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Attentat de Nice: un policier municipal martiniquais décoré pour acte héroïque

L’intervention de cet ancien membre des forces spéciales de l’armée de l’air le soir de l’attentat de Nice a été décisive. Son sang froid a permis de sauver plusieurs vies et de faciliter la mise en place des secours. La ville de Nice reconnaissante l’a décoré ce mercredi en tant qu' »héros modeste ».

© Ville de Nice
© VILLE DE NICE
  • Par Pierre Lacombe
  • Publié le 05/10/2017 à 18:01, mis à jour le 06/10/2017 à 14:41
Le jour de l’attentat de Nice, le 14 juillet 2016, cet ancien caporal-chef de l’armée de l’air, qui a rejoint la police municipale de Nice il y a deux ans, a retrouvé durant cette nuit de cauchemar ses réflexes de militaire. Son expérience des zones de guerre, son sang-froid et sa parfaite maîtrise des gestes de premiers secours lui ont permis de sauver de nombreuses vies et de faciliter l’intervention des secours. Le maire de Nice, Christian Estrosi, l’a décoré ce mercredi 5 octobre de la médaille des « Héros modestes. »  Regardez:

Roger, policier municipal Nice

Ce 14 juillet 2016, alors qu’il s’apprêtait à rejoindre des amis pour prendre un verre après le feu d’artifice, Roger entend sur la fréquence radio le message suivant :

Il y a un fou qui rentre sur la promenade des Anglais et qui fait des embardées.

 

Les policiers municipaux se rendent sur place et se retrouvent face à une marée humaine. « Des gens qui courent, ils sont paniqués, d’autres se font piétiner ». Sous les tirs nourris de la police nationale qui tentent de neutraliser le terroriste à bord du camion fou, Roger parvient à se rapprocher du véhicule. Cette fois, ce n’est plus le policier municipal qui agit dans le cadre de son travail, mais bien l’ancien militaire des forces spéciales.

Deux enfants retirés sous le « camion fou »

© AFP
© AFP

« Je me retrouve à l’avant du camion, face à l’individu alors neutralisé. Il faut aller très vite car, à ce stade, on ne sait pas si le camion est piégé ou s’il contient un commando de terroristes. Je décide alors de passer sous le camion pour récupérer deux enfants, l’un coincé au niveau des essieux, l’autre dans une tôle ». Roger pratique un massage cardiaque sur l’un des enfants pour le réanimer et le mettre ensuite en sécurité.

Les chirurgiens lui ont dit que je lui avais sauvé la vie

Avec ses collègues, Roger progresse lentement sur ce théâtre de guerre et va chercher les blessés les plus graves.

« Nous avons fait des garrots avec une ceinture, des lacets ou des tee-shirts déchirés et nous avons fabriqué des brancards de fortune avec des barrières de sécurité ».

Roger parvient ainsi à mettre en sécurité des dizaines de personnes dans les hôtels Western Union et Negresco.

© Valery HACHE / AFP
© Valery HACHE / AFP

Plus tard, Roger aperçoit une femme enceinte allongée sur le sol.

Son bas-ventre était coupé et ses intestins dehors. Je remets les intestins à leur place et l’ai porté en prenant soin de ne pas lui dire que son ventre était ouvert au risque de la mettre en panique et je la confie ensuite aux pompiers.

Il l’a reverra par hasard plusieurs mois plus tard. « Les chirurgiens lui ont dit que je lui avais sauvé la vie parce que les techniques que j’utilisais étaient celle d’un militaire qui oeuvrait sur les théâtres d’opérations militaires. Elle m’a présenté à ses enfants et leur a dit que j’étais son sauveur. » 

Il aide deux hélicoptères à se poser

Durant cette nuit de cauchemar, Roger met en pratique ses connaissances de l’aviation lorsque il aperçoit les hélicoptères de la sécurité civile, dont l’un cherchant à se poser.

Mes gestes techniques de l’aéronautique m’ont permis de faire se poser deux hélicoptères sur la Promenade des Anglais, de nuit et tout feux éteints, pour qu’ils puissent effectuer l’acheminement des blessés les plus graves.

Roger est incapable de dire combien de personnes il a pu sauver cette nuit-là sur le bord de la Promenade des Anglais. « Les pompiers nous ont dit plus tard que notre travail d’excellence dans le tri des blessés avait été décisif ».   

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