« On est aux limites des capacités humaines », estime un douanier dans le dossier d’Abelec, un Guyanais de 35 ans, père de dix enfants, interpellé le 1er octobre par les agents de la brigade ferroviaire dans le TGV Paris-Nancy. Il transportait 1,2 kg de cocaïne dans son gros intestin. Il faudra attendre l’audience du 23 octobre pour en apprendre un peu plus sur le fond du dossier : le prévenu, actuellement en détention provisoire, a demandé le renvoi pour préparer sa défense.

Parti le 30 septembre de Cayenne, le trentenaire avait ingurgité 149 ovules d’une poudre dont le test a confirmé la nature, mais pas le degré de pureté qui sera déterminé par l’analyse du laboratoire des douanes. La rupture d’une seule de ces boulettes l’aurait envoyé ad patres.

Cinq voyages depuis janvier

Descendu du train à Nancy, le prévenu a été examiné à l’hôpital messin de Mercy, où un scanner révèle l’embouteillage des ovules dans son côlon. Le résultat d’une absorption étalée sur plusieurs heures pour stocker un volume et un poids qui approchent de valeurs records. Il a également fallu du temps, pas moins de treize heures, pour que le voyageur expulse la totalité de son chargement durant son hospitalisation, voulue pour s’assurer qu’il ne restait pas de stupéfiants dans son organisme. La virginité de son casier judiciaire ne fait pas d’Abelec un débutant. Ce vol vers la métropole était le second du mois de septembre et son cinquième depuis le mois de janvier.

Cette mule n’est pas non plus la première interceptée en 2017 par les douaniers. Ils ont mis la main sur un voyageur transportant 713 g in corpore en janvier à Nancy et un autre, en août, à Metz, avec 323 g dans l’intestin. Un mode de transport en développement, observent les enquêteurs, qui reviendront dans deux semaines pour réclamer une amende de 42 000 €, inférieure à la moitié du bénéfice attendu sur le marché clandestin.

Frédéric CLAUSSE.