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SNPM Syndicat National des policiers Municipaux

« Les policiers municipaux et nationaux doivent disposer des mêmes armes »

Le Monde.fr | • Mis à jour le | Par Eric Nunès

La police municipale de Cogolin est sous le coup d'une enquête de la police des polices.
La police municipale de Cogolin est sous le coup d’une enquête de la police des polices. | OLIVIER CLAIROUIN / Le Monde.fr

Quelque 4 000 revolvers de plus pour les mairies, une subvention pour l’achat de 8 000 gilets pare-balles, et une autre pour l’équipement des voitures en postes de radio. C’est ce qu’a offert le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, pour « améliorer les conditions de travail et de protection » des policiers municipaux, quelques jours après les attentats en région parisienne lors desquels dix-sept personnes ont été tuées, dont Clarisse Jean-Philippe, une policière municipale non armée, abattue à Montrouge.

Si le Syndicat national des policiers municipaux salue la « démarche » du gouvernement, de nombreux membres des forces de l’ordre, policiers nationaux et municipaux, qui ont répondu à un appel à témoignages du Monde.fr, ont jugé que les mesures annoncées étaient largement insuffisantes.

A l’heure actuelle, la décision d’armer, ou non, les agents de police municipaux, demeure l’apanage de l’exécutif des communes, comme l’a fermement rappelé l’Association des maires de France (AMF). Mais pour de nombreux agents territoriaux, un plan Vigipirate maintenu à son niveau le plus haut pourrait obliger les maires à franchir le pas.

« C’est une aberration de ne pas nous armer et de laisser à la libre volonté du maire de faire le choix… C’est comme envoyer un pompier avec sa combinaison anti-feu dans un feu de forêt sans lance incendie », métaphorise Olivier L., policier municipal.

« Si le collègue de Clarisse Jean-Philippe avait été armé, qu’il ait pu riposter au lieu de se cacher derrière une voiture, il y aurait peut-être plusieurs morts de moins aujourd’hui », estime Pierre F, policier municipal.

« PAS LES MOYENS DE SE DÉFENDRE »

Dotés d’un uniforme, chargés de missions liées à la sécurité, « beaucoup d’agents municipaux travaillent déjà dans les rues avec un gilet pare-balles, ce qui laisse supposer qu’ils sont susceptibles de se faire tirer dessus. Pourtant ils n’ont pas les moyens de se défendre et encore moins de défendre autrui. Ne sommes-nous que des cibles ? », interroge Gérald G., fonctionnaire territorial.

« Les policiers municipaux tout comme les policiers nationaux et les gendarmes doivent aujourd’hui, tous, où qu’ils se trouvent, disposer des mêmes armes, des mêmes moyens pour assurer leur sécurité et celle de leurs concitoyens dans les communes », poursuit Bertrand V., policier municipal.

Selon eux, la sécurité des agents territoriaux et de leurs concitoyens serait, parfois, sacrifiée sur l’autel des ambitions politiques des édiles. « Les maires n’ont pas un regard professionnel sur la situation du monde dans lequel nous vivons, mais plutôt un regard politique. Si politiquement cela leur semble défavorable d’armer leur police, ils n’hésiteront pas à la laisser sans moyens de protection et de riposte, tout en lui demandant d’effectuer des missions à risque », estime Frédérique L.

Lorsqu’il s’agit d’équiper ou non les forces de l’ordre locales, « il existe des communes où le maire oppose aux agents le budget restreint. A combien s’estime la vie d’un homme ou d’une femme ? », s’indigne Laurent L., également policier dans une petite ville. « Nous voulons bien exercer notre métier pour le public, mais nous ne voulons plus compter de victimes dans nos rangs du fait d’un manque de moyens », résume l’agent Cyrille D.

OUTILS DE RECHERCHE

Les policiers municipaux réclament donc des armes létales pour riposter à une attaque et des gilets pare-balles pour se protéger. Mais pas seulement. Karine R, policière municipale, regrette que certains outils de recherche soient réservés à la police nationale et à la gendarmerie. Alors que les communes françaises comptent près de 20 000 agents, ces derniers ne peuvent exercer certaines missions de surveillance et de maillage du territoire, car ils n’ont pas accès « aux différents fichiers en réseaux comme celui des personnes recherchées, des voitures volées », souligne la policière.

Il ne s’agit pas seulement de doter des agents d’armes létales, mais également de les former à leur usage et de maintenir à jour cette formation. Si chaque gardien de la paix participe à quelques séances de tirs annuelles, « on ne voit jamais le plus important : la préparation mentale dans une situation de stress, l’analyse de l’environnement, le repérage d’une menace potentielle, le processus de prise de décision sur le moyen de neutralisation », analyse Franck, gardien de la paix.

ARMES LONGUES OBSOLÈTES

Si les policiers municipaux revendiquent d’avoir accès à un équipement similaire à celui de leurs collègues de la police nationale, ces derniers critiquent également le matériel mis à leur disposition dans le cadre de leurs missions. Alors que les attaques des 7 et 9 janvier ont été réalisées avec des armes de guerre de type kalachnikov, les policiers chargés des missions de protection sont équipés d’armes longues obsolètes, selon Pierre, membre d’une compagnie républicaine de sécurité.

« Nos pistolets mitrailleurs sont d’une conception datant de 1945, le calibre est trop faible, les munitions ne sont plus perforantes », souligne également Jean, gardien de la paix. « Les gilets sont lourds inadaptés au mouvement et donc à la riposte », poursuit un de ses collègues. Son confère policier d’enchaîner : « nos voitures sont des cercueils qui ne passeraient jamais un contrôle technique », conclut Jean-Paul, désabusé.

 

 

 

 

source En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/01/28/les-policiers-municipaux-et-nationaux-doivent-disposer-des-memes-armes_4564617_3224.html#40StMqEGKhzG3u1y.99

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