D epuis la rentrée, les incivilités, voire les délits, se multiplient à Longwy-Haut. Quels sont les recours du maire en la matière ?

Jean-Marc FOURNEL : « Je ne suis pas laxiste. Je regrette qu’on fasse de la polémique sur un sujet qui nous concerne tous. Pour ma part, je suis sur le terrain, la nuit comme le jour, parfois seul, pour tenter d’enrayer ces phénomènes. C’était encore le cas dans la nuit de mardi à mercredi. J’agis en responsabilité. »

Concernant la nuit de la Toussaint, on a le sentiment d’une d’escalade, avec une vengeance suite à l’interpellation des auteurs des coups contre le président de l’office de tourisme…

« Je pense qu’il s’agit effectivement de représailles. Là, nous parlons d’une quinzaine de jeunes. Ce sont des individus qui cherchent à en découdre avec la société et qui commettent des dégradations et des violences. Ils sont en marge et se « foutent » de ce qu’on leur propose. »

Il y a un sentiment que leurs auteurs ont une forme d’impunité…

« Le souci, c’est que les trois quarts sont des mineurs et que cela complique la réponse à apporter. Un des auteurs a rapidement été identifié et interpellé par la police le soir même. D’autres interpellations ont suivi. Ils sont convoqués, en décembre, devant le juge des enfants. La justice doit être ferme, Nous mettons tout en œuvre pour que cela cesse. Mais nous devons faire avec nos moyens, dans le cadre de la loi. »

Justement, quels sont vos moyens ?

« Nous avons déjà développé des moyens en termes de prévention, notamment avec notre service Jeunesse, le CCAS, etc. Et cela fonctionne avec la grande partie des jeunes accueillis. Nous parvenons à les remettre sur le droit chemin et à sensibiliser leurs parents. Notre souci, ce sont les jeunes qui sont en défiance, voire en rejet, avec ce que nous proposons. C’est une faible minorité qui empoisonne la vie des Longoviciens. »

Quid d’un renforcement de la police municipale ?

« Sa vocation première est de faire respecter les arrêtés municipaux et de veiller à la tranquillité publique. La sécurité publique relève de la police nationale, avec qui nous travaillons de concert. »

Le projet de vidéosurveillance semble au point mort. Est-il abandonné ?

« Bien au contraire. Le conseil intercommunal de sécurité et de prévention de la délinquance a validé un système de vidéo protection qui prévoit 62 caméras à Longwy. Il a reçu un avis favorable du préfet. Et c’est inscrit au budget. Je n’attends que le feu vert de l’État. Avec impatience. Dès que je l’ai, j’attaque les travaux, en sachant que cela représente un coût de 700 000 €. »

La sécurité est une des missions régaliennes de l’État. Avez-vous sollicité son concours ?

« J’ai adressé un courrier au ministre de l’Intérieur. J’y aborde trois éléments, dont la question de la vidéosurveillance. Je lui demande aussi que le nombre de policiers affecté au commissariat soit bien celui de l’effectif de référence, calculé à 92 unités ; ceci afin de renforcer la sécurité. Enfin, je demande que notre agglomération fasse partie de l’expérimentation de la police de sécurité du quotidien annoncée par le président de la République. Ceci afin d’éviter une escalade de la violence urbaine. »

Pensez-vous pouvoir endiguer cette violence ?

« Oui. Car même si ces actes sont graves et insupportables, ils ne sont pas extrêmes. Nous subissons un contexte de problème d’emploi, de familles en difficultés, concentrées dans certains quartiers, avec une augmentation de la paupérisation. Je ne les vise pas quand je parle de délinquance, car certaines sont volontaires et nous les accompagnons face à leurs problèmes. La volonté municipale est là, notamment au travers d’un Plan local d’habitat solidaire, destiné à favoriser la mixité sociale. Le risque, c’est que face à la multiplication des écueils dans leur vie, certains jeunes versent dans la délinquance. ».

Cela nécessite des moyens financiers importants. Vous les avez ?

« Je ne suis pas dupe des difficultés qui nous attendent. La politique menée par ce gouvernement ne va pas dans le bon sens. Que ce soit avec la baisse des contrats aidés (seulement quatre sur vingt renouvelés à Longwy), ou avec la suppression de la taxe d’habitation, qui verra en contrepartie une baisse des dotations de solidarité urbaine. Cela risque d’aggraver la situation pour beaucoup de villes. Il faut en être conscient. »

Propos recueillis par Bertrand Baud.