Édith Scaravetti, accusée d’avoir tué et emmuré son mari, face à son crime et ses mensonges
Meurtre de Laurent Baca
Édith Scaravetti, 31 ans, comparaît cette semaine devant la cour d’assises de la Haute-Garonne. Cette mère de trois enfants est accusée d’avoir abattu son compagnon, Laurent Baca, en août 2014 à Toulouse. Elle avait ensuite dissimulé son corps sous du béton dans sa maison.
Une femme qui tue. Une femme qui ment et dissimule. Une femme qui, enfin, après l’aveu du meurtre de son compagnon, raconte sa vie en enfer, coincée entre ses trois enfants adorés et leur père jamais content, moqueur, alcoolique et facilement violent. Ce tableau, s’il est exact, les jurés de la cour d’assises de la Haute-Garonne vont le découvrir au fil des audiences cette semaine à Toulouse. Le président Michel Huyette a prévu cinq longues journées de débat pour comprendre ce crime peu ordinaire et cette accusée, Édith Scaravetti, 31 ans, dont on ignore, aujourd’hui encore, si en exécutant son compagnon elle s’est défaite des griffes d’un tyran domestique ou si elle s’est «aménagée» un décor pour expliquer son geste fatal.
Deux ans et demi d’instruction n’ont pas été de trop pour remonter les fils d’une histoire qui a commencé de manière très banale, au cœur de l’été 2014. Laurent Baca, alors âgé de 37 ans a disparu le matin du 6 août. Sans voiture ni téléphone portable et sans donner une seule nouvelle, ce qui ne ressemblait pas à cet homme très famille et plutôt casanier. De quoi affoler parents, sœur et frère qui très vite, minés par l’inquiétude, ont logiquement réclamé des explications à Édith Scaravetti. Les versions sur ce départ surprise ont changé aux fils des jours mais Édith rassurait les uns et les autres, affirmant : «Il va revenir…»
Quand les policiers et les pompiers ont découvert Laurent Baca mort, caché sous un linceul de béton le 22 novembre 2014, dans un caveau aménagé dans le grenier de la maison familiale du quartier Saint-Simon, à Toulouse, il était évident que sa mort remontait au mois d’août. Confrontée à une perquisition, Édith Scaravetti venait de fondre en larmes face à une enquêtrice de la sûreté départementale. Des larmes aussitôt accompagnées d’aveux complets.
Depuis, deux thèses s’affrontent, et même au cœur de la magistrature, les lectures s’opposent. La doyenne des juges d’instruction Myriam Viargues voit plutôt en Édith Scaravetti une femme battue et humiliée qui, excédée, presque par accident selon l’accusée, a tué son compagnon. Le parquet, lui, se montre beaucoup plus dur face à une accusée qui serait en réalité plus machiavélique.
Bien sûr, la défense portée par Mes Georges Catala et Laurent Boguet défend la thèse de cette femme battue quand Mes Pierre Le Bonjour, Édouard Martial et Antoine Tugas, pour la famille du mort, s’interrogent sur la réelle motivation de l’accusée et son discours «un peu trop lisse» de femme humiliée. Et Me Rémy Nougier, avocat du fils aîné de Laurent Baca et de sa mère, espère «une version crédible». «Nous avons le sentiment que tout peut arriver pendant cette semaine de débat. Peut-être même la vérité», prévient l’avocat nîmois.
L’avocat général, David Senat, portera l’accusation. Le verdict est attendu en fin de semaine, en principe vendredi. Édith Scaravetti encourt la peine de réclusion criminelle à perpétuité.