L’ancien entraîneur de basket de Flers – Saint-Georges condamné pour agressions sexuelles
Le tribunal correctionnel d’Argentan a condamné un homme de 50 ans, mardi 7 novembre 2017, à 24 mois d’emprisonnement pour agressions sexuelles sur deux mineurs.
Le tribunal correctionnel d’Argentan a condamné, mardi 7 novembre 2017, un quinquagénaire à 24 mois d’emprisonnement dont 12 avec sursis avec mise à l’épreuve et obligation de soins durant 2 ans. L’homme a été reconnu coupable d’agressions sexuelles sur deux enfants alors qu’il était entraîneur au sein du club de basket de Flers – Saint-Georges.
C’est lors d’un déplacement sportif, en février 2015 à Houlgate (Calvados), qu’il prend en charge le premier enfant et l’invite, avec l’accord parental, à dormir chez lui. Alors que le garçon joue aux jeux vidéo, le prévenu lui caresse le dos avant de descendre vers son sexe. La victime dénonce les faits et révèle qu’un autre enfant a également été victime du comportement de leur entraîneur.
Entendu à son tour, il reconnaît effectivement avoir été victime des caresses. Les enfants ajoutent même qu’il leur a demandé, via les réseaux sociaux, des photos de leur torse nu.
Le prévenu, résidant aujourd’hui en Vendée, nie les faits lorsqu’il est auditionné par les enquêteurs mais précise qu’au cours de ces soirées il a beaucoup bu d’alcool. A l’ouverture d’une information, le prévenu est entendu en première comparution par un juge d’instruction et continue à nier les faits.
Un prévenu qui réfute les accusations
Présent à la barre, il réfute toutes les accusations faites à son encontre à l’exception des conversations qu’il a entretenu avec ces mineurs via le site Facebook mais pour lui, elles étaient toutes liées au basket-ball, comme il le faisait d’ailleurs avec beaucoup d’autres personnes.
« Il est vrai que j’ai commis une erreur, au regard de ce que l’on me reproche aujourd’hui, je n’aurais jamais dû les accepter comme amis ».
Le président reprend en précisant que l’enquête révèle que c’est lui qui demandait les enfants en amis et non le contraire.
Une maman présente précise à la demande du président que les conversations étaient échangées tard dans la soirée, vers 22 ou 23 h, et il posait des questions sur ce qu’il faisait, s’il était couché. Pour elle, des sujets ambigus à cette heure tardive.
Le prévenu parle avec un sourire d’un scénario extraordinaire,
agresser un enfant de 11 ans alors qu’il y a un autre entraîneur chez moi, je ne vois pas….. »
A toutes les questions du président, ses réponses seront sur le même ton. Il met en doute la parole des enfants qui, selon lui, sont influençables et peuvent être influencés. Il va même évoquer une machination pour le détruire :
il n’y a rien de mieux que de faire passer quelqu’un pour un pédophile afin de nuire à sa carrière d’entraîneur, d’ailleurs aujourd’hui je ne veux même plus en entendre parler.
Toutes les questions posées par l’ensemble du tribunal ont les mêmes réponses
Ce n’est pas vrai… Je ne comprends pas pourquoi, je ne sais pas comment ces enfants ont été entendus, je vous parlais de l’influence des enfants, ne leur a-t-on pas suggéré les questions, les réponses, je ne sais pas… J’ai l’impression que vous sous-estimez la capacité des enfants à cet âge-là.
Les expertises psychologiques soulignent des traits de perversité chez cet homme, des tendances à rejeter la faute sur l’autre, d’être dans l’impossibilité d’avoir une sexualité de type adulte.
« J’avais confiance en lui »
Le papa d’un des enfants se présente à la barre et explique, la voie chargée d’émotions, comment il a dans un premier temps sympathisé avec le prévenu surtout pour la qualité de ses entraînements.
Il venait manger à la maison, il prenait mes enfants sur ses genoux. J’avais confiance en lui mais, aujourd’hui, j’ai l’impression d’avoir mis mon fils dans la gueule du loup. J’aurais voulu qu’aujourd’hui, devant vous, il reconnaisse les faits, qu’il se comporte en homme, mais même çà il ne l’a pas fait.
L’avocate des parties civiles parle de trahison. Ces petits garçons qui ne disent rien par peur de ne plus pouvoir faire du basket -leur passion-. Ils subissent l’autorité de l’adulte ; le prévenu est un adulte. Elle revient sur ces soirées, le traumatisme de ces enfants, des difficultés rencontrées par les parents qui aujourd’hui s’en veulent d’avoir mis leurs enfants dans la gueule du loup. Elle demande que cet homme soit interdit de travailler au contact des enfants.
Le procureur rappelle avant tout que 80 % des victimes d’agressions sexuelles sont des mineurs. Un sur deux est âgé d’une dizaine d’années et le plus souvent ses agressions sont commises par un proche. Il revient dans un premier temps sur les échanges que le prévenu a pu avoir avec ces enfants sur Facebook. Les heures tardives, 23 h, la teneur des conversations :
Avez-vous chaud ? Êtes-vous nus sous vos pyjamas ?…
Puis il reprend en détail le déroulement de ces soirées, les approches, les actes du prévenu sur ces enfants. Leur souffrance, leur peur qu’ils doivent aujourd’hui surmonter.
Il requiert une peine de 40 mois d’emprisonnement dont 6 assortis d’un sursis avec une mise à l’épreuve pendant 2 ans et obligation de soins. Interdiction d’entrer de quelque manière que ce soit en contact avec un mineur
Des versions contradictoires pour la défense.
Pour la défense, il y a dans ce dossier deux versions contradictoires et que de nombreuses interrogations restent sans réponse. Elle souligne que son client à tout perdu il a même fait le choix de quitter l’Orne.
On ne peut pas juger un homme qui n’a pas une vie relationnelle normale. Ce n’est pas parce qu’un homme de 50 ans n’a pas de relation amoureuse stable, qu’il n’a pas d’enfant que l’on peut le condamner. On ne condamne pas sur des certitudes, je plaide la relaxe.
Après délibération le tribunal reconnaît le quinquagénaire coupable des faits qui lui sont reprochés, outre la peine d’emprisonnement, il lui est interdit d’exercer une activité ou bénévole le mettant en contact avec des mineurs. Il devra verser aux victimes au titre des dommages et intérêts la somme de2500 € pour l’un et 2000 € pour l’autre ainsi que la somme de 950 € chacun pour les frais engendrés. Le tribunal prononce également la recevabilité des parties civiles.