À Rillieux-la-Pape – commune du nord de la métropole de Lyon –, la violence, c’est le pain quotidien des habitants.

En février dernier, un homme, « victime d’un malaise cardiaque, à l’issue d’une bagarre rue Michelet à Rillieux-la-Pape mercredi soir, est décédé ce lundi après-midi à l’hôpital cardio de Bron. […] L’origine du litige provenait d’un jet de pierre, qui avait brisé la vitre d’une voiture en circulation » (Le Progrès).

Un mois plus tôt, « le week-end a été émaillé par des outrages aux policiers et des feux de poubelles. Lundi après-midi, des rodéos à moto ont semé le trouble sur l’avenue de l’Europe. […] Une voiture siglée du Grand Lyon a été renversée, et mise sur le toit au milieu de l’avenue de l’Europe au niveau de l’agence de la Caf […] Dans la nuit de lundi à mardi, vers 3 heures du matin, trois voitures en stationnement ont été incendiées, place Alexandre-Dumas » (op. cit.). Ce qui campe le décor.

Aussi, face à cette banalisation de la violence – qui n’est banale que pour ceux qui l’exercent ou ne la subissent pas –, Alexandre Vincendet, maire Les Républicains de la ville, a décidé de prendre le taureau par les cornes en mettant en place la mesure suivante : « Pour les jeunes qui sont délinquants et dégradent du bien public, ce qui peut arriver à Rillieux, leurs parents verront leurs aides municipales suspendues, s’ils en ont, le temps des réparations. […] D’un point de vue moral, les parents étant responsables, c’est un peu compliqué d’accorder une aide municipale à ces familles si leur enfant mineur vient de commettre des dégradations sur des biens publics » (20 Minutes). Mais ce n’est pas gagné, car le cadre législatif ne lui laissera sûrement pas les coudées franches pour de telles initiatives.

Bien entendu, l’élu, quoique sa démarche soit fort louable, appartient à la famille républicaine – autrement dit, celle qui agite à l’envi le péril de l’extrême droite de grand-papa ! – et il ne saurait réprimer sans ménager la chèvre et le chou : « Le problème en politique, quel que soit le bord, c’est qu’on a d’un côté des élus dans l’angélisme absolu, qui ne sont que dans la prévention, et d’autres qui sont dans le tout répressif » (op. cit.).

On sait où nous a menés ce genre d’équilibrisme politique avec ces quartiers, le tout répressif n’étant par ailleurs qu’un fantasme n’ayant en réalité jamais été appliqué nulle part. Saluons au moins cette démarche dont on espère qu’elle sera suivie d’effet.

Enfin, malgré toutes ces précautions oratoires du maire de Rillieux-la-Pape, certaines divas du vivre ensemble vont encore nous chanter l’aria de la tolérance à l’égard des quartiers défavorisés. Ce à quoi je leur répondrai : « La multiplication des crimes commis par des enfants a sa source principale dans l’inflation de bons sentiments sous laquelle l’humanité chemine, à présent, courbée comme sous les rafales d’une tempête qui n’aurait pas de fin »(Philippe Muray, Les Ravages de la tolérance, in Revue des deux mondes).