctionnement des barrières : « Il y a déjà eu des moments où les barrières se sont baissées alors qu’il n’y avait pas de train. Les barrières se ferment presqu’en même temps que le passage du train. Habituellement il y a un délai de trente secondes mais il n’y a pas ces trente secondes. Et ce n’est pas la première fois qu’ont le voit ».

« Un choc très violent »

Les enquêteurs ont entendu le conducteur du train mais pas la conductrice du bus, âgée de 48 ans, qui n’est pas « audible », comme l’a précisé le préfet, en raison de la gravité de ses blessures.

« Le choc a été très violent et on a eu l’impression que le train allait dérailler et se coucher », raconte Barbara, une passagère du train à L’Indépendant. La grande sœur d’une collégienne, qui se trouvait dans un autocar suivant le bus accidenté, relate, elle, l’état de choc dans laquelle la fillette se trouve : « On a du mal à la faire parler. Elle nous a juste dit que le bus a été coupé en deux au milieu, et qu’il était passé car les barrières ne se sont pas baissées. Elle a vu ses amis sous les draps blancs, des sacs de cours éparpillés un peu partout… C’est tout ce qu’elle a voulu nous raconter », écrit L’Indépendant.

Les familles des collégiens ont été accueillies dès la fin de l’après-midi dans la halle des sports de Millas où le SAMU a mis en place une cellule d’urgence médicale et psychologique. Plus de 500 personnes s’y sont présentées dans la soirée de jeudi. Un numéro d’urgence a été mis en place par la mairie de Millas à destination des familles : il s’agit du 04 68 51 67 67.

La SNCF a également mis en place un numéro vert d’assistance psychologique, le 0800 120 821, à destination des victimes, de leurs familles et de leurs proches.


Le bus scolaire accidenté appartenait la société toulousaine A.Faur

L’entreprise A. Faur, basée à Toulouse a confirmé, ce vendredi matin, à La Dépêche du Midi que le bus scolaire accidenté jeudi près de Perpignan faisait partie de sa flotte. « Nous allons entièrement collaborer avec les enquêteurs a affirmé le porte-parole de la compagnie. M. Faur est d’ailleurs présent à la préfecture à Perpignan pour fournir tous les documents nécessaires », a-t-il ajouté.

A propos de l'Auteur