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Fusillades : Jean-Luc Moudenc appelle le gouvernement à « prendre conscience de la situation …

Après les deux fusillades à la kalachnikov, qui ont fait deux morts et de nombreux blessés, le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc appelle l’État à donner « des moyens » à sa ville.

 maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc met la pression sur l’État pour obtenir davantage de moyens (© Actu Toulouse / HOD)

« Je suis inquiet ». Jean-Luc Moudenc, le maire de Toulouse, n’y va pas par quatre chemins pour évoquer la situation du quartier de La Reynerie, où deux fusillades à la kalachnikov ont fait grand bruit ces dernières semaines (lire ci-dessous, en encadré). Deux fusillades sur fond de règlements de comptes, liés à des trafics de drogue. Et deux fusillades extrêmement violentes, sur des places publiques fréquentées par des familles et des enfants, des lieux de vie.

Pour le maire de Toulouse, « il y a un double déficit »

Jean-Luc Moudenc ne prend pas à la légère ces scènes d’horreur au cœur de sa ville : « Je veux d’abord assurer de tout mon soutien aux habitants du quartier, qu’ils sachent que je suis à leurs côtés », insiste-t-il. Mais le maire de Toulouse entend surtout mettre l’État devant ses responsabilités :

Ce drame renforce mes convictions. Il est absolument nécessaire que la Police nationale d’un côté, et les services de justice de l’autre, disposent de moyens renforcés pour faire face à leurs missions avec davantage d’efficacité.

Le maire de Toulouse assure qu’il avait pris le taureau par les cornes avant-même ce nouveau drame : « Vendredi 7 juillet, soit quatre jours après la première fusillade, près de la place Abbal, j’ai rencontré Gérard Collomb (ministre de l’Intérieur, ndlr) et je lui ai remis une note sur l’évolution de la délinquance à Toulouse. J’ai également écrit à Nicole Belloubet (ministre de la Justice, ndlr), sur le manque de moyens dont souffre la juridiction toulousaine. Car il y a bien un double déficit. Et c’est à l’État de prendre des décisions pour y remédier ».

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Jean-Luc Moudenc : « Qu’a fait l’État ? Hélas, pas grand-chose »

Le premier magistrat de la Ville rose insiste sur les investissements de la municipalité Moudenc en matière de sécurité : « Depuis trois ans, la Ville de Toulouse est passée de 21 caméras de vidéoprotection en 2014 à 316 aujourd’hui, et bientôt 350 fin 2017. Dans 6 mois, les effectifs de Police municipale auront également doublé, avec 350 agents sur le terrain ». Bref, selon Jean-Luc Moudenc :

Toulouse a fait l’effort, alors je pose la question : qu’a fait l’État pendant ce temps-là ? Hélas, pas grand-chose.

« Et ce, je le dis », poursuit Jean-Luc Moudenc, « malgré la bonne volonté des responsables locaux de l’État, au premier rang desquels le préfet. Ils font tout ce qu’ils peuvent, mais ils n’ont pas les moyens nécessaires pour que l’État soit plus efficace localement ». Le maire indique aussi qu’il entend « demander aux parlementaires de la nouvelle majorité de se mobiliser » à ses côtés.

Toulouse, lésée par rapport à Bordeaux ?

Pour illustrer ses propos, le maire de Toulouse ne manque pas de relever une iniquité de traitement avec son éternelle rivale :

Bordeaux, qui compte 200 000 habitants de moins que Toulouse, bénéficie de 300 policiers nationaux de plus ! Les Bordelais sont très bien lotis, et c’est tant mieux pour eux. Mais dans le même temps, il n’y avait à l’été 2016 que 1 422 agents de la Police nationale à Toulouse.

En outre, l’évolution démographique est bien plus forte à Toulouse qu’à Bordeaux. Et il y a un volume de délinquance sans comparaison : 26 200 faits ont été constatés à Bordeaux en 2016, 46 146 à Toulouse. Et de 2015 à 2016, la délinquance était stable à Bordeaux, alors qu’elle était en hausse de 5 % à Toulouse.

Ce sont des chiffres objectifs, pour que l’État réexamine les choses non pas au détriment de Bordeaux, mais au bénéfice de la métropole la plus dynamique de France.
Nous sommes sur un territoire qui subit malheureusement plus de délinquance,il faut que l’État s’adapte.

Jean-Luc Moudenc souhaite ainsi « davantage de Police nationale de proximité dans les quartiers. Eu égard à la nature de la délinquance concernée, il faut surtout plus de policiers d’investigation, en civil, qui font des enquêtes et remontent des filières ».

Toulouse est-elle le nouveau Marseille ?

Enfin, avec ces règlements de comptes violents, Toulouse fait régulièrement l’objet de comparaisons avec Marseille, considérée comme le « fief » du grand banditisme en France. C’est le troisième mort lié à un règlement de comptes depuis le début de l’année dans la Ville rose. Dans le même temps, il y en a eu sept dans la cité phocéenne. « Chez nous, à Toulouse, ces règlements de comptes avec des armes lourdes et sur la Voie publique sont assez récents, mais en forte recrudescence depuis quelques années », note Didier Martinez, secrétaire régional d’Unité SGP Police.

Alors, Toulouse devient-elle le « nouveau Marseille » ? Jean-Luc Moudenc veut éviter l’amalgame : « Sans négliger ce qui est en train de se passer, il ne faut pas tomber dans la caricature. Car, heureusement, il n’y a pas que des règlements de comptes à la kalachnikov à Toulouse. Sur le volume de délinquance, le rapport est du simple au double entre les deux villes ». Cela dit, le maire de Toulouse l’admet :

Au-delà du drame, des tendances m’inquiètent : le parquet de Toulouse arrive au même niveau que celui de Marseille en matière de volume d’activité. C’est préoccupant. L’État doit agir sur les deux fronts.

Pour faire entendre la voix de Toulouse, le maire entend « se mobiliser, défendre la ville, se coordonner avec le préfet et les autorités, dans la même direction ». Et Jean-Luc Moudenc de conclure : « J’appelle le gouvernement à prendre conscience de la situation à Toulouse, et je veux des actes concrets ».

Deux fusillades très violentes font 2 morts et 11 blessés

La première fusillade, lundi 3 juillet 2017, s’était déroulée tout près de la place Abbal, centre névralgique du quartier, et avait défrayé la chronique : avant de passer à l’attaque et de tirer une trentaine de balles de kalachnikov, le tueur s’était dissimulé sous une burka et avait caché son fusil d’assaut dans une poussette. Au final, un jeune homme de 27 ans est mort criblé de balles, et sept autres personnes ont été blessées, dont deux grièvement.
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À peine plus d’un mois plus tard, dans la nuit de dimanche 6 à lundi 7 août 2017, une nouvelle fusillade éclatait dans ce même quartier de La Reynerie, face au 10 chemin André Messager. Quatre individus cagoulés ont surgi à bord d’un véhicule automobile et cette fois encore, le bilan s’est avéré particulièrement lourd : un jeune de 29 ans est mort, quatre autres ont été blessés, dont un grièvement. Les enquêteurs ont retrouvé sur les lieux une quarantaine de douilles de kalachnikov.
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