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Jihadistes : la crainte du retour

Posted On 26 Sep 2017
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Jihadistes français en Syrie, combien sont-ils ?

Difficile d’établir un décompte précis, bien évidemment, mais les différentes sources estimaient entre 600 et 700 le nombre de combattants français présents en Syrie et en Irak pour faire le jihad, à la mi-2016.

Depuis, les pertes ont été élevées dans les rangs de Daech, et beaucoup de Français sont morts là-bas. De hauts responsables du contre-terrorisme irakien, cités dans une enquête du Wall Street Journal au printemps dernier, assuraient que la France faisait appel aux forces spéciales irakiennes pour éliminer ses ressortissants sur zone.

Cet été, un rapport d’un organisme européen, le Radicalisation awareness network, estimait à 460 le nombre de mineurs français sur place, dont la moitié aurait moins de 5 ans, et un tiers serait né là-bas.

Combien sont revenus ?

Hormis ceux qui auraient pu revenir de façon clandestine, les chiffres sont précis sur ce point : la dernière communication du ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, qui remonte au mois d’août, dénombre 217 adultes, dont un peu plus de 20 % de femmes, et 54 mineurs revenus dans l’hexagone. Un chiffre qui a augmenté depuis, ne serait-ce qu’avec le retour du jihadiste toulousain Jonathan Geoffroy et de sa femme, livrés il y a une dizaine de jours à la France par les autorités turques, et écroués depuis.

Comment rentrent-ils ?

Dans son ouvrage «Les revenants» (prix Albert-Londres 2017), le journaliste David Thomson, spécialiste du jihadisme en France, donne la parole à de nombreux jeunes Français et Françaises, revenus ou sur le point de le faire. Parmi les raisons qui les poussent à revenir, certains mettent en avant les combats fratricides entre les différentes factions jihadistes sur le terrain, les suspicions d’espionnage, ou tout simplement la dureté de la vie là-bas. Certains ont pris contact avec le consulat de France en Turquie, pour négocier leur passage de la frontière, beaucoup plus difficile ces derniers temps. D’autres se sont débrouillés avec des passeurs. Il y a aussi quelques histoires de parents en France partis jusqu’en Syrie récupérer leur enfant radicalisé. À leur arrivée en France, tous les jihadistes sont débriefés par les services du contre-espionnage français. Ensuite, la justice décide, selon leur implication, de les enfermer en attendant leur procès, ou de les laisser libres sous un contrôle judiciaire sévère.

Quel est leur profil ?

Grâce au travail de David Thomson, l’engagement des jeunes femmes, longtemps minoré, voire mésestimé, a été revu à la hausse. Elles sont mêmes parfois plus radicalisées que leur compagnon.

Quatre chercheurs du CNRS et de l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice ont, eux, publié cet été une importante étude sur les personnes accusées de terrorisme et incarcérées en France. Premier constat, qui n’allait pas forcément de soi : il ne se dégage aucun profil type. Si certains ont pu avoir un parcours de délinquant avant, «ce n’est nullement un palier obligé pour une carrière jihadiste». Ce ne sont pas non plus, côté famille, de «grands traumatisés dont l’engagement relèverait davantage de la psychopathologie. Ils ne se réduisent pas non plus à des individus en situation d’échec». Quant au parcours scolaire, s’ils ont majoritairement suivi des études courtes, ils sont suffisamment diplômés «pour intégrer le marché du travail», mais dans «des emplois précaires». Enfin, leur culture théologique semble assez marquée, tout comme leurs connaissances géopolitiques, «pénétrée de théories complotistes».


L’échec de la déradicalisation

Autre casse-tête pour les autorités : la prise en charge de la déradicalisation est un échec. En février dernier, le rapport de deux sénatrices dénonçait le «business de la déradicalisation». «Malgré leur bonne volonté, plusieurs associations, recherchant des financements publics se sont tournées sans réelle expérience vers le secteur de la déradicalisation.» Elles pointaient notamment le «fiasco» total du centre dédié de Pontourny, dans l’Indre-et-Loire, qui a depuis été fermé en juillet.

Selon Gérard Collomb, cette fermeture ne signifie pas pour autant «l’abandon d’une politique de prise en charge des publics en voie de radicalisation dans des structures adaptées». «Le gouvernement étudiera la possibilité d’ouvrir des structures de petite taille» pour y développer des solutions alternatives à l’incarcération. On en est là…

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