Cédric Cubizolle est agent de la brigade « environnement de proximité » de Saint-Etienne.
« Actuellement, nous avons une tenue identifiable, bleue, qui est très proche de celle de la police municipale. Ce qui nous différencie, c’est que nous avons trois bandelettes vertes. Nous ne sommes pas armés, nous avons un gilet pare-balle et une paire de menottes.
Nous avons appris il y a une semaine qu’on allait passer sur des missions effectuées en civil dans le centre-ville de Saint-Etienne. D’après la mairie, il y a moins d’incivilités à constater si nous sommes en uniforme -et donc reconnaissables de loin. Un test a d’ailleurs montré que quand les agents sont en civil, il y a plus d’infractions constatées.
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« Nous n’avons pas été concertés »
Nous avons eu une réunion de préparation pour valider les modifications de poste. Et on s’est rendus compte que qu’ils voulaient faire passer les brigades en civil alors que nous n’avons jamais eu de réunions sur le sujet. Nous n’avons pas été concertés.
Nous ne sommes pas d’accord. Déjà qu’en uniforme, on n’a pas beaucoup de moyens de se défendre, là on en aura encore moins. On aura seulement le gilet pare-balles sous nos habits personnels. Ils disent que notre sécurité sera assurée par vidéosurveillance. Alors oui, les caméras seront braquées sur nous, mais on se fera agresser en direct.
Quand on agit sur ce genre d’incivilités, on a déjà beaucoup d’insultes au quotidien. Les gens ont tellement l’habitude de jeter leur mégot par terre qu’ils ne comprennent pas pourquoi on les verbalise d’une amende à 68 euros. Même avec notre tenue, c’est difficile de se faire respecter. On est souvent obligés d’appeler la police municipale. Tout ça pour un mégot jeté au sol. La police municipale a autre chose à faire.
On sait qu’on est exposés, car nous n’avons rien pour nous défendre. Mais on est habillé en bleu, on est identifié, ça dissuade les gens d’aller trop loin.
« Notre boulot est suffisamment compliqué »
On ne comprend pas vraiment cette idée de la mairie qui nous mettrait vraiment en danger. Ce qui est malsain, c’est qu’être en civil, c’est un peu piéger les gens. La mairie veut instaurer un climat de crainte dans le centre de Saint-Etienne. Certes, les incivilités sont un problème mais il y a peut-être un travail de communication à faire avant.
Notre boulot est suffisamment compliqué. On ne refuse pas cette mission en centre-ville, mais on veut que les conditions de sécurité soient là et nous souhaitons un équipement adapté. Et les 20 agents de la brigade sont d’accord là-dessus. Nous proposons à la mairie de passer sur un statut de garde-champêtre ce qui nous permettrait d’avoir une tenue et une bombe lacrymogène, une matraque pour assurer notre sécurité. Ça nous permettrait aussi de gérer nos missions seuls, sans la police municipale.
Nous envisageons donc de faire grève si jamais cette brigade en civil est maintenue. La mairie doit nous proposer une solution ce lundi, nous verrons à ce moment-là pour voir si on commence la grève dès mardi ».
