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Nice. La Cnil interdit Reporty, l’appli d’appels en direct à la police

VIGILANCE CITOYENNE « Reporty » était expérimenté depuis le 15 janvier…

F.B. avec AFP

Publié le 22/03/18 à 11h46 — Mis à jour le 22/03/18 à 12h35

Une femme utilisant un smartphone, le 20 avril 2016.
Une femme utilisant un smartphone, le 20 avril 2016. — Geert Vanden Wijngaert / AP
  • L’application était en test depuis le 15 janvier dans la capitale azuréenne.
  • La Cnil a décidé d’interdire cette expérimentation.

Pour la Cnil, Reporty était « très intrusif ». Trop intrusif. La Commission nationale de l’informatique et des libertés a justifié mercredi son veto opposé à l’expérimentation menée à Nice de cette application israélienne qui permet d’appeler la police municipale en direct et en vidéo. L’autorité la juge également risquée pour les personnes l’utilisant.

>> A lire aussi : La Cnil demande l’arrêt de Reporty, l’application d’appels vidéo en direct à la police

Saisie en janvier, l’autorité indépendante chargée de la protection des données personnelles a conclu à plusieurs défauts du dispositif faisant appel à la vigilance citoyenne pour signaler, filmer en direct et géolocaliser les incidents dont chacun peut être témoin, de la crotte non ramassée par un propriétaire de chien jusqu’à l’accident de voiture, l’incendie ou même un enlèvement ou un attentat.

Des garanties « insuffisantes »

Premier problème, selon la Cnil, ce dispositif « s’inscrit difficilement dans le cadre légal actuel […], du fait notamment de l’intégration de terminaux mobiles des particuliers dans un dispositif public sous la responsabilité de la police ».

>> A lire aussi : «La vidéosurveillance pour faire face au terrorisme? C’est une escroquerie intellectuelle», répond un chercheur du CNRS

Ensuite, il est « très intrusif » car il permet la collecte instantanée de données impliquant des tiers sur la voie publique, leur image ou leur voix. Certes, ajoute la commission, l’application est assortie d’une charte de bonnes pratiques susceptible de désinscrire du service quiconque l’utilise mal, mais ces garanties sont « insuffisantes ».

Enfin, Reporty « est susceptible de faire courir des risques réels pour les personnes dénonçant les incivilités ou la situation critique dont ils sont témoins ou victimes, de nature à porter atteinte à leur sécurité », estime encore la Cnil.

«Une fuite en avant irrationnelle»

Cette décision, qui a déclenché l’ire du maire de Nice Christian Estrosi. La commission « s’oppose aux initiatives prises en matière de sécurité en brandissant la protection des libertés individuelles comme étendard, sans s’intéresser à ceux qui subissent chaque jour des agressions sur leurs propres libertés », a notamment raillé l’élu.

: Une nouvelle fois, sans réelle explication, la @CNIL s’oppose aux initiatives en matière de sécurité en brandissant la protection des libertés individuelles, sans s’intéresser à ceux qui subissent chaque jour des agressions sur leurs propres libertés.

Le veto de la Cnil a en revanche été salué par des associations niçoises qui s’étaient regroupées en collectif pour dénoncer ce projet. « Il est rare que [l’organisme], qui se borne habituellement à formuler des recommandations de principe, soit aussi ferme dans ses interventions sur ce type d’initiatives sécuritaires. C’est dire la gravité de ce qui était en préparation », a réagi le PS des Alpes-Maritimes.

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Pour la fédération socialiste, « il restera de cette lamentable affaire une fuite en avant irrationnelle qui a conduit le maire de Nice à tout mélanger et à mettre sur le même plan la lutte contre les incivilités et le combat contre le terrorisme ».

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