Médecin

Relayé par Le Parisien, le Conseil national de l’ordre des médecins vient de révéler qu’en 2017, la barre des 1.000 signalements d’agressions contre les médecins avait été franchie. Heureusement, les deux tiers des incidents ne sont qu’insultes, crachats, menaces ou agressions verbales. Un quart, des vols ou tentatives de vols. Viennent ensuite les agressions physiques (8 %) et le vandalisme (7 %). Neuf cas d’agressions au couteau ou au cutter, quatre à l’arme à feu de poing, et une… à la hache ! L’analyse victimologique par région, sexe du praticien, spécialité exercée, etc., est poussée. En revanche, pour les auteurs et les mobiles, Le Parisien et l’Ordre nous laissent bizarrement sur notre faim.

Force m’est donc, en tant qu’ancien référent sécurité d’un ordre départemental, de combler les lacunes de ces éminentes mais timides structures pour éclairer le phénomène.

Première précision : ces chiffres ne représentent que la petite partie de l’iceberg portée à la connaissance de l’institution ordinale. Surmenés et le nez dans le guidon, beaucoup de médecins ne prennent pas le temps de se plaindre aux forces de l’ordre. D’autant que ceux qui l’ont fait une ou plusieurs fois dans certains quartiers ont rarement vu les bénéfices de leur démarche.

Pour les causes, il y a bien sûr d’abord la pénurie de médecins, qui allonge aussi bien les délais de rendez-vous que les attentes en salle du même nom : en bonne santé, ce n’est déjà pas drôle, alors quand on a mal, un peu d’énervement est compréhensible… C’est une des explications, ce n’est pas une excuse.

Il est aussi probable que le fait que de plus en plus de gens n’aient rien à débourser pour consulter un praticien (CMU, AME, affections de longue durée) dévalorise la « cérémonie ». C’est bien connu, « tout ce qui gratuit ne vaut rien », et on a rarement vu un avocat pris au collet par quelqu’un qui va lui signer un chèque de plus de mille euros…

Ensuite, il y a la volonté d’obtenir du médecin des substances ou des écrits qui ne sont pas toujours justifiés par l’état du demandeur. Le toxicomane en manque est rarement un modèle de sérénité, et le refus d’un arrêt de travail ou d’un certificat permettant à un sans-papiers pétant de santé de se maintenir sur le territoire national peut rapidement alourdir l’atmosphère, surtout quand un ou deux « cousins » accompagnent le demandeur…

Enfin, il y a l’indicible, le grand secret, le diplodocus sur la langue des journalistes et des statisticiens de l’Ordre qui, comme le bikini, cachent l’essentiel que seules des statistiques ethniques seraient à même de révéler : la très forte proportion d’agresseurs issus de populations ayant d’autres codes culturels.

Il est loin, le temps où le maire, le curé, l’instituteur et le médecin formaient un quadrige sur lequel il était impensable que quelqu’un portât la main. On tape sur la police, on caillasse les pompiers… pourquoi les médecins seraient-ils épargnés ?