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Denain. Si vous jetez, il faudra travailler, gratuitement, pour nettoyer

 

26,5 tonnes de déchets en moyenne par mois liés à des dépôts sauvages. 33 tonnes si l’on y ajoute les détritus dans les rues. Et un triste record, établi en juin dernier, de 39,740 tonnes de déchets ramassés. Pour Anne-Lise Dufour, maire, c’est tout simplement  » inadmissible « .

La prévention se semble pas suffire

La municipalité avait tenté la prévention à la fin de l’été dernier en menant une campagne de sensibilisation. A coups d’affiches et de tracts appelant au civisme et rappelant les règles élémentaires de vie en société comme l’entretien des trottoirs et caniveaux qui incombent à chaque habitant.

Les contraventions ne semblent pas assez dissuasives

Le prospectus évoquait aussi les risques encourus par la loi : une contravention de 17 € en cas de non-respect de cette obligation prise par arrêté municipal. Pour les auteurs de dépôts sauvages identifiés, des timbres amendes pouvant aller jusqu’à 1 500 euros (contravention de 5e classe).

Mais puisque rien semble n’y faire et que, surtout, les dépôts sauvages se poursuivent, la Ville a décidé de durcir le ton. Jeudi 13 décembre, le conseil municipal a voté une délibération lui permettant « d’ouvrir la possibilité d’une procédure de composition pénale prévue aux articles 41-2 et 41-3 du Code de Procédure Pénale à travers la réalisation d’un travail non rémunéré (TNR) » à effectuer au sein de la direction de la propreté de la ville.

Ce n’est pas qu’à Denain, cité de 21 000 habitants, les rues soient plus sales qu’ailleurs. Neuf agents municipaux sont à pied d’œuvre chaque jour pour ramasser les détritus sur les quelque 115 km de voiries. « Mais certaines personnes la rendent sale« , déplore la première magistrate de la ville.

Une ville avec des friches et de l’habitat inoccupé

Une problématique, spécifique à Denain, semble toutefois se dégager : celle des dépôts sauvages. En effet, la ville, en pleine rénovation urbaine notamment au niveau de son ancien habitat minier et industriel, comporte encore de nombreuses friches et maisons vides, même si celles-ci sont petit à petit réhabilitées. Idéal pour les personnes mal intentionnées qui vont y déverser leurs déchets plutôt que de se rendre aux deux déchetteries situées en toute proche périphérie de la ville.

Et les chiffres gonflent : 292,49 tonnes de déchets ramassées en 2018. La facture, elle aussi, car la municipalité doit régler les transports pour aller déposer ces détritus dans les bennes des déchetteries.

La police municipale, mobilisée, ne peut régler le problème à elle seule. 69 timbres amendes ont été délivrés en 2017 aux contrevenants, auteurs de dépôts sauvages identifiés soit grâce aux fouilles des détritus par les agents, soit par les caméras de vidéo-surveillance.

Ce qui va changer : des poursuites judiciaires

Aussi, à partir du premier trimestre 2019, les auteurs de dépôts sauvages constatés soit par la vidéo-surveillance soit par flagrance d’un agent de police, pourront être reçus dans les 15 jours au commissariat de police sur injonction du procureur de la République. Un travail non rémunéré (TNR, de 7h à 14h) au sein du service de propreté de la ville sera alors proposé. Si l’auteur de l’infraction l’accepte, l’AJAR (Association pour la Justice, l’Accueil et la Réinsertion) sera saisie afin que ce dernier fournisse un certificat d’aptitude au travail. L’AJAR, le juge des libertés et de la détention (JLD) et le service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP) poursuivent alors la procédure jusqu’à l’arrivée de l’individu au sein de la direction de la propreté de la ville. En cas de refus du contrevenant (ou s’il ne se présente ni à l’AJAR ni à son TNR), il sera traduit devant le tribunal de police.

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Anne-Lise Dufour, maire :  » Ils mettront leur gilet jaune, pas pour manifester, mais pour nettoyer ce qu’ils ont sali « .

Une punchline signée Anne-Lise Dufour, maire de Denain. Elle en a ras-le-bol du « comportement irrespectueux et de la mauvaise éducation » de certains de ses concitoyens. Elle veut en finir avec les frigos abandonnés dans un coin de la ville, les cendriers déversés dans la rue, les encombrants jetés dans la nature ou dans les maisons abandonnées…

1 – ça coûte très cher

«  292 tonnes de déchets ramassés au 15 décembre, tonne-t-elle, vous imaginez ? C’est incroyable ! « . Et ça coûte cher, très cher,  » de l’argent qu’on pourrait mettre ailleurs « , insiste l’édile.  » En fait, on paye trois fois pour ces agissements irresponsables, gronde-t-elle, la Ville paye son personnel qui doit travailler six jours sur sept, les camions qu’elle envoie à la déchetterie sont pesés et facturés, et enfin il y a l’agglo qui règle la facture de la valorisation des déchets sans la répercuter sur les impôts locaux  » (ndlr, taxe d’enlèvement des ordures ménagères à taux O).

2 – ça fonctionne à Valenciennes

Alors, trop c’est trop, pense la maire de Denain. Puisque la verbalisation semble ne pas suffire (63 timbres-amendes encore délivrés cette année), elle a décidé d’aller plus loin jusqu’à la condamnation à un travail non-rémunéré (TNR) voire, en cas de refus, à un traitement pénal.  » J’ai rencontré le procureur de la République, explique Anne-Lise Dufour, il m’a parlé du dispositif mis en place à Valenciennes et qui fonctionne. Alors pourquoi pas chez nous « .  » Il est temps d’établir clairement les responsabilités, et de faire réfléchir les irresponsables « , tance-t-elle. Avec un seul objectif en tête :  » une réduction significative  » de ces dépôts sauvages. Et une ville plus propre aussi.

Source:: Denain. Si vous jetez, il faudra travailler, gratuitement, pour nettoyer

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