Docteur d’Etat en droit public, avocat, maitre de conférences des Universités

L’Ascension, fête d’habitude peu commentée, car noyée dans un mois de mai hyper-festif, déchaîne cette année les passions sur les réseaux sociaux. 700 tweets postés en deux jours !

Vous pensez que cette fête est bien moins connue des non-chrétiens que Noël ou Pâques, et que l’au revoir du fils de Dieu ressuscité qui, après avoir retrouvé ses amis quarante jours, leur annonce qu’il va les quitter et monte au ciel comme ça, direct, sur son petit nuage, ne vaut pas, pour eux, d’arrêter le travail de toute une nation ? Ou que si, comme le « touite » joliment l’abbé Gaëtan de Bodard, il s’agit d’« un petit coup d’œil vers le ciel pour y puiser les forces nécessaires, puis à l’attaque pour servir le monde », ça peut se faire sans solennité particulière ?

Ou bien vous imaginez que cette fête est contestée, cette année, car deux jours fériés dans la même semaine – puisque le 8 mai est un mardi et l’Ascension le jeudi qui suit – irritent certains employeurs et menacent gravement l’économie déjà mise à terre par les grèves ?

Vous n’y êtes pas du tout.

Un tweet vengeur donne le ton : « Si la France était chrétienne, on y emprisonnerait les filles mères, les homosexuels et les scientifiques, et l’avortement y serait interdit. Je préférerais donc que ce soit le jour de la fin de l’esclavage qui soit férié. »

Car oui, c’est vrai, il y a aussi le 10 mai. Ce jour fatal de l’accession, en 1981, des socialistes à un pouvoir qu’ils n’ont plus guère lâché depuis, est aussi jour de commémoration de l’esclavage.

Et un de plus à déclarer « chômé » !

Il ne faudrait pas, non plus, oublier le 9 mai, fête de l’Europe, que notre Président – qui, lui, ne chôme jamais – célèbre auprès de jeunes Allemands pour leur vendre son idée d’une Europe « qui en finisse avec les nationalismes », alors même que depuis 1945, le mot est si tabou outre-Rhin qu’il fait partie de ceux que « les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître ».

Bon, récapitulons : 1er mai, fête du Travail ; 8 mai, fin de la Seconde Guerre mondiale ; 9 mai, fête de l’Europe, 10 mai, fête de l’esclavage… On en n’oublie pas ? Si !

Le tweet d’une radio nationale de grande écoute avertit : « Le #ramadan commence dans moins d’une semaine, dans la soirée du mardi 15 mai. »

Alors, continuons… 15 mai, fête du début du ramadan.

Plus la Pentecôte, le 21, la fête des Mères, le 27… Celles-là, la twitto-gaucho-sphère les balancerait bien aussi, remarquez. La fête des Mères ça sent bien trop son Pétain et la France rance des années « genrées », avant la « parenté sociétale » 1 et 2. Quant à la Pentecôte, c’est comme l’Ascension : il vaudrait mieux ne pas la fêter car « si la France était chrétienne, on y emprisonnerait les homos », etc.

D’accord, mais alors, et pour le ramadan ?

« Si la France était musulmane, on couperait les mains des voleurs, on lapiderait les femmes adultères, on voilerait les filles, on tuerait les homos, des savants mais aussi des musiciens et poètes risqueraient la prison ou la mort, alors je préférerais éviter qu’on fête le début ou la fin du ramadan. »

Non, je blague. Je n’ai lu ça nulle part.

Il faut dire que la Toile résonne encore, le plus souvent pour s’en féliciter, de la condamnation d’Éric Zemmour pour « islamophobie ».

Ceci explique peut-être cela.