Consultant en sécurité

Trop mou, trop vague et trop technocratique, vision angélique du problème, voilà les termes qui me viennent en premier après l’avoir entendu. En un mot : pas à la hauteur de la situation. Seul le diagnostic est bon : les choses ne vont pas bien du tout. Mais cela, nous le savons et le déplorons tous les jours. Je me bornerai à quatre observations qui me semblent essentielles.

La proximité c’est la reconquête et la présence sur le terrain :

Il existe déjà dans la police une direction de la sécurité publique qui a abandonné l’action de proximité dans les quartiers sensibles depuis une trentaine d’années. Il faut sans doute revoir ses méthodes et ses modes d’action, ses effectifs aussi, afin de la remettre sur de meilleures bases. D’ailleurs Emmanuel Macron l’a dit lui-même, « cela doit consister à redonner du sens à la sécurité publique ». Il n’y a donc rien à inventer. Mais, plus grave, notre président oublie un pré-requis, il faut reconquérir préalablement ces quartiers où pullulent les trafics, les bandes de délinquants et où s’est imposé un islam radical qui nous mine. Sinon cela ne fonctionnera pas. Or, on n’a rien entendu sur ce sujet. Au contraire, on a entendu que cette réforme « ne consistera pas à remettre en place des postes de police dans les quartiers »! Emmanuel Macron se contredit aussi en indiquant que « l’insécurité ne sera bien combattue que si les forces de sécurité sont bien intégrées à la population ». Mais, pour être bien intégré, Monsieur le président, il faut y vivre, dans ces quartiers, et ce n’est pas le cas des policiers qui ne viendront qu’y travailler. Une impasse majeure, donc. La gendarmerie pour sa part, expérimente actuellement exactement l’inverse en consacrant des brigades territoriales dites « de contact » à la seule mission de contact avec la population, les gendarmes vivant, eux, sur place.

La proximité c’est aussi la disponibilité et la motivation policière :

C’est un vaste sujet. “La police doit être plus disponible”, a estimé il y a quelques jours le nouveau patron de la Police nationale. « Il faut que la police soit plus à l’écoute, plus proche, plus disponible à l’endroit de la population qu’elle protège. C’est la clef de tout ». On ne peut qu’approuver. Mais comment transformer la démotivation actuelle liée à plus de trente ans de laisser-aller dont les policiers ne sont pas les seuls responsables, loin de là, en motivation extrême ? Je ne suis pas sûr qu’Emmanuel Macron ait la clef de ce problème.

La proximité c’est de bonnes relations police-justice :

Une meilleure politique de sécurité suppose des relations sereines et confiantes entre policiers et magistrats. Or, elles ne sont souvent pas bonnes, les policiers reprochant aux magistrats leur faiblesse dans les sanctions et le peu de considération portées à leur endroit. Il y a quelques jours des policiers anti-drogue ont déposé leurs armes à leur direction centrale pour protester contre des sanctions prises par des magistrats envers certains de leurs collègues. De l’autre côté, nombre de magistrats sont politisés et syndiqués et n’appliquent pas les lois avec toute la rigueur que l’on pourrait attendre, ayant plus d’empathie pour les délinquants que pour les victimes et les policiers.

Enfin, il ne faut pas sous-estimer le poids du corporatisme et du syndicalisme policier :

Emmanuel Macron nous a dit qu’il faut retisser les liens entre police, élus et polices municipales et revoir leur coordination. Très bien, mais les polices municipales ont souvent pris la place de la police nationale dans cette proximité tant recherchée et c’est bien normal. Comment vont-elles interpréter le retour de la police nationale qui avait déserté ce créneau ? Le corporatisme et la concurrence syndicale vont aller bon train et ne vont pas simplifier les choses.

On a eu l’impression que notre président ne sait pas vraiment comment il faut faire. Et ce n’est pas rassurant.