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Les prostituées rendent le quartier de la gare «invivable», les riverains épuisés

Posted On 02 Août 2018
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C’est une histoire compliquée de cohabitation. Malgré un arrêté municipal de 2013 interdisant le racolage sur ce secteur, les trottoirs du boulevard Lacombe accueillent toujours des prostituées. Certains riverains se disent épuisés et stressés par cette situation.

Yolande (son prénom a été changé) veut passer une retraite tranquille. Depuis un an, elle a décidé de s’installer dans une jolie et nouvelle résidence du boulevard Lacombe, à Albi. Une femme tranquille, qui a opté pour ce lieu de vie pour pouvoir rester en ville, ne pas prendre trop souvent la voiture, faire ses courses à pied, profiter de sa petite fille.

Seulement voilà. Son appartement donne sur le boulevard pas si tranquille que ça. Ce n’est pas le trafic routier qui la dérange, mais le «business» qui se déroule sur les trottoirs.

«Les prostituées arrivent de plus en plus tôt, boivent plus que de raison, se mettent à parler fort, très fort, quand ce ne sont pas des cris» confie Yolande, fatiguée par ce quotidien.

«J’ai fait mettre le double vitrage pour ne plus entendre ce brouhaha. Mais dès que j’ouvre, ce n’est plus possible.» Yolande avoue vivre aujourd’hui avec la peur au ventre.

«Le soir, j’ai peur»

«Après 17 heures, je n’ose plus sortir. Car avec les heures qui passent, elles deviennent agressives.» Et puis il y a le soir, la nuit, le bruit des voitures, le va-et-vient des clients. «Le matin, ce sont les préservatifs que l’on retrouve sur le trottoir. On fait attention à tout, même quand on gare les voitures dans nos parkings. On regarde toujours derrière nous si personne se cache derrière pour pénétrer dans l’immeuble. C’est déjà arrivé.»

Du coup, Yolande a décidé de faire bouger les choses. «J’ai porté plainte au commissariat. J’ai envoyé un courrier au maire et au procureur de la République.» Et ? «Rien, personne ne m’a répondu. Du coup, je suis en train de faire passer une pétition dans notre immeuble. J’ai déjà plusieurs signatures. Je sais que d’autres riverains, dans d’autres immeubles le font aussi.»

Yolande n’en veut à personne. «Je sais bien que le quotidien de ces filles n’est pas rose. Ce sont des victimes (1). Mais vous comprenez aussi que j’ai envie de vivre tranquillement. Aujourd’hui, je n’accueille plus chez moi ma petite fille qui me pose des questions à chaque fois qu’elle vient. C’est qui ces dames ? Pourquoi elles restent toute la journée sur le trottoir? Vous comprenez bien que ce n’est pas un environnement pour elle.» Alors Yolande attend.

«La police? C’est vrai qu’elle vient quand on l’appelle. Mais elle ne fait que passer. Cela ne règle en rien la situation.»

Du coté des forces de l’ordre, le directeur départemental de la sécurité publique, Pascal Dumas, confirme «que cette affaire est suivie de près par nos services. Des patrouilles viennent très régulièrement sur le secteur. Aujourd’hui, les prostituées sont moins nombreuses qu’avant. Le plus souvent, elles ne sont que trois. Mais quoi qu’il en soit, c’est un dossier prioritaire .» L’histoire est un éternel recommencement. Comme en 2013, la cohabitation sur le boulevard Lacombe n’est pas au beau fixe. Comme en 2013, les riverains demandent à être écoutés. Comme en 2013, ils veulent que de vraies décisions soient prises pour retrouver sérénité et bonheur de vivre dans ce quartier.

(1) La grande majorité des prostituées qui travaillent autour de la gare sont des Nigérianes sous la coupe d’un trafic organisé dirigé depuis Toulouse.


Un arrêté municipal anti-prostitution existe depuis novembre 2013

Un arrêté municipal anti-prostitution existe depuis le 29 novembre 2013. Il a été signé par Stéphanie Guiraud-Chaumeil qui, à cette date, était adjointe au maire. Elle répondait à une problématique qui existe de nouveau. Le ras-le-bol des riverains face à une prostitution galopante sur les trottoirs du boulevard Lacombe et les parkings adjacents à la gare SNCF. Que dit cet arrêté : «Il est interdit aux personnes se livrant à la prostitution, de stationner ou de se livrer à des allées et venues répétées, de jour comme de nuit sur les espaces de stationnement des bus et autocars de la gare (et devant les établissements hôteliers, les commerces, les habitations.»

Cet arrêté, qui a une zone géographique délimitée, concerne la gare, le boulevard Lacombe, les rues Gabriel-Giraud, de Ciron, avenue du Général-Joffre, place Stalingrad, place de Verdun, une portion de l’avenue du Général-de-Gaulle (entre la place de Verdun et la rue Ciron), ainsi qu’une partie de l’avenue Maréchal-Foch, (qui relie la place de Verdun à la rue Pierre-Esquilat.).

Une autre façon de le faire respecter serait de verbaliser les clients des prostituées, comme le permet une loi de 2016.

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